Plus Juste que Pharisaïque.
12 FÉVRIER 2023.
6ème dimanche du
Temps Ordinaire — Année A.
Lectures : Si 15,15-20 ; Ps 118 (119), 1-2, 4-5, 17-18, 33-34 ; 1 Co 2, 6-10 ; Mt 5, 17-37.
« Ne pensez pas
que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir,
mais accomplir. » Mt 5,17
Un proverbe Allemand
dit : « Beaucoup de gens prêchent la justice et commettent des péchés. » Et un
proverbe Chinois ajoute : « S’il y a de la justice dans le cœur, il y aura de
la beauté dans le caractère. S’il y a de la beauté dans le caractère, il y aura
de l’harmonie dans la maison. S’il y a de l’harmonie dans le foyer, il y aura
de l’ordre dans la nation... »
Il y a une blague
qui dit que personne ne peut prétendre être plus Catholique que le Pape, ou
plus chrétien que le Christ. La justice (droiture) a une source et un sommet.
Dieu est la source de toute sainteté, et donc la source par excellence de la
justice. Notre vocation, nous l’avons dit dimanche dernier, est de devenir
saint comme le Christ notre Seigneur est saint. Et c’est un chemin que nous
parcourons quotidiennement.
Dans ce voyage,
cependant, il y a un grand risque d’opter pour de mauvais modèles. La droiture
n’est pas une question d’apparence extérieure, mais une vie intérieure en plein
accord avec la volonté de Dieu. C’est une vie d’obéissance et de fidélité. Elle
embrasse aussi bien le spirituel que l’humain. La justice va au-delà de la
simple morale ou moralité pour devenir un style de vie.
Nous sommes
aujourd’hui sur l’aspect humain de l’enseignement du Seigneur sur la perfection,
le sermon sur la montagne. Après avoir donné les Béatitudes comme feuille de route
ou Vademecum de la sainteté, le Seigneur, dans l’exhortation d’aujourd’hui,
souligne la dimension humaine de la sainteté. C’est un appel à en finir avec
l’hypocrisie et l’apparence. Ainsi, le Seigneur dit : « Je vous le dis en effet
: Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous
n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. »
Dans la société
juive, la sainteté, la fidélité et la justice sont incarnées par les scribes et
les pharisiens. Ce sont eux que les gens prennent comme exemple lorsqu’ils
parlent de perfection et de pureté. Ils étaient les maîtres de l’Ancienne Loi.
Comme les Dix Commandements étaient le chemin vers Dieu et la Sainteté pour les
Juifs, les scribes et les pharisiens qui étaient garants de ces lois étaient
considérés par les gens comme déjà parfaits. Pour dire, le gardien est le
maître de ce qu’il garde. Tout comme le Pape se présente comme le premier Catholique,
le gardien de la catholicité. Mais le fait était que, bien que censée être juste,
la justice des scribes et des pharisiens n’était qu’une perfection des
apparences, et donc, de l’hypocrisie. Le Seigneur met aujourd’hui en garde
contre cette hypocrisie. Nous sommes exhortés à être plus justes que
pharisaïques. C’est un appel à aller au-delà de la lettre de la Loi. Aller
au-delà ne signifie pas abolir, mais perfectionner, accomplir. « Ne pensez pas
que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir,
mais accomplir. »
Le Seigneur nous
donne ici une grande leçon de sagesse. La sagesse n’abolit pas. Les sages ne
font pas Tabula Rasa des choses qui étaient avant eux. Ils essaient plutôt de
les améliorer, de les amener à la plénitude.
Juste pour une
parenthèse et un peu d’humour. Un politicien sage ne détruit pas ce que les
autres ont fait avant lui. Il les rend meilleurs. Si vous arrivez à un endroit
ou dans une position et que vous vous comportez comme si les autres avant vous
n’avaient rien fait, vous pourriez bien être très intelligent et ingénieux,
mais il vous manque une qualité : la sagesse. Et parce que vous manquez de
sagesse, vous n’êtes pas intelligent. Car les gens intelligents sont sages. Ils
s’assoient sur l’ancienne natte pour confectionner une nouvelle. Le Seigneur ne
rejette pas la Loi Mosaïque, il l’interprète plutôt au-delà de la lettre et à
sa manière humaine et juste. Car, la Loi a été donnée pour que les êtres
humains soient parfaits. Avec la présence du Messie, nous sommes exhortés à
aller plus loin et à aller au-delà des enseignements de l’Ancien Testament que,
comme les scribes et les pharisiens, nous avons souvent mal peints.
Dans son
exhortation d’aujourd’hui sur la montagne, le Seigneur enseigne sur la colère,
l’adultère et les serments ou vœux. Dans tous ces cas, Jésus se réfère à la Loi
telle qu’elle a été enseignée dans l’Ancien Testament, mais l’élève ensuite à
un niveau entièrement nouveau. L’objectif principal dans tout cela est de
savoir comment atteindre la droiture tout en vivant nos réalités humaines :
notre tempérament ou notre vie émotionnelle, notre sexualité et nos relations,
nos paroles et nos promesses. Le Seigneur qui ne veut pas que nous perdions le
Royaume de Dieu nous donne le secret pour le posséder. Il s’agit de contrôler
nos émotions, nos désirs et nos paroles. Mais pour pouvoir le faire, nous avons
besoin d’un modèle parfait. Et les scribes et les pharisiens ne peuvent pas
être ce modèle. Comme nous l’avons dit dimanche dernier, le véritable et unique
modèle de perfection et de sainteté c’est Jésus. Vivre suivant les Béatitudes,
c’est vivre la vie de Jésus et l’imiter de toutes les manières.
Ce n’est qu’en faisant cela que nous serons appelés sages. Comme nous pouvons le lire dans les première et deuxième lectures, Dieu a prédestiné la sagesse à être pour notre gloire avant le début des âges. Dieu nous veut sages et saints. La sagesse en question n’est pas une simple philosophie, bien que la philosophie soit par définition l’amour de la sagesse (Philos - Sophia). La sagesse de Dieu n’est pas quelque chose que nous devrions seulement nous limiter à aimer. Elle est appelée à s’appliquer à nos vies et à devenir une partie de notre être. La sagesse consiste à faire des choix qui nous ouvrent à la vie. « La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix. » Et Dieu nous veut vivants, non pas morts...
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