La Croix, le Langage de l’Amour de Dieu.
14 SEPTEMBRE 2020
La Croix Glorieuse — Fête.
leCTUREs: Nb 21, 4b-9; Ps 77 (78), 3-4a.c, 34-35, 36-37, 38ab.39; Ph 2, 6-11; Jn 3, 13-17.
Un proverbe Igbo
dit : « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les récits de
chasse glorifieront toujours le chasseur. » Un autre proverbe Malgache ajoute :
« Les croix sont des échelles qui mènent au ciel. »
Il n'y a pas de
gloire sans souffrance, pas de succès sans difficultés et pas d'amour sans
sacrifice. Ce qui vous apporte des larmes lorsque vous le faites, vous procure
une plus grande joie lorsque vous récoltez. C'est une vérité fondamentale de la
vie.
Nous célébrons
aujourd'hui une fête qui va à l'encontre de toutes nos conceptions et
appréciations humaines. La Croix, instrument d'humiliation est devenue un
instrument de gloire. La célébration de l'Exaltation de la Croix révèle à notre
humanité la sagesse de Dieu qui transforme nos larmes en joie et la révélation
de son Royaume. Le Catéchisme de l'Église Catholique peut affirmer dans son
article 550 : « La venue du Royaume de Dieu est la défaite du royaume de Satan
(cf. Mt 12, 26) : "Si c’est par l’Esprit de Dieu que j’expulse les démons,
c’est qu’alors le Royaume de Dieu est arrivé pour vous" (Mt 12, 28). Les
exorcismes de Jésus libèrent des hommes de l’emprise des démons (cf. Lc 8,
26-39). Ils anticipent la grande victoire de Jésus sur "le prince de ce
monde" (Jn 12, 31). C’est par la Croix du Christ que le Royaume de Dieu
sera définitivement établi : "Dieu a régné du haut du bois". »
Le Christ, pour
nous ses disciples, est roi. Il règne du haut du bois de son humiliation, de la
croix où il est mort. Par le mystère et les mérites de sa croix, le Seigneur
Jésus a vaincu le plus grand ennemi de l’homme, la mort et son prince. La
croix, depuis le jour de la mort du Seigneur, est devenue la clé qui ouvre la
porte à la vie, la porte du royaume glorieux de Dieu. En Jésus-Christ, nos
souffrances sont devenues une école de vertu et de vie.
Au-delà de
l'enseignement biblique et spirituel, cette fête a également un fondement très
historique. Elle nous ramène en 355, comme disent les historiens ; L'empereur
Constantin a inauguré consécutivement deux basiliques, l'une qu'il a érigée sur
le Golgotha où Jésus est mort sur la croix et la seconde à l'endroit où il
est dit, Jésus a été enterré, le Saint-Sépulcre. On dit que, ce jour-là,
l'Empereur révéla au peuple le reste du bois qui porta le Saint Corps du
Seigneur, qui aurait été retrouvé par Sainte Hélène, la mère du roi. Un autre tremplin
historique est celui de l'extirpation de la Croix des mains des Perses Sassanides,
en 614.
Toutefois, le
plus important pour nous, ce ne sont pas les pages d'histoire, mais le
vocabulaire et le message profond de la Croix. C'est ce qui donne un sens à
notre célébration liturgique de ce jour. La croix nous dit tout sur l’amour de
Dieu. Ou pour mieux le dire, Dieu, à travers la Croix dit tout sur lui-même.
Saint Jean, dans
l'Évangile, parle de révélation. L’on nous dit que Dieu révélera sa gloire par
l'exaltation de son Fils sur le bois de la croix. La Croix, par conséquent,
tire d'ici son sens d'instrument d'exaltation. Le Seigneur dit à Nicodème :
« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi
faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit
ait la vie éternelle. » Par le Fils de Dieu accroché au bois de son
exécution, une nouvelle vie est procurée à l'humanité et la gloire de Dieu se
manifeste clairement. La Croix de Jésus parle donc le plus grand langage de
l’amour de Dieu et stimule la réponse fervente de l’homme à cet amour. Ainsi,
la vie éternelle est rendue possible lorsqu'un homme répond à l'amour de Dieu
avec foi. Celui qui croit fermement en l’amour de Dieu et lui obéit, a la vie.
Celui qui refuse de croire, et donc désobéit, se condamne à mort.
En première
lecture, nous avons le cas de la désobéissance et de la grogne contre Dieu qui
a plongé les fils d'Israël dans la mort. L’épisode des serpents venimeux
envoyés par Dieu pour punir son peuple rebelle et sa compassion après la
médiation de Moïse et l’instruction d’ériger un serpent de bronze montre
comment l’amour de Dieu opère avec les pécheurs.
Dans tout cela,
nous apprenons que la foi est ce qui conduit et oriente notre vie. Même si nous
péchons par désobéissance, si nous levons les yeux vers le crucifié et que nous
le supplions, par les mérites de sa mort, il nous rend la vie. La croix, comme
le serpent de bronze, devient le remède, l'antidote au poison du péché.
Saint Paul, en
deuxième lecture, voit la Croix de Jésus-Christ comme l’expression de
l’humilité et de l’humiliation de Dieu. Et parce que Jésus s'est humilié et est
mort sur la croix, il a été par conséquent exalté dans la plus haute gloire de
son Père.
La fête
d’aujourd’hui nous enseigne non seulement comment la souffrance peut se transformer
en gloire, mais aussi et surtout comment l’amour de Dieu nous est manifesté à
travers sa mort. En réponse à ces messages, la foi devient ce qui nous dispose
à nous réjouir et à aimer Dieu en retour. Car, seul celui qui place sa ferme
confiance dans le Seigneur sera exalté. Les sacrifices d’aujourd’hui, notre
négation de soi et nos souffrances, s’ils sont acceptés avec foi, peuvent
devenir des instruments de glorification. Alors que si nous affrontons des
épreuves et des croix sans la foi, nous tombons dans le désespoir et l’anéantissement.
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