Non-violence et Foi.

12 SEPTEMBRE 2021
Dimanche, 24ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B.

LECTURES : Is 50, 5-9a ; Ps 114 (116 A), 1-2, 3-4,5-6, 8-9; Jc 2, 14-18 ; Mc 8, 27-35. 

Un proverbe Indien dit : « La non-violence est la loi suprême de la vie. » Et un proverbe Turc ajoute : « Quand la violence entre dans la maison, la loi et la justice sortent par la cheminée. »

Quand on entend « Non-violence », tout le monde pense à Martin Luther King, le pasteur activiste Noir Américain, ou à Mahatma Gandhi l'activiste Indien. La non-violence, issue de la philosophie de ces deux-là, mais aussi de celle de beaucoup d'autres militants pacifiques, consiste à ne pas opposer de résistance violente à celui qui vous livre bataille avec elle et à l'oppression.

Un article de l'Université de Stanford lié à ce sujet dit : « La notion de non-violence de King avait six principes clés. Premièrement, on peut résister au mal sans recourir à la violence. Deuxièmement, la non-violence cherche à gagner « l'amitié et la compréhension » de l'adversaire, non à l'humilier (King, Stride, 84). Troisièmement, il faut s'opposer au mal lui-même, et non aux personnes qui commettent des actes mauvais. Quatrièmement, ceux qui se livrent à la non-violence doivent être prêts à souffrir sans représailles, car la souffrance elle-même peut être rédemptrice. Cinquièmement, la résistance non violente évite aussi bien la « violence physique extérieure » et la « violence intérieure de l'esprit » : « Le résistant non-violent non seulement refuse de tirer sur son adversaire mais il refuse aussi de le haïr » (King, Stride, 85). Le résistant doit être motivé par l'amour au sens du mot grec ‘Agape’, qui signifie « compréhension » ou « rédemption de la bonne volonté pour tous les hommes » (King, Stride, 86). Le sixième principe est que le résistant non-violent doit avoir une « foi profonde dans l'avenir », issu de la conviction que "L'univers est du côté de la justice" (King, Stride, 88). »

Comme nous pouvons le voir dans cet article, la finalité de la Non-violence est l'amour, "Agape", un amour sacrificiel qui seul peut transformer les autres, nous transformer, et ainsi, transformer le monde. Gandhi pourrait affirmer que la violence engendre la violence ; « Œil pour œil et le monde devient aveugle. » Seule la non-résistance au mal peut engendrer l'amour chez les autres.

La liturgie d'aujourd'hui pourrait être appelée la résurgence biblique ou le traité sur la non-violence. En première lecture, le prophète Isaïe, parle du "serviteur de Dieu". Il le décrit comme quelqu'un qui n'oppose aucune résistance à tout le mal qui lui est fait. Au lieu de cela, en toute docilité, comme un agneau, il offrit son dos à ceux qui le frappaient. Il a confié, dans la foi, son sort au Seigneur.

Nous sommes ici au thème central de la prophétie d'Isaïe. Il prédit l'œuvre du Serviteur Souffrant de restaurer le peuple de Dieu à son Dieu et à sa terre. Ici, le Prophète révèle la mission du Messie et son obéissance. C'est une sorte de communication entre le Père et le Fils, et aussi son peuple. Le Père, le Seigneur, a chargé son Serviteur, le Fils, avant sa naissance d'aller servir de rançon pour le salut de son peuple. Le Fils, avec l'obéissance d'un serviteur, n'opposa aucune résistance. Au lieu de cela, il a volontairement accepté d'endurer toutes sortes de souffrances pour l'accomplissement de sa mission. Même lorsqu'il souffrait, le Serviteur ne se rebelle pas et ne se détourne pas du plan de Son Père. À cause de cette obéissance filiale, son Père l'a justifié, détruisant tous ses ennemis.

La vision prophétique d'Isaïe s'accomplira en Jésus. Dans l'Évangile, il annonce à ses disciples ses souffrances à venir, sa passion, sa mort et sa résurrection. Jésus commence d'abord par clarifier la vision que le peuple et ses disciples ont de lui. Il questionne : « Au dire des gens, qui suis-je ?... Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »

Les gens peuvent dire beaucoup de choses sur lui, la plupart viennent de ce qu'ils ont vécu avec lui, de ce qu'ils l'ont vu faire, de ce qu'ils ont entendu de lui. Pour certains, il est « Jean-Baptiste, d'autres Elie, d'autres encore l'un des prophètes ». Pourquoi disent-ils tout cela de lui ? Parce qu'il a guéri les malades, nourri les affamés, redonné la vue aux aveugles, libéré d’autres des possessions démoniaques. Dans leur compréhension, seul un grand prophète, ou un messager de Dieu, comme ceux d'autrefois peut le faire. Mais alors, la question la plus pertinente du Seigneur s'adresse à ceux qui vivent avec lui et partagent tous ses secrets, les douze. Qui disent-ils qu'il est ? La réponse de Pierre est juste : « Tu es le Christ. » Il est le Messie qu'ils attendent tous.

Mais quelle compréhension ont-ils du Messie, et lequel le Seigneur est vraiment ? Vient le point de heurt. Israël, avec son rêve messianique, attendait un leader puissant qui viendrait, avec force, renverser la domination Romaine et les restaurer, les libérer de l'oppression. Ils n'attendaient pas un militant non-violent, mais plutôt un chef militaire. Le Seigneur, annonçant sa passion et sa mort à venir, brouille leur perspective. D’où, la réaction de Pierre de le prendre à part et de le réprimander.

Nous vivons dans un monde fait de tant d'injustices, d'abus, d'irrégularités et de corruptions que nous rêvons d'un leader qui viendra, même avec violence, exterminer ceux qui abusent des droits d'autrui. Nous voulons tous mettre fin aux guerres et à la violence. Mais les seuls moyens qui s'offrent à nous sont la violence et la guerre. Nous voulons nous opposer à la violence, mais nous utilisons la violence pour le faire. Le Seigneur nous exhorte à penser et à nous comporter différemment, à changer nos perspectives. Car la violence ne peut pas arrêter la violence. Au lieu de cela, nous tombons dans une chaîne de violence. Notre foi doit être à l'œuvre. C'est l'appel de St. Jacques en deuxième lecture. La foi ne doit pas être de simples mots, mais une action. Souvent, les mots de ce que nous professons comme foi entre les quatre murs de nos églises sont droits et puissants, mais lorsqu'il s'agit de les pratiquer, notre religion manque de l'essentiel de sa croyance. La foi, l'authentique, appelle à des œuvres de miséricorde, d'amour et de sollicitude pour les autres dans leurs besoins.

Nous pourrions terminer cette méditation sur la non-violence par cet article du Catéchisme : « La charité a pour fruits la joie, la paix et la miséricorde ; elle exige la bienfaisance et la correction fraternelle ; elle est bienveillance ; elle suscite la réciprocité, demeure désintéressée et libérale ; elle est amitié et communion : L’achèvement de toutes nos œuvres, c’est la dilection. Là est la fin ; c’est pour l’obtenir que nous courons, c’est vers elle que nous courons ; une fois arrivés, c’est en elle que nous nous reposerons (S. Augustin, ep. Jo. 10,4). » CEC. 1829. La violence, quelle qu'en soit la nature, physique ou morale, ou psychologique n'aidera jamais à restaurer notre monde. Seul l'amour « Agape », exprimé dans la charité peut y aider.

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