Pardonner, Afin d'Être Pardonné.

13 SEPTEMBRE 2020
 24ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

LECTUREs: Si 27, 30 – 28, 7; Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 9-10, 11-12; Rm 14, 7-9; Mt 18, 21-35.

Un proverbe Persan dit : « Le pardon cache un plaisir que la vengeance ne peut vous récupérer. » Et un proverbe Egyptien ajoute : « S'il n'y avait pas de faute, il n'y aurait pas de pardon. »

« Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis. » Le pardon n'a jamais été une tâche facile. Parce que, pardonner signifie ignorer le mal, reconnaître le droit des gens au péché ou leur faillibilité et appliquer la miséricorde comme supplétif de la justice.

Le pardon ou la miséricorde ne détruit pas la justice, ni ne constitue une approbation du mal. Au lieu de cela, il ouvre une nouvelle opportunité, il donne une nouvelle chance car il voit le meilleur et non le pire dans la personne. Le pardon est le seul médicament qui non seulement soigne celui qui le reçoit, mais fait davantage de bien a qui le donne. En ce sens, il est le plus parfait de toutes les purges et épuratives. En effet, même si un homme peut tomber dans le mal, il mérite le respect et sa dignité en tant que personne, est à préserver. Dans le vocabulaire de Dieu, la miséricorde est une nouvelle chance qu’il donne aux pécheurs d’amender leur conduite et de revenir à lui. La miséricorde de Dieu, dans ce sens, démontre son amour sans bornes, un amour qui voit et dépasse la faiblesse humaine. Le Seigneur hait la perversité, mais sa miséricorde est le cantique de son amour.

Le Catéchisme de l'Église catholique, dans sa troisième partie, la vie dans le Christ, section une, la vocation de l'homme, la vie dans l'Esprit, chapitre un, la dignité de la personne humaine, article sept, les vertus, et le paragraphe deux, les vertus théologales, déclare : « L’exercice de toutes les vertus est animé et inspiré par la charité. Celle-ci est le "lien de la perfection" (Col 3, 14) ; elle est la forme des vertus ; elle les articule et les ordonne entre elles ; elle est source et terme de leur pratique chrétienne. La charité assure et purifie notre puissance humaine d’aimer. Elle l’élève à la perfection surnaturelle de l’amour divin. » CEC. 1827.

Nous pourrions commencer par nous demander : ‘Pourquoi pardonnons-nous les fautes d’autrui ?’ La réponse est la plus évidente, car nous aimons les pécheurs. Même si nous haïssons et sommes profondément peinés par le mal, le malfaiteur reste un frère à aimer et à accepter malgré son action. En pardonnant, nous faisons une différence claire entre l'action, c'est-à-dire le péché, et son acteur, c'est-à-dire les pécheurs. La miséricorde nous enseigne que le péché est mauvais, mais le pécheur est capable de bonté. Le pardon consiste donc à laver le pécheur de son péché et à lui donner une nouvelle possibilité de retourner dans la communion et en harmonie avec les autres.

Les lectures d’aujourd’hui sont intrinsèquement liées à celles du dimanche dernier. À travers elles, nous apprenons que le pardon est la continuation et l'actionnement de la correction fraternelle. Nous corrigeons le frère par amour car il reste un frère digne d'amour. Un tremplin commun pour notre méditation pourrait être la question de Pierre dans l'Évangile : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »

Avant d'entrer dans la réponse de Jésus qui élabore la théorie du pardon illimité, la requête de Pierre elle-même donne quelques éléments de réflexion sur le besoin de pardonner. Le premier élément est de savoir qui est le pécheur ? Pierre dit : « Mon frère. » Si nous acceptons le pécheur comme notre frère, cela nous met dans une relation d'intimité avec lui. Nous partageons quelque chose en commun avec lui, notre fraternité. Et cette chose implique une dignité commune. Le péché vient détériorer cette dignité et notre relation. Allez-vous cependant renier votre frère ou interrompre toute relation avec lui à cause de ses fautes ?

Il y a un proverbe Ivoirien qui dit : « On ne jette pas le bébé avec l'eau qui a servir à le laver. » Votre frère, c'est sûr, est un grand pécheur mais il reste votre frère. Par conséquent, lavez-le de son péché, mais gardez votre frère et votre amour pour lui. Ainsi, la réponse de Jésus : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois. » La parabole donnée par le Seigneur pour illustrer le besoin d'être miséricordieux sans limite nous enseigne que le premier bénéficiaire de la miséricorde est celui qui sait être miséricordieux envers les autres. « C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

Le pardon apparaît comme un investissement. Autant vous pardonnez, autant vous êtes pardonné. Et la première lecture insistera sur ce fait. Sira le sage interroge : « Si quelqu’un n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ? » Ce que vous refusez aux autres, ne vous attendez pas à le recevoir vous-même lorsque vous le demandez. C'est un principe de base de la vie. Et cela répond à la règle d'or : « Faites aux autres ce que vous voudriez qu'ils vous fassent » (Lévitique 19, 1 ; Matthieu 7, 12 ; Luc 6, 31). Tout est une question de réciprocité ; pardonne, afin d’être pardonné, comme nous le demandons dans la prière du Seigneur.

Malheureusement, de nombreuses personnes sont remplies d'un esprit impitoyable. Nombreux sont eux, qui nourrissent la vengeance contre les autres comme s'ils élevaient un bébé. Nous nourrissons le mal dans nos cœurs contre ceux qui nous font du tort. Souvent, nous souhaitons traiter avec eux jusqu'au dernier centime. Mais étrangement, nous venons toujours au Seigneur pour lui demander de ne pas compter nos forfaits et nos transgressions contre l'amour. Pourquoi n’essayons-nous pas d’abord de ne pas compter les forfaitures de nos frères et sœurs ? Sira nous avertit sévèrement : « Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. »

Gardons ce rappel de Paul dans nos esprits et nos cœurs, nous appartenons tous au Christ. Par conséquent, dans tout ce que nous faisons, nous devons essayer de l'imiter. Car, dit l'apôtre, « aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur… ” Sachant cette vérité, nous devrions nous empêcher d'entretenir le mal ou l'esprit de vengeance et d’impardon. La vengeance ne satisfait pas le mal qui vous est fait. Seuls l'amour et le pardon peuvent éteindre le feu du mal et rouvrir le malfaiteur et sa victime au vivre ensemble et à l'harmonie. L’esprit de vengeance vous enferme dans la prison de la haine. Le pardon vous libère et libère celui qui vous a offensé. Il vous ouvre à l’amour qui est plus grand que la faute.

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