Restauration et Réintégration : Temps de Réinventer l'Amour.
14 FÉVRIER 2021
Dimanche, 6ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B.
LECTUREs: Lv 13, 1-2.45-46; Ps 31 (32), 1-2, 5ab, 5c.11; 1 Co 10, 31 – 11, 1; Mc 1, 40-45.
Un proverbe Ashanti
dit : « Si un arbre est maudit, même son ombre devient impure. » Et un proverbe
Italien ajoute : « L'eau sale ne purifie pas. »
Les êtres humains
sont des êtres communautaires. Coupé de la communauté et de la relation aux
autres, nous mourons. Il existe malheureusement de nombreuses situations
tristes qui dissocient l'homme des autres et le mettent de côté pour vivre
seul. La maladie et les péchés font partie de ces situations qui nous empêchent
le plus d'être communautaire et nous ferment dans l'esclavage du moi. Le
Seigneur Jésus est venu proclamer la libération à tous ceux qui étaient
asservis par toute sorte de chaîne, les pauvres et les abandonnés ou les parias
de nos sociétés.
Dans le monde et
la culture juifs, la lèpre était l'une des raisons pour lesquelles on vivait
comme un paria. Les lépreux étaient bannis des villes et villages et forcés de
vivre à l'extérieur, dans des cimetières ou des grottes. Avec Jésus, une
nouvelle ère s'ouvre. Les lépreux et les parias sont restaurés et réintroduits
ou réintégrés dans la société.
La première
lecture d’aujourd’hui présente le contexte juridique de cette exclusion. Dans
le livre du Lévitique, le Seigneur recommande à Moïse et à Aaron ce qu'il faut
faire pour celui qui est atteint de la lèpre. Du fait qu'il est souillé par sa
maladie, il n'est plus autorisé à vivre avec les autres. Par conséquent, « Le
lépreux habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp. » Et non
seulement ainsi, mais il devrait également avertir les autres de ne pas
s'approcher de l'endroit où il est en criant « impur ! impur ! »
D'une manière ou
d'une autre, nous sommes tous impurs. Nous sommes sujets à la lèpre du péché.
En ce sens, nous devrions être appelés à vivre loin des autres et à être
chassés de nos communautés. Le péché est la pire maladie dans laquelle l'homme sombre.
Il rompt nos liens avec les autres et nous enferme dans l'isolement. Cela nous
éloigne socialement des autres. Une fois que nous péchons, tous ceux qui nous
rencontrent sont salis par nos péchés. Par conséquent, nous devons vivre en parias,
socialement distants.
Mais le Seigneur
est venu pour nous sauver de l'esclavage du péché et nous libérer. Avec la
venue de Jésus, nous sommes restaurés et réintroduits dans la vie sociale. La
guérison du lépreux et le mandat donné par Jésus d'aller se montrer au prêtre
évoquent cette libération et cette réinsertion dans la société. Dieu, en Jésus,
a compassion de l'humanité qui souffre. Il ne nous a pas créés pour être isolés
ou pour vivre en distanciation sociale. Bien que le péché brise notre communion
avec les autres, Dieu nous libère du péché et de ses conséquences et nous
ramène à une vie en harmonie les uns avec les autres.
Libérés par le
Christ, nous sommes investis d'une mission. Saint Paul, en seconde lecture,
présente cette mission : être des imitateurs du Christ. La vie chrétienne est
une vie d'imitation. Dans tout ce que nous faisons, nous devons établir un
modèle et tout faire dans un but précis. Ainsi, l'Apôtre des Gentils exhorte, « tout
ce que vous faites : manger, boire, ou toute autre action, faites-le pour la
gloire de Dieu. Ne soyez un obstacle pour personne… » Jésus notre Seigneur
a vécu avec obéissance à la volonté de Dieu et a tout fait pour sa gloire. En
tant que ses disciples, nous devrions avoir hâte de l'imiter, c'est-à-dire de
vivre pour Dieu, de n'offenser personne mais plutôt de garder de bonnes relations
les uns avec les autres.
Nous vivons à une
époque où, non seulement l'individualisme et l'égoïsme ont asservi l'homme,
mais les écarts se sont creusés avec la pandémie actuelle. Les gens sont
exhortés à vivre dans l'isolement, avec une distanciation sociale, une
auto-quarantaine, un masque facial, des visières, aucun contact physique, caché
derrière des écrans. L’on dit que la plus grande expression d'amour aujourd'hui
est de se tenir à distance les uns des autres pour éviter la contamination. Nous
sommes comme des lépreux vivant loin des autres. Nous nous considérons comme « impurs
» et potentiellement porteurs de virus. Nous ne donnons plus de signes de paix
à la messe, pas de câlins, pas de salutations de la main… Et malheureusement,
nous comptons plus sur les vaccins que sur Dieu et notre foi en lui. C'est
ainsi que le monde évolue aujourd'hui.
Néanmoins, dans cette situation, en tant que chrétiens, nous sommes exhortés à garder le Christ comme modèle. Bien que nous puissions garder une distance physique et sociale avec les autres, que notre amour les uns pour les autres ne se gauchit jamais et ne disparaisse jamais. Bien qu'il nous soit interdit de visiter les autres, ne les excluons ni ne les bannissons pas. Nous devons réinventer les valeurs chrétiennes et le message de l'Évangile du Christ au milieu de cette pandémie. Socialement distant, mais pas égoïste, ni cœur refroidis. Ressentons une profonde considération et compassion pour les nécessiteux, tout comme Jésus a eu compassion du lépreux et l'a guéri. L'amour véritable comme nous le savons, ne connaît ni distance, ni isolement, ni quarantaine (confinement), ni masque. Car, il n'est pas hypocrite. L'amour est ouverture, souci mutuel et sacrifice pour les autres. C'est ce que Jésus a fait pour nous, c'est ce que nous devons faire tout en voulant l'imiter. Réinventons l’amour au milieu de cette pandémie car Dieu ne garde aucune distance sociale avec celui qui aime vraiment.
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