Des Saints en Devenir.
1 NOVEMBRE 2020
Tous les Saints —
Solennité
LECTUREs: Ap 7, 2-4.9-14; Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6; 1 Jn 3, 1-3; Mt 5, 1-12a.
Un proverbe Japonais
dit : « Le chat est un saint quand il n'y a pas de souris. » Et un
proverbe Bengali ajoute : « Tout saint-en-devenir a ses miracles à faire. »
Tous les saints
ou tous à être des saints ? La vie chrétienne est une vocation à la sainteté.
Nous sommes tous en chemin vers la sainteté. Être en voyage signifie par
conséquent que nous ne sommes pas encore arrivés à destination, nous ne sommes
pas encore des saints, mais des saints en devenir.
Selon notre foi
catholique et les enseignements de l'Église, un saint est n'importe qui dans le
ciel, officiellement reconnu (canonisé) sur terre ou non, qui forme la « grande
nuée de témoins » qui se sont libérés de tous les fardeaux et péchés qui les
retenaient et ont persévéré dans la course qui leur était proposée (Hé 12, 1).
L'allusion ici pourrait être faite de nos différents ancêtres, parents et
bien-aimés et des personnes dont la vie avait été un modèle, mais qui, parce
qu’anonyme ou pas célèbre comme François d'Assis, Mère Teresa de Calcutta,
Padre Pio de Pietrelcina, Jean-Paul II, ou Luigi Orione, ne verront jamais leurs
noms apparaître dans aucun catalogue ou enchiridion de saints. La solennité
d’aujourd’hui célèbre ces saints anonymes.
Nous sommes placés devant l'équation de la sainteté. Cette fête nous rappelle ce que nous sommes tous appelés à être. La sainteté ou la vie bienheureuse, nous pouvons le sentir à partir de cette célébration, n'est pas un état, mais un processus. Ce n'est pas une destination mais un style de vie, un mode de vie. C'est pourquoi cela devient notre vocation commune. Nous pourrions dire, d'une certaine manière, que nous sommes tous saints en substance, mais pas encore en action.
La fête que nous
célébrons aujourd'hui, comme nous l'avons déjà dit, est un hommage à tous les
saints inconnus qui, nous croyons, sont maintenant au ciel. Cela nous rappelle
que la sainteté est à la portée de tous ; que toi et moi pouvons aussi bien
être des saints. Par la communion des saints, ce que nous professons à travers
ces paroles du Credo, « Je crois en la communion des saints… », nous
reconnaissons que chaque partie du corps mystique du Christ, l'Église, aide
toutes les autres à grandir dans la sainteté. Cette fête est une proclamation
de notre unité, collaboration et solidarité dans le chemin de la sainteté. Il
semble clair qu'aucun de nous ne devient saint pour lui-même et par lui-même.
C'est avec les autres et pour les autres que nous sommes rendus saints. La
sainteté est un voyage en commun et un cheminement communautaire.
Alors que nous
nous réjouissons de l'hommage que nous rendons à ceux qui ont atteint la
sainteté avant nous, la parole de Dieu aujourd'hui est faite de visions de la
vie au ciel, notre patrie. Le livre de l'Apocalypse parle de la vision johannique.
L'apôtre Jean déclare qu'il a eu une vision « et voici une foule immense, que
nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et
langues. » La sainteté, de cette vision apocalyptique, n'est pas une prérogative
d'un groupe spécifique, mais une offre divine à tous. Les saints n'ont pas de
couleur, de langue ou de culture spécifique. Dieu nous a tous créés pour être
avec lui, c'est-à-dire pour être des saints. Mais alors, cette sainteté ne peut
être accomplie qu'après une bataille contre le mal, la bataille continuelle de
l'existence humaine. À la fin de la bataille de la vie, tous ceux qui ont été
avec l'Agneau seront marqués de son sceau sur leur front.
Le sceau ou la
marque de l'Agneau de Dieu est l’amour. Ce n'est que par l'amour et le service
assidu à nos frères et sœurs nécessiteux que nous assurerons notre accès au
ciel. Ainsi, Don Orione avait raison d'affirmer : « La charité, et seule la
charité sauvera le monde. » Le saint en devenir, par conséquent, est celui qui
vit avec amour et par amour, sert aux besoins des autres. Seul celui qui aime se
verra accorder le droit de voir le visage de Dieu et de le voir face à face.
Le même apôtre
Jean, en deuxième lecture, nous dit que nous aurons aussi cette grâce de voir
Dieu tel qu'il est, et ce, à cause de son amour. Car, dans son grand amour
paternel, le Seigneur a fait de nous ses enfants. Mais alors, Jean ne manque
pas de mentionner que cette identité d'enfants de Dieu, nous l'avons
actuellement, seulement en substance, pas encore dans sa pleine manifestation.
Parce que « ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. » Nous sommes des
saints en substance mais pas encore en action. Cela est en devenir, et il en
sera ainsi, fondé sur l'espoir qui conditionne notre vie. Vous voulez être un
saint, alors posez des actions qui mènent à la sainteté. Vous rêvez du ciel, vivez
alors d'une manière qui vous ouvre les portes du ciel.
L'Évangile nous
montre le chemin. Le Seigneur Jésus, dans son sermon sur la montagne, expose la
clé et le raccourci vers la sainteté. Cela s'appelle les Béatitudes. À travers
ces huit bénédictions, Jésus offre à ses disciples un mode de vie qui promet et
conduit à l'éternité. Le Pape François, commentant les Béatitudes, a dit à
juste titre qu'elles étaient « une carte d'identité chrétienne ».
Si nous
recherchons la sainteté et cherchons un moyen de voir Dieu et d'être avec lui,
il nous revient de : vivre comme pauvre en esprit ; être doux ; pleurer,
c'est-à-dire souffrir du péché et avec ceux que les péchés de notre société
font souffrir ; avoir faim et soif de justice ; être miséricordieux ; être pur
de cœur ; être un artisan de la paix dans un monde où la guerre et la haine
semblent être des valeurs communes ; et enfin, accepter d'être persécuté et haï
à cause de la justice, c'est-à-dire défendre la vérité au milieu d'un monde
corrompu. En vivant selon ces huit valeurs, elles deviennent pour nous le
repère de la sainteté et la clé du ciel.
Ne soyons
cependant pas à court de réalisme. Ce n'est pas facile d'être un saint. De
plus, il n'est pas facile de vivre à la manière des Béatitudes. Nous sommes créés
humains, avec nos faiblesses. Nous avons notre orgueil que nous portons toujours
avec nous dans tout ce que nous faisons ou disons et partout où nous allons.
Nous avons notre penchant égoïste qui nous pousse au nombrilisme et à abuser
des droits des autres. Nous sommes chargés ou surchargés du corps et bougeons
selon ses sollicitations nous conduisant au péché. Comment alors les transporter
avec nous dans ce chemin vers la sainteté ? Une seule chose est exigée de nous :
tuer de l'intérieur de nous l'idolâtrie du moi, notre égoïsme. Alors, viennent
ces autres mots du Pape François : « Les Béatitudes révèlent le voyage de
l'égoïsme vers la sainteté ».
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