Le Prophète.
14 AOÛT 2022.
Dimanche, 20ème Semaine
du Temps Ordinaire — Année C.
« Je suis venu
apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »
Luc 12,49
Un proverbe Gaélique
Ecossais dit : « La bonne parole d'un âne vaut mieux que la mauvaise parole
d'un prophète. » Et un proverbe Yiddish ajoute : « Le complètement fou est
à moitié prophète. »
Le prophète n'est
pas un homme de compromis ou quelqu'un qui met en péril ses convictions pour
des intérêts, mais un homme de contradiction. Ses paroles, ses actions et même
sa présence s'opposent à la voie des autres. C'est quelqu'un dont les mots
brûlent comme le feu et dont les actions coupent comme une épée. Et pour cela,
il est haï, persécuté, rejeté et recherché pour sa mort.
Par notre
baptême, nous sommes appelés à être prophètes. Alors, investi de la mission
d'être le sel et la lumière du monde. Le sel se compromet-il ou s'adapte-t-il
au goût des aliments ? N'est-ce pas elle qui donne plutôt saveur et goût
lorsqu'un repas semble insipide ? La lumière s'adapte-t-elle à l'obscurité ?
N'éclaire-t-elle pas plutôt tout ce qui est obscur et caché ? Ainsi, notre
mission dans le monde. Être des anticonformistes. Et pour l'accomplissement de
cette mission, nous avons besoin de courage au milieu des adversités.
Le Catéchisme dit
: « La force est la vertu morale qui assure dans les difficultés la fermeté et
la constance dans la poursuite du bien. Elle affermit la résolution de résister
aux tentations et de surmonter les obstacles dans la vie morale. La vertu de
force rend capable de vaincre la peur, même de la mort, d’affronter l’épreuve
et les persécutions. Elle dispose à aller jusqu’au renoncement et au sacrifice
de sa vie pour défendre une juste cause. "Ma force et mon chant, c’est le
Seigneur" (Ps 118, 14). "Dans le monde, vous aurez de l’affliction,
mais courage, moi j’ai vaincu le monde" (Jn 16, 33). » CEC 1808.
Un beau message
des lectures d'aujourd'hui concerne le prophète en tant qu'homme de
contradiction et de division, un homme qui se bat pour une cause juste et est
prêt à souffrir et à mourir pour la cause. Jérémie dans la première lecture et
Jésus dans l'Evangile sont les vrais prototypes.
Dans la première
lecture, le prophète Jérémie est présenté comme un homme de antagonisme et de
discorde contre tout le pays. Ses ennemis conspirèrent donc contre lui et le
firent jeter dans une citerne boueuse afin d'en finir avec ses visions
prophétiques qui les mettaient mal à l'aise. Mais le Seigneur n'a pas abandonné
son messager. Ainsi, Ébed-Mélek, l'un des officiers de la cour intercédera
devant le roi pour sa vie. Le Seigneur, à travers lui, est venu sauver son
Prophète.
Dans l'Evangile,
Jésus se présente comme un homme de contradiction, celui qui apportera le feu
et la division. Cela semble assez difficile d'entendre le Seigneur dire : « Pensez-vous
que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien
plutôt la division. » Il a commencé par une autre affirmation forte : « Je
suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà
allumé ! »
Ses paroles de
prédication, ses actions et ses miracles, et même sa vie mettront le feu au
monde. Cela consumera tout le mal autour et ne laissera aucune place aux
malfaiteurs de tenir debout.
En choisissant de
suivre les traces du Seigneur, nous devons aussi être comme lui, des gens dont
la présence consume tout mal autour de nous. Nous sommes invités à vaincre le
mal par le bien. Mais les malfaiteurs ne resteront pas figés et sans action lorsque
nous nous opposerons à eux. Par conséquent, ce seront des guerres, des
batailles et des divisions entre le bien et le mal. Et le Seigneur dit que cela
commencera même à la maison, dans le ménage : « un père sera divisé contre son
fils et un fils contre son père, une mère contre sa fille et une fille contre
sa mère, une belle-mère contre sa belle-fille et une belle-fille contre sa
belle-mère. »
La vie est un
combat vers la sainteté. Dans cette course, comme dit le Catéchisme, il faut du
courage, de la persévérance et de la vaillance. Car nous serons amenés parfois
à nous opposer à des personnes qui non seulement nous sont proches mais aussi
qui nous sont chères : Père, mère, fils, fille...
Comme le dit l'auteur de la Lettre aux Hébreux, nous devons persévérer dans la course qui nous attend. Puisse cela demeurer vivant dans nos esprits et nos cœurs. Nous sommes des prophètes et non des conformistes. Notre mission est d'annoncer, de dénoncer et de renoncer. Cela signifie être prêt à souffrir et à mourir pour la justice et pour la vérité. On ne peut pas être chrétiens, donc prophète, et se conformer à la façon du monde. Note vie se doit d’être un témoignage de personnes convaincus de leur foi. Nous vivons dans un monde où règne la corruption, la débauche, et toutes les formes de dépravations. Quelle est notre mission prophétique ? Que faisons-nous pour que les choses changent ?
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