Sur le Danger du Fanatisme.

26 SEPTEMBRE 2021
Dimanche, 26ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B.

LECTURES : Nb11, 25-29 ; Ps 18 (19), 8, 10, 12-13, 14 ; Jc 5, 1-6 ; Mc 9,38-43.45.47-48.

Un proverbe Albanais dit : « Si un homme a raison, il ne doit pas être trop radical ; s'il se trompe, il ne doit pas être trop conservateur. » Et un proverbe Français ajoute : « Trop de zèle gâche tout. »

Dans la vie religieuse comme dans la vie sociale ou politique, certains pensent détenir toute la vérité. Ils pensent avoir un droit exclusif sur tout. Ceux-ci courent le danger du fanatisme.

J'ai essayé de chercher une définition tout à fait appropriée du fanatisme, et voici ce que j'ai trouvé : « Le fanatisme (de l'adverbe Latin fānāticē [fānāticus ; enthousiaste, extatique ; rageur, intolérant, furieux]) est une croyance ou un comportement impliquant un enthousiasme obsessionnel. Le philosophe George Santayana définit le fanatisme comme « redoubler d'efforts lorsque vous avez oublié votre but ». Chaque croyance religieuse a ses membres fanatiques, et certains d'entre eux tombent facilement dans le radicalisme conduisant à terroriser tous ceux qui ne partagent pas leur vision des choses. Tout comme on parle de fanatisme dans l'Islam, il y a aussi du fanatisme dans le Christianisme et même dans le Catholicisme.

La liturgie, aujourd'hui, nous dit où le fanatisme ou l'enthousiasme et le zèle extrême et incontrôlé peuvent conduire l'homme. Il apparaît clairement que l'extrémisme est engendré par la jalousie. Dans le livre des Nombres, nous lisons que Josué, fils de Noun, demande à Moïse d'empêcher Eldad et Médad de prophétiser parce qu'ils ne font pas partie de ceux qui ont été désignés pour recevoir l'Esprit que Dieu a pris de Moïse pour le donner aux anciens sélectionnés. La réponse de Moïse au zélé Josué, nous enseigne cette réalité du fanatisme : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! »

Le fanatisme, comme nous l'avons dit, trouve son origine dans la jalousie. Nous ne pouvons accepter que d'autres qui n'appartiennent pas à notre groupuscule puissent savourer les mêmes privilèges que nous. Nous aimerions les en empêcher. Et avec cet état d'esprit, nous ouvrons la porte à la violence sociale, politique ou religieuse. Ainsi, les fanatiques doublent leur jalousie de l'extrémisme et la violence.

Dans l'Évangile, nous sommes confrontés à une autre expression de zèle. Jean, l’intransigeant et tumultueux apôtre rapporte à Jésus qu'ils ont vu un homme accomplir des miracles et des prodiges au nom du Seigneur. Le problème est que cet homme n'était pas membre de leur cohorte, il n'appartient pas au groupe. Comment quelqu'un qui n'appartient pas au groupe peut-il avoir les mêmes prérogatives que ceux qui appartiennent aux amis les plus proches de Jésus ? Les modules du fanatisme sont toujours les mêmes. Tout comme c'était le cas avec Josué concernant l'esprit de Moïse, il en est de même avec Jean concernant la prédication et la guérison au nom de Jésus. "Ils ne sont pas avec nous, donc, ils ne peuvent pas faire comme nous." Mais Jésus évoque un beau principe moral et social qui peut mettre fin à toutes sortes de mentalités fanatiques. Il dit aux disciples : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »

Lorsque les gens sont pris au piège du fanatisme, ils perdent de vue la base, la vérité et l'amour, éléments fondamentaux d’une véritable vie de disciple. Cela demande un jugement clair et un grand sens du discernement pour ne pas faire la guerre aux autres simplement parce qu'ils n'appartiennent pas au même groupe auquel nous appartenons. Tout le monde ne peut pas être du même groupe. Ce n'est pas une question de liste de parti ou de cohorte. Nous ne sommes pas ennemis simplement parce que nous ne partageons pas la même appartenance. Nos différences peuvent être des richesses. Tout ce que nous devons faire, c'est éviter la jalousie qui conduit à comploter toutes sortes de maux contre ceux qui ne sont pas avec nous. Nous ne devons pas être un obstacle pour les autres. Et Jésus termine en donnant quelques conseils sur la vie sociale et sur le vivre ensemble. Il s'agit de vivre en harmonie avec les autres et de ne pas les priver de leurs droits.

Dans la deuxième lecture, l'apôtre Jacques donne plus de conseils et d'avertissements sévères. Il s'adresse directement aux riches et les met en garde : le Seigneur entend le cri de ceux que vous avez escroqués. Par conséquent, « pleurez, lamentez-vous sur les malheurs qui vous attendent... » Certaines personnes ont bâti leur confiance dans les biens matériels uniquement. Tout ce qui compte pour eux, c'est ce qu'ils possèdent. Et pour cela, ils peuvent même priver le pauvre du peu qu'il a et abuser de ses droits. Jacques les avertit : « Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille sera un témoignage contre vous, elle dévorera votre chair comme un feu. » Les richesses c'est bien, mais si la possession matérielle et l'accumulation sont tout ce qui compte pour vous et vous aveugle dans votre relation humaine, vous êtes pire que vous ne le pensez. Car le fanatisme (l'extrémisme) et le danger de la possession matérielle sont deux grands poisons à la vie humaine.

Terminons ensuite notre méditation par ces appels du Catéchisme. « Le scandale peut être provoqué par la loi ou par les institutions, par la mode ou par l’opinion. Ainsi se rendent coupables de scandale ceux qui instituent des lois ou des structures sociales menant à la dégradation des mœurs et à la corruption de la vie religieuse, ou à des "conditions sociales qui, volontairement ou non, rendent ardue et pratiquement impossible une conduite chrétienne conforme aux commandements" (Pie XII, discours 1er juin 1941). Il en va de même des chefs d’entreprises qui portent des règlements incitant à la fraude, des maîtres qui "exaspèrent" leurs enfants (cf. Ep 6, 4 ; Col 3, 21) ou de ceux qui, manipulant l’opinion publique, la détournent des valeurs morales. » CEC. 2286. Nous sommes instamment priés de ne pas être le canal d'aucune sorte de scandale, aussi bien religieux que social et moral. L'amour est ce qui doit prévaloir dans toutes nos relations, que ce soit avec les autres ou avec les biens matériels.

Comments

Popular posts from this blog

Fidélité à la Volonté de Dieu.

Jésus Seul, Modèle de Bon Pasteur et Porteur d'Espérance.

Le Mariage, Une Noble Vocation.