La Fête, Banquet d'Amour.

11 OCTOBRE 2020
 28ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A

LECTUREs: Is 25, 6-10a; Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6; Ph 4, 12-14.19-20; Mt 22, 1-14.

Un proverbe Kikuyu dit : « Chaque fête a son invité d'honneur. » Et un proverbe Grec ajoute : « Est effroyablement pauvre, le cœur qui ne se réjouir jamais. »

Certaines personnes vivent comme si la vie était une succession de désolations, de larmes, de deuils. Ils semblent ne jamais trouver de raison dans leur vie ou de quoi se réjouir et rire. Partant de l’apparence extérieure, ils arborent toujours le visage du ‘Vendredi Saint’, sans aucun espoir de ‘Dimanche de Pâques’, ce que le Pape François, invitant à être des chrétiens joyeux, appelle le syndrome du visage lugubre.

Dans la liturgie d’aujourd’hui, la première lecture et l’Évangile se rejoignent pour nous inviter à nous réjouir. Nous sommes convoqués au banquet de la félicité. Le Royaume de Dieu est décrit comme un lieu, ou mieux, comme un événement de grande joie. Le royaume de Dieu est en fait plus qu’une situation géographique. C'est un événement à venir et qui est déjà là. C'est le déjà et pas encore d’une fête d'amour et de joie. Et cette fête consacrera notre vraie vocation, des personnes appelées au bonheur, à se réjouir et à célébrer l'amour.

Le prophète Isaïe, en première lecture, voit d’office cet événement. Il annonce donc que sur sa Montagne Sainte, la montagne de son amour, le Seigneur préparera une grande fête et essuiera les larmes de tous les visages. Nous sommes évidemment, invités à cette fête, un gala de joie et non à un salon funéraire fait de larmes et de jérémiades.

La Sainte Eucharistie, nos célébrations, sont l'événement déjà présent, une préfiguration de cette fête. L'Eucharistie est donc un moment de grande joie où Dieu se fait un en tous et pour tous. Il est regrettable que certaines célébrations eucharistiques ne soient pas loin des funérailles. Nos actions de grâces eucharistiques à certains égards ressemblent à des obsèques, tristes et sans joie. Tant de messes sont remplies d'une expression de désespoir, de chagrins, de deuil silencieux et de chants de désolation, comme si Jésus que nous célébrons mourait encore et encore.

Dans la situation actuelle résultant de la pandémie de la COVID-19, peut-être à cause du port du masque et des visières, de nombreuses messes se transforment, sous certains cieux, en une oraison silencieuse et notre Eucharistie perd peu à peu son sens de fête. Beaucoup de gens sont plus passifs qu'actifs à la messe, ce qui fait de la fête quelque chose de plus triste qu'un enterrement normal pourrait l'être. Certaines personnes chantent la gloire de Dieu d'une voix silencieuse et l'Alléluia, au lieu d'être une acclamation, se transforme en une séance de lamentations. Dans tous ces changements dus à la "nouvelle normalité", la situation la plus triste à laquelle nous sommes confrontés sont les questions existentielles que les gens se posent aujourd'hui : où est Dieu dans cette situation actuelle de pandémie ? Que dit-il de la COVID-19 ? Pourquoi a-t-il permis que cela se produise ?

En tant que chrétiens, nous pouvons trouver un aperçu de réponse à nos questions et même une raison de célébrer malgré les événements, seulement si nous atteignons la conscience de la présence de Dieu. C’est-à-dire, que, malgré les crises sanitaires, sociales et humaines, Dieu est toujours avec nous. Il ne nous a pas abandonnés. Cette prise de conscience appelle à la créativité pour redéfinir nos célébrations et nous enraciner dans les actions de Dieu en nous.

La prophétie d'Isaïe, en ce sens, devient un appel à une telle prise de conscience. Autrement dit, même si nous traversons des situations difficiles, des tribulations et des épreuves, même si la pandémie nous limite à vivre en exil dans nos propres maisons, en nous éloignant les uns des autres à cause de l'amour que nous nous devons, le temps viendra encore de célébrer et se réjouir. Le Seigneur « fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple… » Sommes-nous capables de lire à partir de ces paroles une prophétie pour nous aujourd'hui ? La pandémie ne durera pas éternellement. Le temps viendra pour nous de nous réjouir. Nos larmes et nos visages sombres seront à nouveau illuminés de joie.

Ce que Isaïe a vu prophétiquement, est en quelque sorte accompli dans la parabole que Jésus donne dans l'Évangile. Dieu, le Grand Roi, offre un banquet auquel il nous convie tous, une fête de mariage pour tous. Un être normal va-t-il à une fête, vêtu de vêtements funéraires ou en pleurs ? Avec Jésus avec nous, le banquet a déjà commencé. Pourtant, de nombreuses personnes ne se sentent pas disposées à participer à cette fête. Nous vivons dans un monde et dans des sociétés où les haines, les divisions, les guerres, les pandémies, les crises politiques et sociales surgissent jour après jour, enlevant à l'homme tout signe de joie. Toutes ces choses arrivent, avant tout, parce que nombreux refusent la joie à laquelle Jésus nous appelle.

La parabole de l’Évangile exprime clairement ce refus. L’être humain, avec sa liberté, choisit d’adhérer ou de ne pas adhérer à l’alliance d’amour de Dieu. Cependant, il ne s’agit pas uniquement de cette rébellion ouverte ou de l’opposition à la volonté de Dieu, symbolisée par ceux qui trouvent des milliers d’excuses pour ne pas venir, mais il y a aussi la rébellion silencieuse. Ici vient la note contrastante de l'Évangile. Parmi ceux qui ont accepté d'entrer dans la salle de banquet, un n'avait pas le vêtement approprié. Le Seigneur exprime ici, la bataille intérieure de l’homme contre la volonté de Dieu. Nous avons lu en fait que lorsque le roi est entré dans la salle de bal, il a remarqué que l'un des invités n'avait pas le vêtement de mariage. Ce petit détail nous dit que, il ne suffit pas de dire ‘oui’ à l’invitation de Dieu, il faut aussi mettre l’attitude du ‘oui’. Autrement dit, il ne suffit pas d'être chrétien en parole. Nous devons également vivre en chrétiens, actions concrètes d’amour.

L’unique code vestimentaire du banquet de l’amour de Dieu n’est rien d’autre que l’amour. Car, l'alliance d'amour ne peut être scellée avec autre chose que l'amour, non pas avec des mots. La fête a déjà commencé. Nous sommes déjà dedans. Mais alors, sommes-nous tous bien disposés à aimer comme nous sommes aimés ? Saint Paul, en deuxième lecture, nous dira que nous ne pouvons vraiment aimer que par celui qui nous a aimés. Sur la base de sa propre expérience personnelle, Paul dit : « Je peux tout en celui qui me donne la force. » Ce n’est qu’en Jésus et par Jésus que nous pouvons correspondre à l’amour de Dieu. Car, c'est lui qui nous fortifie afin d’aimer et accepter d'être aimés. Sans Jésus, nous sommes des invités indignes aux noces de l'amour de Dieu à cause de nos péchés.

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