Fils et Serviteur.
20 Octobre 2024.
29ème
Dimanche du Temps Ordinaire – B.
Lectures : Is 53,10-11 ; Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22 ; He 4, 14-16 ; Mc 10, 35-45 ou 10,42-45.
« Car le Fils de
l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en
rançon pour la multitude. » Mc 10, 45
Un proverbe Irlandais
dit : « Un bon serviteur fait un bon maître. » Un proverbe Yéménite ajoute : «
Le maître du peuple est son serviteur. »
Bien que fils, le
Seigneur choisit d'être serviteur et de vivre et mourir en tant que serviteur.
Nous parlons de la grande kénose, de l'abaissement de Jésus, le Fils de Dieu
devenu Fils de l'Homme, et Serviteur de Dieu et des Hommes, qui a souffert et
est mort sur la Croix pour le salut des hommes. Deux expressions traverseront
toute notre méditation d'aujourd'hui, Fils et Serviteur. Les fils ont des
droits, les serviteurs ont des devoirs et des obligations.
Dans la Bible,
les termes "fils" et "serviteur" peuvent avoir des
significations différentes, selon le contexte. En termes d'héritage, un fils
est héritier des biens de son père, avant même de pouvoir contribuer à la
famille. Un serviteur n'est pas un héritier et n'héritera de rien. En termes de
relations, le fils a plus de privilèges. La relation du fils avec ses parents
détermine sa relation avec son environnement. La relation d'un serviteur avec
son environnement est basée sur les devoirs et le travail qui lui sont
assignés. L'horizon pourrait également être élargi pour discuter de la
fidélité, de l'obéissance et du but.
L'une des
révélations les plus importantes que nous pouvons avoir en tant que croyants
est que nous sommes fils de Dieu par la foi en Christ. Mais il est intéressant
de noter que, bien que fils de Dieu, nous sommes aussi en même temps serviteurs
de Dieu. Les deux ne s’annulent pas, mais se complètent. Nous sommes fils, mais
nous découvrons notre véritable filiation avec Dieu en étant ses serviteurs
obéissants et fidèles. Un fils qui refuse de servir devient un fils illégitime.
Servir Dieu signifie servir et aimer nos frères et sœurs, en particulier les
plus nécessiteux, les pauvres, les marginalisés et les exclus. Don Orione
parlait de « serviteurs du Christ et des pauvres ». Car être un véritable
disciple, c’est devenir serviteur de Jésus-Christ dans la personne des pauvres.
Qui es-tu donc ? Es-tu un fils ? Es-tu un serviteur ?
Les lectures de
ce 29e dimanche du temps ordinaire nous exhortent à incarner le Seigneur qui,
bien qu’il soit Fils, a choisi de se faire serviteur et a subi le sort d’un
serviteur fidèle et docile. Un mot pourrait servir de pont et de point de
connexion entre nos trois lectures : Serviteur. Isaïe parle du serviteur de
Dieu. La lettre aux Hébreux présente Jésus comme le Grand Prêtre, le Serviteur
des serviteurs. Dans l’Évangile, Jésus nous invite à découvrir la position
d’autorité comme un service. Le prophète Isaïe nous guide dans la destinée du Serviteur
Souffrant de Dieu. Dans ce chapitre extrêmement important de la prophétie
d’Isaïe, le prophète décrit en détail la crucifixion du Christ qui aura lieu
huit siècles plus tard.
Les tâches les
plus importantes de la vie ne sont pas celles qui brillent de mille feux, mais
celles qui nous identifient le plus à Jésus. La lettre aux Hébreux parle du
Christ comme du Summus Sacerdos, le Grand Prêtre. Les descriptions et les
qualités énumérées de lui dans cette lettre font de lui le plus grand modèle de
sacerdoce parfait que tous devraient imiter. Il est présenté comme capable de
sympathiser avec nos faiblesses ; celui qui est devenu l’un de nous en toutes
choses, sauf le péché ; celui qui choisit de vivre notre vie et de mourir pour
nous ; celui qui a aimé et servi jusqu’à la fin. En Jésus, le sacerdoce devient
vraiment un sacrifice de soi et l’autorité un service d’amour. Ces paroles
sonnent comme un avertissement pour nous, prêtres, et pour quiconque occupe une
position d’autorité dans la société et dans nos bureaux, nos communautés et nos
familles. Quelle que soit la petitesse de votre autorité, considérez-la comme
un service et accomplissez vos devoirs avec amour. Ne dominez pas les personnes
dont vous avez la charge. Aimez-les et servez-les.
Et nous arrivons
ainsi au chef-d’œuvre de la liturgie d’aujourd’hui, l’Évangile. Nous lisons que
deux frères, Jacques et Jean, s’adressent au Seigneur avec une demande qui leur
est chère et qu’ils veulent voir exaucer, coûte que coûte : « Donne-nous de
siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » En un mot,
ils recherchent l’autorité. Ils ont soif de position et de pouvoir. Le Seigneur
les ouvrira à une réalité, au vrai sens de l’autorité, qui est d’être
serviteurs et non seigneurs. Il donne d’abord sa propre expérience : « Le Fils
de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie
en rançon pour la multitude. » Puis, il
invite les douze à faire de même : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera
votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de
tous. » Vous qui détenez une position et une autorité, vous sentez-vous
interpellés par ces paroles du Seigneur ?
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