Le Plus Grand Commandement.
3 Novembre 2024.
31ème Dimanche du
Temps Ordinaire – B.
Lectures : Dt 6, 2-6 ; Ps 17 (18), 2-3, 4, 47.51ab ; He 7,23-28 ; Mc 12, 28b-34.
« Il n’y a pas de
commandement plus grand que ceux-là. » Marc 12, 31
Un proverbe Anglais
dit : « Celui qui plante des arbres aime les autres en plus de lui-même. » Un
proverbe Sicilien ajoute : « Qui aime Dieu de tout son cœur, vit heureux et meurt
heureux. »
Selon le Nouveau
Testament, le plus grand commandement est en deux parties : premièrement, aime
le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
Deuxièmement, aime ton prochain comme toi-même.
Laissons d'abord de
côté les lectures d'aujourd'hui et passons à une belle œuvre d'art
intellectuel, l'hymne Paulinien à l'amour. L'apôtre des Gentils y chante dans 1
Co 13, 1-13 14 : « J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des
anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un
cuivre qui résonne, une cymbale retentissante... » Et l'Apôtre termine sa
litanie poétique de l'amour par cette proclamation solennelle : « Ce qui
demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus
grande des trois, c’est la charité. » Il affirme avec une profonde
assurance la suprématie de l'amour, même au-dessus de la foi et de l'espérance.
De cette proclamation naît le thème de notre méditation : l'amour, le plus
grand commandement. Et assurément, l'amour est plus grand que tout.
La Création est
une œuvre d'amour. La Rédemption est une œuvre d'amour. Le jugement final se
fera sur la base de l'amour. L'amour traverse donc tout le mystérieux dessein
de Dieu.
Le salut lui-même
est le résultat de l'amour de Dieu, qui arrache l'homme au péché et le met en
harmonie avec Dieu. La croix est un symbole de l'amour de Dieu, et le sacrifice
de Jésus est l'acte suprême d'amour. Nous pourrions lire dans Jn 3, 16 : « Car
Dieu a tellement aimé le monde : il a donné son Fils unique, afin que quiconque
croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. » En réponse à cet
amour, l'homme ne peut faire autrement que d'aimer Dieu et d'en faire la
primauté.
Moïse, dans le
livre du Deutéronome, rappelle au peuple d'Israël la centralité, l’unicité et
la primauté de Dieu. « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta
force. Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. » Pour
les Israélites, le « Shema Israël » est plus qu’un commandement. Il est le cœur
de leur être. Toute leur humanité, leur cœur, leur âme et leurs forces sont
orientées vers cela. Ils vivent pour aimer Dieu, c’est-à-dire pour lui obéir.
Ne pas le faire fait d’eux une génération pécheresse. L’amour est central parce
que l’amour conduit à l’obéissance.
A la question
d’un scribe dans l’Evangile : « Quel est le premier de tous les commandements ?
» Jésus, en bon Israélite, ne peut pas répondre autrement que de chanter le «
Shema Israël ». Mais le Seigneur va plus loin. Il nous enseigne que l’amour
véritable ne doit pas se limiter seulement à Dieu. Il ne suffit pas que notre être
humain soit entièrement immergé en Dieu, il faut aussi apprendre à être brûlant
d’amour pour les autres. Le Seigneur ajoute alors : « La seconde est celle-ci :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Comment quelqu’un
pourrait-il aimer Dieu en vérité s’il n’éprouve rien pour son prochain ? Saint
Jean disait dans sa lettre pastorale : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu »,
alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui
qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit
pas. » 1 Jn 4, 20 En fait, la capacité d’aimer quelqu’un que l’on voit est
essentiellement une condition préalable à l’amour de Dieu que l’on ne voit pas.
Autant l’amour est un commandement, autant c’est un fait relationnel qui ouvre
aux autres et donc à la vie. L’amour n’est pas égocentrique. Il conduit au plus
grand altruisme. A travers l’amour, nous voyons les autres comme nos alter egos
(un autre moi) qui méritent autant que je pourrais me donner à moi-même. Et
lorsque vous entretenez une relation correcte avec les autres, cela vous ouvre
à voir au plus profond d’eux l’image immuable de Dieu.
Notre fondateur,
saint Luigi Orione, l’apôtre de la charité, disait : « L’image de Dieu brille
dans le plus humble des hommes. Qui donne aux pauvres, donne à Dieu et recevra
sa récompense de la main de Dieu. » En d’autres termes, quiconque aime le
pauvre, son prochain, aime Dieu.
Le sacrifice de
la Croix du Seigneur Jésus, parce que c’était un sacrifice d’amour, n’a pas
besoin d’être répété. L’amour est donné une fois pour toute et il est toujours
nouveau. En tant que chrétiens, nous devons imiter cet amour. C’est-à-dire
aimer jusqu’au bout sans compter le coût.
L’application de
ces paroles dans les réalités d’aujourd’hui pourrait prendre de nombreuses
formes. Aimez-vous Dieu ? Alors aimez, servez et donnez-vous à votre prochain,
à votre femme, à votre mari, à vos enfants, à vos parents, à vos amis, à vos
collègues. Ne cherchez pas quelque chose d’abstrait. Vivez l’amour dans le
concret : les paroles, les actes, le soin… et plus particulièrement le soin de
la nature, de l’environnement. Si vous vous aimez vraiment, vous prendrez soin
du lieu où vous vivez et le garderez propre, sain et digne de Dieu qui vit en
vous et qui y vit avec vous. Que notre amour prenne aussi une forme écologique.
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