Hosanna, Qu’il soit crucifié !
2 Avril 2023.
Dimanche des
Rameaux et de la Passion du Seigneur — Année A.
LECTURES : Mt 21, 1-11 ; Is 50, 4-7 ; Ps 21(22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a ; Ph 2, 6-11 ; Mt 26, 14 – 27, 66.Un proverbe Bantou dit : « La douleur est inévitable, mais la souffrance est facultative. » Et un proverbe Latin ajoute : « L'expérience acquise par la souffrance enseigne la sagesse. »
Il n'y a pas de
gloire sans souffrance, et pas de triomphe sans sacrifice. Mais la triste
réalité est que les mêmes personnes qui vous louent et vous applaudissent au
moment de la gloire, sont les mêmes qui vous lapideront à l'heure de votre
agonie. L'être humain en général, et les chrétiens en particulier, ont une
sorte de double personnalité. Ils peuvent louer avec leur bouche et insulter
avec la même bouche. Ils bénissent de leur main et vous lapident de la même
main.
Une histoire
raconte qu'un évêque est passé dans un couvent de sœurs lors d'une visite
pastorale. En arrivant, la Mère Supérieure était si fière de leur perroquet
qu'elle en fit l'éloge auprès de l'évêque en disant que c'était un perroquet
très pieux. "Lorsque vous lui tirez sa patte droite, il prie le Notre
Père. Lorsque vous tirez sur la gauche, il dit l'Ave Maria." L'évêque l'a faite
et a été étonné. Puis, il lui vint à l'esprit d'essayer quelque chose. Il a
tiré simultanément la patte droite et gauche du perroquet. L'animal a crié :
"Ooh merde ! Fils de pute ! Tu ne sais pas que je vais tomber !"
Surpris, fut l'évêque. Alors le pieux perroquet pouvait dire un gros mot !
C'est exactement
notre réalité dans la vie. Nous tenons caché en nous une personnalité païenne
et chrétienne. Nous nous montrons être de bons chrétiens, mais juste pour
dissimuler le païen. Parfois, cependant, la personnalité cachée fait surface.
Ces deux faits incohérents se retrouvent dans les deux récits évangéliques
d'aujourd'hui, l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et sa passion et sa
mort dans la même ville.
En l'espace d'une
semaine, le Seigneur fut acclamé et crucifié. Dans la première partie de notre
célébration, avec la bénédiction des rameaux et la procession solennelle, nous
avons entendu le récit de Matthieu sur l'entrée de Jésus dans la Ville Sainte.
Il fut accueilli et acclamé par le peuple : « Hosanna au fils de David ! Béni
soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! »
C'était l'heure de gloire de Jésus. On pourrait dire que la foule a vu en Lui
le Messie tant attendu. Le temps est alors venu pour la glorification du
Christ. Mais alors, dans moins d'une semaine, celui qui a été acclamé sera
lapidé, rejeté, et crié dessus : « Qu’il soit crucifié ! » Et tandis que Pilate
par lâcheté a voulu se laver les mains, la foule, incitée par les anciens va
revendiquer sa responsabilité : « Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos
enfants ! » C'est le fait contrasté et incohérent de nos vies.
Le message
principal de la liturgie d'aujourd'hui, outre l'incohérence de notre réalité
humaine, est que Jésus donne sa vie pour sauver les pécheurs. C'est ce que
révèle la Semaine Sainte, l'offrande du Fils de Dieu pour le salut des
pécheurs. Les quatre évangélistes, dans leurs récits tout à fait différents
mais singuliers de la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Seigneur,
transmettent ce message. Ils ne rapportent pas la passion et la mort du
Seigneur juste pour jouer sur nos émotions. Ils nous montrent plutôt la
profondeur de l'amour de Dieu, comment l'amour conduit au sacrifice ultime et
suprême de son Fils unique. Cela rejoint les paroles du Seigneur à ses
disciples dans ses derniers discours : « Nul n'a de plus grand amour que
celui-ci, donner sa vie pour ses amis. (Jn 15,13)
La première
lecture présente le sort du juste. L’on nous dit que les épreuves et les
tribulations ne sont jamais loin des chemins de ceux qui placent leur ferme
confiance dans le Seigneur. Mais dans leurs tribulations, Dieu ne les abandonne
jamais. Lorsque vous êtes fidèle à la mission que le Seigneur vous confie, même
si vous traversez des épreuves, vous ne devez jamais perdre espoir ni
abandonner. S'il peut sembler, comme le chante le Psalmiste, que le Seigneur
vous a abandonné, un plus grand espoir surgit pour vous dire que Dieu vous réserve
une gloire démesurée. Les épreuves du présent ne doivent jamais nous enlever
l'espoir d'un avenir meilleur. Il n'y a pas de Vendredi Saint qui ne débouche
pas sur un Dimanche de Pâques. Jésus lui-même en a fait l'expérience. C'est
l'histoire racontée par Matthieu dans l'Evangile. Jésus est l'image parfaite du
juste, le Serviteur de Dieu qui a accepté de tout son cœur toutes ses
tribulations et ses épreuves. Il l'a fait, non seulement pour nous sauver mais
aussi pour nous enseigner. Paul, dans la seconde lecture, nous dit que Jésus a
pu faire un si grand sacrifice à cause de sa vie vertueuse. Il est la
perfection de l'humilité. Car, « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne
retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant
la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son
aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la
croix… » C'est à cause d'une si grande humilité que Dieu l'a élevé loin devant
et au-delà de tout.
Notre cheminement de la Semaine Sainte, ce que nous avons commencé aujourd'hui, au terme de ces quarante jours de pénitence, est un cheminement d'imitation du Christ. Nous sommes appelés et exhortés, chaque jour de cette semaine, à incarner les vertus de Jésus, à commencer par cette grande humilité. L’on nous dit que nous ne pouvons pas vraiment atteindre la glorification si nous n'acceptons pas d'abord l'humiliation. Comme Jésus, nous devons accepter que les gens qui nous applaudissent aujourd’hui seront les mêmes à nous lapider à mort demain. C'est seulement de cette mort honteuse que nous serons ressuscités dans la nouveauté. Si les cris du peuple, les hosannas se transforment en des crucifiez-le, ne vous découragez pas. Au contraire, tenez ferme au Seigneur et avancez avec lui dans l'humilité, l'amour et la foi.
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