Intendants de l’Amour de Dieu.

4 OCTOBRE 2020
Dimanche, 27ème Semaine du Temps Ordinaire — Année - A.

LECTUREs: Is 5, 1-7; Ps 79 (80), 9-12, 13-14, 15-16a, 19-20; Ph 4, 6-9; Mt 21, 33-43. 

Un proverbe Sénégalais dit : « Ce que vous donnez aux autres, porte des fruits pour vous-mêmes. » Et un proverbe Samoan ajoute : « Vous secouez en vain la branche qui ne porte pas de fruit. Vous feriez mieux de le couper à la base. »

Le Seigneur Dieu nous a créés par amour. Il nous a créés comme un chef-d'œuvre merveilleux et magnifique de sa création. Ce qu'il attend de nous, c'est que nous portions des fruits de justice, d'amour et de droiture. Nous sommes sa possession personnelle. Nous sommes la vigne de Dieu et en même temps, il a fait de nous des locataires ou intendants de la vigne plus vaste qu’est la création toute entière. Nous sommes les tenants de l’amour de Dieu. Tout échec de notre part à donner des retombés à cet amour que nous recevons du Seigneur est une insulte à son aménité et un crime contre son amour. Et cet échec ne nous sera pas pardonné.

Il est évident, à l’écoute des lectures d’aujourd’hui, principalement de la première lecture, du psaume et de l’Évangile, que le thème de la liturgie porte sur la Vigne du Seigneur et son besoin de porter des fruits. En première lecture, à travers le prophète Isaïe, le Seigneur chante sur Israël son élue possession, son peuple de prédilection. Le Seigneur, sous l'allégorie de la vigne et de sa relation avec le propriétaire, énumère ce qu'il a fait pour son peuple. Nous pouvons lire à travers ces lignes la belle mais en même temps contrastée histoire d'Israël ; comment le Seigneur les a fait sortir d'Égypte, le pays de leur esclavage, les a conduits dans le désert, leur a donné possession d'une terre fertile, le pays de Canaan, et a pris soin d'eux. Le côté contrastant et, à un moment donné, déloyal de l'histoire est ce que le peuple a rendu en réponse à cet amour de Dieu. Alors qu'il faisait tout par amour pour eux, les gens se sont éloignés de lui et sont tombés dans l'idolâtrie. Que devons-nous donc attendre du Seigneur après une telle tromperie ? Sa colère n'est-elle pas légitime ? Ainsi, les paroles de son verdict : « Et maintenant, habitants de Jérusalem, hommes de Juda, soyez donc juges entre moi et ma vigne ! Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? » Quand l’amour est trahi, la colère est sans merci.

Quand le Seigneur attendait d'Israël la justice, ils lui ont plutôt servi l’idolâtrie. Par conséquent, Dieu a décidé : « enlever sa clôture pour qu’elle soit dévorée par les animaux, ouvrir une brèche dans son mur pour qu’elle soit piétinée. J’en ferai une pente désolée. » En un mot, les abandonner à leur triste sort. Car c'est déchirant et désolant quand vous donnez tous vos efforts, votre amour et vos soins à certaines personnes et en retour, vous récoltez la malhonnêteté et la trahison. Le psalmiste fait échos de ce chant du Seigneur à sa vigne, mais il le termine par une note d'espérance. La colère du Seigneur prendra fin lorsque son peuple décidera de se repentir et de revenir vers lui.

Cette histoire de la vigne du Seigneur nous enseigne sur le rapport que Dieu entretient avec nous. Il est toujours gracieux et désireux de prendre soin de nous. Mais derrière, ce qu'il attend de nous, c'est un retour d'amour. Nous avons parlé dimanche dernier de liberté et de responsabilité. Il est de notre liberté et responsabilité de répondre à l’amour que Dieu nous porte. Mais lorsque nous échouons à notre tâche de correspondre à cet amour, nous récoltons sa colère.

Dans l'Évangile, le Seigneur Jésus insiste sur ce fait. La conclusion de la parabole dit tout sur notre relation avec le Seigneur : « Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. » Dieu nous a confié son amour et sa création. Il attend que nous la fassions fructifier. Comme nous l'avons entendu dans l'acclamation : « C’est moi qui vous ai choisis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, dit le Seigneur. » Mais si nous ne le faisons pas, nous trahissons son amour et son élection. Et par conséquent, le Seigneur n'a d'autre choix que de nous enlever son amour. Son royaume est l'actionnement de cet amour.

Alors, comment pourrons-nous correspondre à l’amour de Dieu et répondre à son élection ? Saint Paul, dans la seconde lecture, nous montre le chemin. Il dit : « Frères, ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. » La prière et les actions, voilà le moyen pour nous de répondre favorablement à l'amour que Dieu a pour nous. Il ne suffit pas de prier. Nous devons également ajouter des actions à notre spiritualité et à notre dévotion.

Car, l'amour pour Dieu s'exprime mieux, non pas uniquement par des dévotions et des neuvaines ou des heures et des heures d'adoration, mais aussi et surtout par des actes de charité. Dans ce sens, les paroles de St. Jacques résonneront toujours comme un défi pour vous et moi. Tout est question de foi et d’action. Et l'Apôtre nous dit en substance que, à coup sûr, une foi authentique est essentielle au salut. Néanmoins, il est clair qu'avoir la foi ou être un bon chrétien ne sera que le début du salut. Parce que la foi est le précurseur de l'action.

Notre croyance au Seigneur doit nous amener à changer notre vie et nos relations avec les autres. Le monde croira en fonction de ce que vous faites, et pas uniquement grâce à ce que vous dites. Votre foi porte des fruits par vos actions. Et comme nous l'avons entendu de la première lecture et de l'Évangile, Dieu rejette ou abandonne ceux qui sont stériles. Votre foi est vraiment vivante lorsqu'elle se montre active et non passive. Ainsi, Saint Jacques peut dire : « La foi par elle-même, si elle n'a pas d'œuvres, est morte » (Jacques 2, 14-26). Donnez à votre foi de porter du fruit. Faites-en une croyance active. Priez et priez beaucoup, mais agissez et agissez davantage pour le bien de tous.

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