Responsabilité Personnelle dans la Conversion et le Salut.
27 SEPTEMBRE 2020
Dimanche, 26ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A
LECTUREs: Ez 18, 25-28; Ps 24 (25), 4-5ab, 6-7, 8-9; Ph 2, 1-11; Mt 21, 28-32.
Un proverbe Mexicain
dit : « L'homme doit apprendre à accroître son sens de responsabilité et du
fait que tout ce qu'il fait aura ses conséquences. » Et un proverbe Bambara
ajoute : « L'enfant qui aime la liberté en est la première victime. »
Quand j'étais
formateur dans nos séminaires, en Afrique de l'Est, au Kenya, de même qu'ici en
Asie de l'Est, aux Philippines, j'avais une devise, et ceux qui ont été mes
séminaristes peuvent s'en souvenir : « Liberté et Responsabilité ». Autrement
dit, vous êtes libres de faire tout ce que vous voulez, mais soyez également
responsables face aux conséquences de vos actes. Parlant de conséquences, cela
doit être compris dans son sens large d’avantages et d’inconvénients.
Être libre, c'est
ce dont nous rêvons tous. La liberté est le mot le plus cher dans toutes les
conversations entre adolescents et jeunes. Nous parlons également de liberté au
plan social, économique et politique. Nous voulons être libres de toutes règles
contraignantes et avoir la capacité de faire ce que nous voulons ; libre
d'aller où nous voulons et quand nous le jugeons. Mais alors, nous refusons
souvent la contrepartie de notre rêve de liberté, nos responsabilités. On
oublie que la liberté sans responsabilité est libertinage et à un certain point
liberticide, c’est-à-dire un poison à notre liberté.
La liturgie de la
parole d’aujourd’hui, en particulier la première lecture et l’Évangile,
s’unissent pour nous donner un traité sur la liberté et la responsabilité. On
nous dit en substance que la conversion et le salut sont une conjugaison de
notre liberté et de notre responsabilité personnelle. Nous ne pouvons nier le
fait que le salut, de premier recours, est un don divin. C’est un acte de la bonté
de Dieu qui pardonne gracieusement aux pécheurs et les ramène à lui. Par
conséquent, aucun être humain ne peut revendiquer ses mérites sur son salut.
Néanmoins, l'actualisation ou l'effectivité de ce don divin rencontre notre
liberté et appelle à notre responsabilité. L’on peut bien vous donner quelque
chose, c'est à vous soit de l'accueillir, soit de le rejeter. Si vous ne vous
ouvrez pas pour le recevoir, le don reste inactif. Ainsi en est-il avec Dieu. Il
ne nous oblige pas à être sauvés. Il ne fait aucune obligation à notre volonté
et à nos choix. Au lieu de cela, il s’incline devant notre liberté.
Aucun homme ne
peut être sauvé sans sa collaboration au plan de Dieu. Et qui dit collaboration
met un accent sur la liberté. Ainsi, dans la première lecture, par le canal du
prophète Ézékiel, le Seigneur dit : « Si le méchant se détourne de sa
méchanceté, il sauvera sa vie. » Le prophète met en garde la pensée commune des
gens. Nombreux sommes-nous qui, confrontés à des situations tristes et à des
événements désavantageux, jetons facilement la culpabilité sur Dieu : « La
conduite du Seigneur n’est pas la bonne. » Certains n'hésitent même pas à
déclarer l'injustice de Dieu ou à soutenir que Dieu ne les aime pas. Car,
comment se fait-il que ceux qui sont 24/7j à l'église, des chrétiens très
engagés, membres de tous les groupes et associations, doivent souffrir, alors que
d'autres personnes qui, de toute évidence ne viennent jamais à l'église, ne
sont pas de bonne moralité, ne prient pas et, à la limite, nient Dieu vivent
heureux et bénis par lui. Si Dieu est juste, pourquoi les méchants, les
politiciens corrompus et meurtriers, les coureurs de jupons, les prostituées,
les ivrognes, les toxicomanes et les agresseurs, ceux qui ne montrent aucun
signe de conversion prospèrent-ils ?
Pour rappel, nous
avons médité dimanche dernier, 25e dimanche du temps ordinaire, sur
la justice de Dieu et notre justice humaine. Le Seigneur est-il juste ? Sa voie
est-elle juste quand il commerce avec nous ? A travers le prophète, nous
obtenons la réponse du Seigneur : « est-ce ma conduite qui n’est pas la
bonne ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? » Et les phrases suivantes le
clarifient. Dieu n'est pas injuste. Il s'aligne simplement sur notre liberté et
nous appelle à être responsables de nos choix. « Si le juste se détourne de sa
justice, commet le mal, et meurt dans cet état, c’est à cause de son mal qu’il
mourra. » Ce sont nos actions et nos choix qui nous rachètent ou nous
condamnent, et non pas Dieu.
Le Seigneur
Jésus, dans l'Évangile, approfondira la cime de ce sujet. La parabole du père
et des deux fils nous raconte comment nous nous comportons avec Dieu et quelles
pourraient en être les conséquences. L’on nous dit que ce n'est pas celui qui
dit oui, mais celui qui fait ce que Dieu attend de lui, qui obéit à sa volonté.
Car l'obéissance n'est pas en paroles mais dans les actions. Comme nous l'avons
dit plus haut, le seigneur vient à nous par des propositions et des demandes.
Il ne s'impose pas à nous car, il respecte notre liberté. « Mon enfant, va
travailler aujourd’hui à la vigne. » Il est laissé à notre libre arbitre de
dire oui ou non. Nombreux sont ceux qui répondent à la hâte "Oui",
mais font le "Non", tandis que d’autres disent "Non", mais
à la fin, se repentent et font le "Oui". Que signifie pour nous de
faire la volonté de Dieu ? Est-ce de dire oui et de se comporter dans l'autre
sens ou de dire non et de se repentir en faisant ce qu'il nous demande ?
La volonté de
Dieu est que nous œuvrions tous pour que son royaume advienne. Il veut que nous
soyons ses enfants obéissants et respectueux de cette volonté. Néanmoins, le
Père respecte notre liberté. La conclusion que Jésus donne de la parabole sera
alors un avertissement sévère. Même ceux connus comme de grands pécheurs
pourraient être sauvés et nous devancer si nous ne prenons pas le temps de nous
ouvrir et de faire vraiment la volonté de Dieu.
Il ne suffit pas
d'être un bon pratiquant. Il ne suffit pas de proclamer notre baptême ou notre
confirmation et tous les sacrements que nous avons pu recevoir. La question est
: nos vies et nos actions attestent-elles de notre appartenance au Seigneur ?
Malheureusement, nombreux sont ceux qui ne portent le christianisme que par
leur nom. Leurs vies sont des contre-témoignages de ce qu'ils professent. Nous
avons besoin d'une humilité sincère pour reconnaître nos faiblesses et même
notre perfidie, et ainsi faire le chemin de la conversion. Bien que nous ayons
dit non au Seigneur par nos paroles et nos actions, nous pouvons quand même
revenir à nos sens et rechercher sa volonté. Saint Paul appelle cela, nourrir en
soi l'attitude du Christ ; c’est-à-dire l'humilité. Car, ce n'est que par
l'humilité que l'on peut accepter ses fautes, ses imperfections, son manque de
cohérence, et revenir sur la bonne voie. Dans l'humilité, nous supprimons
l'égoïsme et la vaine gloire. Nous apprenons à accepter que les autres ont
quelque chose de plus que nous et sont capables de bonté, et par conséquent,
nous recherchons, non plus notre intérêt égoïste et narcissique, mais plutôt
celui des autres et de tous.
La liberté, la responsabilité, l'humilité et la ressemblance au Christ sont les conditions préalables à notre salut qui est lui-même un don de Dieu. Le Seigneur ne souhaite qu’aucun de nous meure coupé de lui, plongé dans nos péchés. Sa plus grande volonté et gloire est notre vie.
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