Religiosité : Vivre Selon le Modèle et Non Par Les Paroles.
5 NOVEMBRE 2023.
31ème dimanche du
Temps Ordinaire — Année A.
« … Tout ce
qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après
leurs actes, car ils disent et ne font pas. » Mt 23,3
Un proverbe Turc
dit : « À mesure que le corbeau essayait d’imiter la perdrix, il oubliait sa
propre façon de marcher. » Un proverbe Nigérian ajoute : « Si l’on imite le
juste, on devient juste ; si l’on imite le tordu, on devient tordu. »
Il y a toujours
eu une grande tension entre deux catégories de religiosité et de chefs
religieux. D’un côté, nous avons ces gens étiquetés comme traditionalistes ou
conservateurs (ceux qui sont opposés au changement et qui défendent des valeurs
traditionnelles), et de l’autre côté, nous avons les progressistes ou
modernistes (ceux qui estiment qu’il est possible d’améliorer les sociétés
humaines par des réformes). Le premier groupe se concentre sur l’orthodoxie des
pratiques et de la praxis, tandis que l’autre parle d’adaptation et d’ouverture
aux nouvelles réalités.
Quelqu'un a
essayé de définir le traditionalisme et le progressisme dans cette imagerie : «
Les écoles traditionnelles se concentrent sur l'enseignant et ce qu'ils
enseignent tandis que les écoles progressistes se concentrent sur les élèves et
la manière dont ils peuvent apprendre. »
Il y a
actuellement une révolution silencieuse dans l’Église entre les conservateurs
traditionnels et les progressistes. Ces jours-ci, nous lisons et entendons dans
les médias les réactions de certaines personnes, parmi lesquelles des évêques,
des cardinaux, des prêtres et des laïcs, sur la manière dont le Pape François
dirige l'Église et sur les réformes qu'il a introduites. Les commentaires et
les critiques se sont intensifiés avec le récent Synode sur la Synodalité,
mettant à nouveau en lumière les fameux « Cinq Dubia ». Les questions
concernant l'interprétation de la Révélation Divine, la bénédiction des unions
homosexuelles, la Synodalité comme dimension constitutive de l'Église,
l'ordination sacerdotale des femmes et la repentance comme condition nécessaire
à l'absolution sacramentelle.
De nombreuses
autres questions pourraient surgir. Mais la réponse unique se trouve dans la
liturgie d'aujourd'hui, en particulier dans l'Évangile, où Jésus parle des
scribes et des pharisiens.
En tant que
chrétiens, la Parole de Dieu d’aujourd’hui devrait nous inciter à réfléchir, en
particulier ceux qui détiennent l’autorité dans nos communautés et nos Églises.
Nous devrions nous demander si, par hasard, nous ressemblons aux prêtres
décrits dans la première lecture, aux gens qui n'écoutent pas vraiment Dieu,
aux gens qui se sont détournés du bon chemin et, par conséquent, ont fait
trébucher beaucoup de personnes dans leur foi à cause de leurs instructions et
leurs enseignements. Le prophète Malachie dit qu’ils ont corrompu la parole de
Dieu et l’ont transformée à leur convenance. Et le pire, c’est qu’ils savent ce
qui est juste. Ils enseignent même ce qui est la bonne et saine doctrine, mais
leur vie est en parfaite et complète opposition ou déconnexion avec leurs
enseignements.
D’où les paroles
dures de Jésus lui-même contre les scribes et les pharisiens dans l’Évangile.
Et cela nous appelle une fois de plus à nous examiner. Car ces paroles
pourraient bien s’adresser à vous et à moi. Notre vie est-elle en accord avec
notre enseignement ? Nous connaissons le célèbre dicton : « Faites ce que je
dis, mais ne faites pas ce que je fais ». Mais la vérité est que cet
avertissement est une reconnaissance du fait que celui qui parle est un
hypocrite. Il reconnaît que ses actions sont en opposition directe avec ses
paroles et qu'il ne respecte pas les normes qu'il exige des autres. Et c'est ce
que le Seigneur reproche aux scribes et aux pharisiens. Ce sont des enseignants
de la Loi. Ils connaissent bien et mieux que quiconque la Loi de Moïse mais ils
vivent en opposition avec elle. Ce qu’ils interdisent aux autres, c’est ce
qu’ils font eux-mêmes. Ainsi, Jésus dit : « … Tout ce qu’ils peuvent vous dire,
faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils
disent et ne font pas. » Il souligne explicitement leur hypocrisie. « Toutes
leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens. »
En tant que
chrétiens, nous ne devrions pas vivre dans l’hypocrisie du monde. Nous devrions
plutôt viser l’humilité, tout comme Jésus l’a fait. Il n'était pas ostentatoire
mais humble et fidèle à ses paroles et à ses actes.
Saint Paul
constitue également pour nous un autre modèle. Lui et ses compagnons ont donné
de grands exemples de vie chrétienne et de discipline aux Thessaloniciens. Non
seulement ils leur ont donné la Parole de Dieu telle qu’elle est réellement,
mais ils ont aussi tout fait pour appliquer ces paroles à eux-mêmes,
s’efforçant de ne pas être un fardeau pour les croyants.
En écoutant les
paroles de Paul, je remets en question nos Églises, nos communautés et nos
paroisses aujourd'hui. Pouvons-nous, dirigeants de l’Église et prêtres,
affirmer comme Paul que nous ne sommes un fardeau pour aucun des croyants ?
Sommes-nous doux avec nos paroissiens « comme une mère qui entoure de soins ses
nourrissons » ? Leur montrons-nous suffisamment d’affection, de sympathie, de
proximité et d’amour ?
La parole de Dieu devrait nous interpeller en premier lieu, pasteurs et dirigeants. Nous devons vivre par l’exemple. Nos façons de faire ne devraient pas dire aux gens : « Faites ce que je dis, mais n'imitez pas ce que je fais. » Toute incohérence ou dualisme affectera la Parole de Dieu que nous prêchons. N'oublions pas que les gens d'aujourd'hui ont plus besoin de modèles que d'enseignants, et s'ils écoutent les enseignants, c'est parce qu'ils voient en eux des modèles à imiter. Terminons par cet avertissement que nous entendons de Malachie : « Si vous n’écoutez pas, si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon nom – dit le Seigneur de l’univers –, j’enverrai sur vous la malédiction, je maudirai les bénédictions que vous prononcerez. »
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