Dieu Des Vivants Et Des Morts.

2 NOVEMBRE 2020
Commémoration de tous les fidèles défunts


Pour les lectures de cette Commémoration, 
on peut choisir d’autres lectures dans le Lectionnaire III : Messe des défunts (adultes)

LECTUREs: Sg 3, 1-6.9; 26 (27), 1, 4, 7-9a, 13-14; 1 Co 15, 51-57; Mt 25, 31-46.

Un proverbe Espagnol dit : « Celui qui craint la mort ne peut pas profiter de la vie. » Et un proverbe Amérindien Duwamish ajoute : « Il n'y a pas de mort, seulement un changement de monde. »

Pourquoi l'Église Catholique prie-t-elle pour les morts ? N'est-ce pas une sorte de nécromancie ou même de la sorcellerie de prier pour les morts ? Telles sont des questions que quelqu'un m’a posé un jour alors que nous discutions de la foi, de la vie et de la mort. Il est même allé plus loin, pour parler de nécrophilie, c'est-à-dire un amour excessif pour les morts ; que nous les catholiques semblons aimer les morts plus que les vivants. Et il a ajouté qu'une fois mort, rien ne peut être fait pour la conversion. Ainsi, c'est du vivant que l’on doit plaider pour la grâce de Dieu. Il est allé encore plus loin pour citer Marc 12,27 où Jésus dit : « Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants. »

En réfléchissant à la célébration d'aujourd'hui, on pourrait être tenté de reprendre ces interrogations et de se demander pourquoi nous commémorons nos bien-aimés et fidèles disparus ? L'antienne d'ouverture de cette célébration donne la première partie de la réponse : « Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les prendra avec lui. C’est en Adam que meurent tous les hommes, c’est dans le Christ que tous revivront. » C'est ce que nous croyons, et c'est pourquoi nous prions pour nos morts.

Ce que nous célébrons aujourd'hui n'est pas une messe de requiem grandiose, ni une réviviscence de ce que nous avons célébré pour chacun de nos frères et sœurs décédés. Nous professons notre foi en la résurrection des morts, ce que nous disons dans le Credo. Nous savons par la foi que la mort n'est pas une fin en soi à la vie. La mort n'est qu'une étape dans notre cheminement vers la vie, le chemin vers Dieu. Par conséquent, notre commémoration des fidèles défunts est un chant de triomphe, une proclamation de la vie qui prévaudra sur la mort.

L’écrivain Sénégalais, Birago Diop a scandé à juste titre cette victoire de la vie dans son poème, « Le souffle des ancêtres », lorsqu'il dit : « Écoute plus souvent les Choses que les Êtres, la Voix du Feu s’entend, entends la Voix de l’Eau. Écoute dans le Vent le buisson en sanglots : c’est le Souffle des ancêtres. Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire et dans l’ombre qui s’épaissit. Les Morts ne sont pas sous la Terre : Ils sont dans l’Arbre qui frémit, ils sont dans le Bois qui gémit, ils sont dans l’Eau qui coule, ils sont dans l’Eau qui dort, ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule : Les Morts ne sont pas morts. Écoute plus souvent les Choses que les Êtres. La Voix du Feu s’entend, entends la Voix de l’Eau. Écoute dans le Vent le Buisson en sanglots : c’est le Souffle des Ancêtres morts, qui ne sont pas partis, qui ne sont pas sous la Terre qui ne sont pas morts. Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : Ils sont dans le Sein de la Femme, ils sont dans l’Enfant qui vagit et dans le Tison qui s’enflamme. Les Morts ne sont pas sous la Terre : Ils sont dans le Feu qui s’éteint, ils sont dans les Herbes qui pleurent, ils sont dans le Rocher qui geint, ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure, les Morts ne sont pas morts… » En un mot, nos frères et sœurs disparus nous entourent et implorent nos prières en leur faveur pour un voyage paisible vers le ciel. Les membres décédés de nos familles font toujours partie de notre communauté vivante, bien que dans un état invisible.

La parole de Dieu nous offre aujourd'hui de nombreuses options de réflexion sur la réalité de la vie. Toutes les lectures véhiculent un message, la résurrection, la vie dans la gloire de Dieu. Le livre de la Sagesse, par exemple, nous dit que « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n’a de prise sur eux. » Dieu est celui qui prend soin d'eux et les protège. Ainsi, le chant du Psalmiste : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? » Bien que pendant que nous vivons, nous puissions faire face à de nombreuses épreuves et infortunes, si nous restons fidèles au Seigneur, il gardera toujours son amour pour nous et prendra soin de nous.

Saint Paul, en seconde lecture, dit aux fidèles de Corinthe que « La mort a été engloutie dans la victoire » de la vie. L'apôtre nous encourage à garder ferme notre foi en la résurrection et la vie au ciel car, dit-il : « c’est un mystère que je vous annonce : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés… » En Jésus, nous seront tous revêtu d’immortalité, et l’aiguillon de la mort, le péché sera écrasé dans la victoire de Jésus (1 Co 15, 51-57). L'Esprit de Dieu, l'Esprit qui a relevé le Christ de la mort à la nouveauté de la vie sera toujours à l'œuvre en nous pour notre propre résurrection. Cette foi et cette espérance, nous la partageons avec ceux qui nous ont précédés. Voici un mystère qui est caché à ceux qui n'utilisent que leur raisonnement logique et ne vont jamais au-delà de la connaissance scientifique et de ses preuves. La science n'est pas tout. Car, la science ne dit pas tout sur l'homme et sur la vie. Puissions-nous le dire sans ambages, la science humaine a ses limites. Lorsqu'il s’agit des questions de foi, les preuves scientifiques sont sans valeur et insuffisantes. Ce qu'il faut, c'est une ferme conviction. La foi ne nie pas la science, mais elle la prouve limitée.

La résurrection n'est pas un axiome scientifique, ni le fruit de l'intellectualisme ou des expériences. Le mystère caché dont parle le Seigneur en Matthieu 11, 25-30 n'est révélé qu'à ceux qui savent croire innocemment comme des enfants. À la fin de notre vie, ce ne sera pas la science à nous sauver, mais notre foi. Car, selon les recherches scientifiques, la vie s’achève avec la mort. Mais pour la foi, la mort n'est qu'une étape dans la Vie. La vie atteint sa plénitude et sa perfection après la mort. Nos frères et sœurs défunts sont en chemin vers cette plénitude. Par conséquent, prions pour eux, et une fois qu'ils auront atteint la gloire de Dieu, ils intercéderont en retour pour nous. Notre Credo, en ce sens, parle de communication ou de communion entre l'Église triomphante, militante et souffrante ; le corps mystique du Christ composé par nous les vivants, les saints que nous avons célébrés hier, et les morts que nous commémorons aujourd'hui.

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