Sagesse Et Folie.
8 NOVEMBRE 2020
32ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A.
LECTUREs: Sg 6, 12-16; Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 7-8; 1 Th 4, 13-18; Mt 25, 1-13.
Un proverbe Français
dit : « L'espoir est le rêve d'une âme éveillée. » Un proverbe Sicilien
ajoute : « Qui reste vigilant, gagnera. »
« Seigneur, mon
Dieu et mon salut, que ma prière parvienne jusqu'à toi ; entends-moi qui
t'implore. » (Cf. Ps 87, 3). Voici l'antienne d'entrée qui nous plonge dans la
célébration eucharistique de ce 32e dimanche du temps ordinaire A. La prière
est un temps de rencontre et de communication intime avec celui que nous
attendons. Dans la prière, l'orant déverse son cœur et son âme devant Dieu. Il
se tourne vers lui pour obtenir de l'aide, sachant que loin de lui, la vie
humaine est une perte.
A propos de la
prière, le Catéchisme de l'Église Catholique cite sainte Thérèse de Lisieux,
disant : « Pour moi, la prière c’est un élan du cœur, c’est un simple regard
jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de
l’épreuve comme au sein de la joie » (CEC.2558). Entrant dans le vocabulaire Thérésien,
la prière est une rencontre nuptiale entre l'être aimé et celui qui aime. C'est
une relation de cœur à cœur exprimée dans l'attente patiente et l'amour.
La liturgie
d’aujourd’hui nous ouvre à cette attente et à cette prière. En première
lecture, l'auteur du livre de la Sagesse nous dit que « La Sagesse se laisse
trouver par ceux qui la cherchent ». La plus grande expression de la sagesse ou
de la sagesse personnifiée étant Dieu lui-même, nous pouvons conclure que Dieu
n'est trouvé que par ceux qui le recherchent et ont soif de lui. Prier, c'est
chercher le Seigneur jusqu'à ce que nous le trouvions, crier vers lui et
implorer son aide. Comme le dit le sage, quiconque, rempli d'amour, cherche et
appelle Dieu à l'aide ne sera pas déçu. Le Seigneur, comme chante le psalmiste,
entend ceux dont l'âme a soif de lui. Ce dont nous avons besoin dans notre soif
de l’aide de Dieu, c’est de rester vigilant, tout comme une épouse veille dans
l’attente de la venue de l’époux. Celui qui n'est pas vigilant et patient dans
la prière n'obtient jamais ce pour quoi il prie.
À travers la
parabole des dix vierges, le Seigneur Jésus, dans l’Evangile, met l’accent sur
cette dimension de l’attente dans la prière : être toujours prêt et éveillé. Le
Seigneur termine la parabole par ces mots : « Veillez donc, car vous ne savez
ni le jour ni l’heure. » Lorsque nous prions, nous sommes comme ces dix jeunes
filles qui sont allées à la rencontre de leur bien-aimé. Ces jeunes filles y
sont allées avec la bonne volonté et en quelque sorte préparées pour la
rencontre. Cependant, il y avait un manque dans la préparation de cinq d'entre
elles. Le Seigneur parle de cinq sages et cinq insensées. La sagesse et la
folie sont deux attitudes principales qui décrivent la vie de nombreux
chrétiens. Certains sont des chrétiens pour un certain temps dans la vie tandis
que d'autres essaient d'être chrétiens pour toute leur vie. Beaucoup sont des
chrétiens circonstanciels ou saisonniers qui ne prient qu'occasionnellement. Lorsque
la saison ou les circonstances qui ont fait d'eux des chrétiens sont passées,
leur foi et leur vie spirituelle s'estompent également et dans une certaine
mesure disparaissent. Ces gens sont des chrétiens qui ne vivent que pour un ‘aujourd'hui’
statique, oubliant qu’il y aura un ‘demain’.
D'un autre côté,
il y a ceux qui se dénient tout lien avec le présent et remettent tout à un
futur utopique et hypothétique. J’ai entendu quelqu'un parler de ‘chrétiens procrastinés’,
c’est-à-dire de chrétiens qui reportent tout ce qu’ils pourraient ou devraient
faire aujourd’hui dans un ‘demain’. Ces personnes vivent dans la
procrastination concernant la conversion. ‘Je serai un bon adepte de l'église
demain… Je dois profiter pleinement de la vie aujourd'hui. Quand je vieillirai,
j'aurai assez de temps pour me préparer pour le ciel…’ Avec cette philosophie
de la procrastination, le ciel passe à côté d'eux sans qu'ils y soient
préparés.
L'attitude de
procrastination est bien incarnée par les cinq vierges insensées et cela a
abouti à leur manque de préparation à rencontrer l’époux. Certaines personnes
oublient malheureusement que demain ne se présentera jamais comme elles
l'attendent. En ce sens, le meilleur moyen et le meilleur moment pour se
préparer à la venue du Seigneur est un "aujourd'hui continu", un
aujourd'hui qui ne finit jamais. Telle fut l’attitude des cinq sages,
l’attitude de préparation.
La vie
spirituelle ou la prière est un chemin express vers la sagesse, un moyen d'être
toujours prêt. En tant que chrétiens, il est impératif que nous soyons toujours
prêts pour la venue du Seigneur. Nous devons donc garder vivante la lampe de
notre foi avec de l'huile de bonnes œuvres en réserve. Cette parabole met
expressément en jeu les trois vertus théologales que sont la foi, l'espérance
et l'amour, l'identité remarquable d'un véritable chrétien. Car, la foi est la
lampe qui illumine notre vie. L'espérance est notre attitude d'attente,
l'éveil. Et l'amour ou la charité, l'huile que nous gardons en réserve lorsque
la foi et l'espérance diminuent.
Nombreux sont les
chrétiens qui, de première approche, ont la foi, une lampe allumée avec éclat.
Mais malheureusement, face aux événements de la vie, leur foi s'assoupit et ils
perdent espoir et tombent dans le découragement. Bon nombre manquent facilement
d'espérance en un avenir meilleur, par conséquent, ils perdent la foi et
abandonnent la vie chrétienne. Nous avons tant de chrétiens nominaux ou numérique
dont la foi est à fleur de peau, superficielle, sans cohérence. De même que la
foi se nourrit d'espérance pour continuer à brûler, de même l'espérance se nourrit
d'amour. Un disciple du Christ sans amour est comme quelqu'un qui tient une
lampe avec une huile insuffisante et incertain de l'avenir. L’amour du chrétien
est vu et exprimé à travers la charité, des actions tangibles envers les
nécessiteux.
L'apôtre Paul, en
deuxième lecture, parle de la récompense de l’authentique chrétienté : la vie
éternelle. « Ceux qui sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui. »
Le salut du Christ, d'après les paroles Pauliniennes, est aussi bien pour les
vivants que pour les morts. Ce qu'il nous faut, c'est une espérance ferme, et
ne pas vivre comme des gens sans espoir.
Malheureusement, de
nombreuses personnes vivent aujourd'hui dans un désespoir chronique. Lisant les
événements sociaux, politiques, sanitaires, économiques, voire naturels ou
environnementaux, elles interrogent Dieu et remettent en question leur foi en
lui. L'appel pour nous aujourd'hui est celui de la fermeté de la foi, de
l'espérance et de l'amour. Peu importe les événements, n'abandonnez jamais, ne
perdez jamais espoir. Gardez votre lampe vivante et allumée, brûlant de manière
éclatante. N'arrêtez jamais de pleurer à l'aide de Dieu. Il finira par incliner
ses oreilles à vos prières et vous répondre en son heure. Car, demain viendra
toujours pour celui qui sait l'attendre patiemment dans son aujourd'hui.
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