L'Évangile et l'Argent ou l'Évangile Pour de l'Argent.
11 JUILLET 2021
Dimanche, 15ème
Semaine du Temps Ordinaire — Année B.
LECTURES : Am 7, 12-15 ; Ps 84 (85), 9ab.10,11-12, 13-14 ; Ep 1,3-14; Mc 6,7-13.
Un proverbe Sicilien
dit : « Le prieur a dit à l'abbesse : sans argent, aucune messe ne sera
chantée. » Et un proverbe Kurde ajoute : « Quand l'argent commence à
scintiller et à tinter, même un mollah quittera la mosquée. »
L'annonce de
l'Évangile est-elle opposée à la possession matérielle, en particulier à
l'argent ? Posée de cette façon, cette question pourrait sembler simpliste et
même provocante. Mais c'est le but de l'Évangile du Christ de provoquer et
d'appeler à l'action. La question principale ici est la relation entre
l'annonce de l'Évangile et l'argent.
A voir la façon
dont beaucoup d'hommes et de femmes de Dieu vivent aujourd'hui, la tentation
est grande de dire qu'ils sont devenus évangélistes, pasteurs, prédicateurs,
prophètes, prêtres ou évêques uniquement pour de l'argent. Car, a dit
quelqu'un, cela paie bien semble-t-il, ce travail d’homme de Dieu. Mais la
vraie question : "Sommes-nous devenus prophètes et prédicateurs pour
l’argent ou pour le salut humain ?"
J’ai lu par
hasard une analyse sur la fameuse « théologie de la prospérité ». L'article
était intitulé « L'évangile de la prospérité : une épidémie mondiale ».
L'auteur a commencé par cette observation perspicace : « La prospérité est un
sujet brûlant dans l'église. Dieu se soucie-t-il si un pasteur conduit une
belle voiture ou vit dans une belle maison ? Dieu ordonne-t-il à tous ceux qui
le suivent de faire vœu de pauvreté et d'affamer leur famille en signe de
réconfort terrestre ? » Pour terminer son discours d'ouverture, il dit : « l'Évangile
de la prospérité est placé au premier plan comme l'un des enseignements les
plus meurtriers au monde aujourd'hui. Il s'est attaché à la Bible et à
Jésus-Christ - bien qu'il n'ait rien à faire de cela. D'innombrables personnes
dans les pays du tiers monde le poursuivent à la recherche de stabilité et
d'espoir. Pourtant, tous ceux qui vivent et meurent en faisant confiance à
l'Évangile de la prospérité pour le salut seront laissés dans leur soif à la
fois dans cette vie et dans la suivante. » Et il dit, l'évangile de la
prospérité n'est pas une "bonne nouvelle", pour le simple fait qu'il
transforme la Bonne Nouvelle du Christ en une entreprise génératrice de revenus
dont les vrais bénéficiaires ne sont pas ceux à qui il est prêché mais plutôt
ceux qui le prêchent. Les pasteurs et les prédicateurs deviennent riches et
plus riches tandis que leur troupeau innocent et docile est spolié du peu et
réduit à la plus triste pauvreté morale, intellectuelle, financière et
spirituelle.
La première
lecture d’aujourd’hui nous aidera à réfléchir à cette question. Amos fait face
à l'opposition du peuple et des dirigeants. Ses oracles les inquiètent. Il
prêche contre le Temple, les pratiques des prêtres et du roi. Dans l'extrait
d'aujourd'hui, le prêtre Amazias, un prêtre savourant les faveurs du roi,
affronte Amos et le presse de fuir Béthel. « Va-t’en d’ici, fuis au pays de
Juda… » avec pour argument principal que, là-bas, il pourrait non seulement
avoir la vie sauve mais aussi, et principalement gagner son pain en
prophétisant.
Alors, notre
question principale trouve son fondement, pourquoi prophétisons-nous ? Est-ce
pour gagner notre pain ou plutôt pour gagner des gens à Dieu ? La réponse
d'Amos vient tout de suite : « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ;
j’étais bouvier, et je soignais les sycomores. Mais le Seigneur m’a saisi quand
j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète
pour mon peuple Israël.’ » Nous sommes choisis et envoyés par Dieu pour parler
à son peuple en son nom et non pour gagner de l'argent pour nous-mêmes. Celui
qui trouve l'origine de sa prophétie en Dieu ne craint pas les autorités
humaines qui tentent de le faire taire. Seuls les "prophètes du ventre"
craignent d’opposer la vérité de Dieu aux escobarderies de ce monde. Leur
prédication est tout au sujet de la mondanité et de la prospérité et c'est ce
qui soutient leur vie.
Dans l'Évangile,
le Seigneur Jésus, envoyant les douze pour leur première mission apostolique,
donne une instruction ferme : « ne rien prendre pour la route, mais seulement
un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur
ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » »
C'est en fait un appel à une consistante confiance dans le soin providentiel de
Dieu. Dans un passage synoptique, nous pourrions lire : « Restez dans cette
maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son
salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez
et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté… » (Lc 10, 7-8).
Le prédicateur de
l'Évangile n'a pas à se soucier de ce qu'il prendra pour sa subsistance. Dieu pourvoira
toujours. Certes, comme le dit le Seigneur, l'ouvrier mérite son salaire, mais
l'ouvrier ne doit pas faire de son salaire la raison de son travail. Le
prophète ou le prédicateur est choisi et envoyé pour annoncer la Bonne Nouvelle
de Dieu à son peuple et non pour travailler pour ses propres intérêts
personnels et égoïstes.
Saint Paul, en
deuxième lecture, dit aux Éphésiens que Dieu « nous a bénis et comblés des
bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le
Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés
devant lui, dans l’amour. » Nous sommes bénis, choisis et envoyés. Nous sommes gratifiés
afin de donner et non pas pour recevoir. La priorité devrait donc être pour
nous de donner le Christ et sa parole de salut. Et puis, si en donnant nous
recevons ses soins providentiels, soyons heureux et passons à autre chose.
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