Autorité, Commandement ou Service ?
17 OCTOBRE 2021
Dimanche, 29ème
Semaine du Temps Ordinaire — Année B.
Un proverbe Yougoslave
dit : « Si vous voulez savoir ce qu'est un homme, placez-le en position autorité. »
Et un proverbe Chinois ajoute : « L'empereur est le père de son peuple, non pas
un maître à servir par des esclaves. »
Une définition de
base, et de la compréhension du commun des mortels, l'autorité est le pouvoir
ou le droit de contrôler, de juger ou d'interdire les actions des autres. Sont
appelés autorité, une personne ou un groupe de personnes ayant ce pouvoir, comme
un gouvernement, une force de police, des leaders sociaux, etc. Le mot autorité
fait également référence à une position qui commande un tel pouvoir ou droit.
Dans les domaines de la sociologie et des sciences politiques, l'autorité est
le pouvoir légitime qu'une personne ou un groupe de personnes possède et exerce
sur autrui.
Lorsque nous
entendons parler du mot autorité, la première chose qui nous vient à l'esprit
est la suprématie ou la domination sur les autres. Il s'agit de savoir comment
décider ce que les autres doivent faire ou ne pas faire. Celui qui a l'autorité
ou celui qui occupe un poste qui confère le pouvoir a tous les droits sur ceux
qui sont sous son autorité. La Parole de Dieu, cependant, nous invite à une
autre compréhension et perception de l'autorité : c'est un pouvoir pour servir
et non pas pour être servi, un pouvoir de diriger et non pour soumettre.
Encore une fois,
en ce dimanche, la liturgie insiste sur ce que doit être le vrai sens de
l'autorité pour un disciple du Christ. Nous lisons que le pouvoir et la
position d'autorité ne consistent pas à commander mais à servir avec douceur,
humilité et abnégation ceux qui sont sous notre domination.
Dans la première
lecture, le prophète Isaïe donne l'image du plus grand leader. Parlant du
Serviteur du Seigneur, Isaïe décrit l'autorité comme le service et l'abnégation
ou sacrifice de soi. Cela passe par l'acceptation de subir toutes sortes de
souffrances pour racheter et sauver. Le serviteur de Dieu offre sa vie en
expiation. « Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera
de leurs fautes. » La véritable autorité est celle de servir et de
souffrir pour les autres.
Dans l'Évangile,
le Seigneur Jésus donne la même définition de l'autorité. A Jacques et Jean qui
cherchent à s'asseoir à sa droite et à sa gauche, Jésus appelle à voir
l'autorité non pas comme un moyen de soumettre et de dominer, mais comme un
moyen de servir. Et ainsi, il révèle un grand aspect de sa mission : « Car le
Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa
vie en rançon pour la multitude. » Le Seigneur va aussi plus loin pour avertir
ses disciples en disant : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs
des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur
pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. » Ce que le Seigneur
veut dire ici, c'est qu'en tant que ses disciples, ils devraient avoir le vrai
et le seul sens juste du leadership. Alors il ajoute : « Celui qui veut devenir
grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le
premier sera l’esclave de tous. »
La plus grande
autorité qui peut aussi avoir un effet moral sur les gens est acquise dans le
service humble. Lorsque vous êtes en position d'autorité et de pouvoir, les
gens ne vous respectent pas parce que vous dominez et commandez, mais surtout
parce que vous êtes un leader, un modèle de serviteur. Les présidents ou les
chefs de communauté les plus aimés ne sont pas les autocratiques qui ne sont là
que pour réprimer et punir mais les serviteurs et celui qui est proche de ses
sujets. Quelqu’un d’entre nous aime-t-il les dictateurs et les pouvoirs
autoritaires ?
La véritable
autorité, dit la lettre aux Hébreux, s'exprime dans la capacité de ressentir la
faiblesse de vos sujets et de partager leurs douleurs. En cela, Jésus, le Fils
de Dieu, est l'incarnation de ce leadership. En lui, « nous avons le grand
prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux », quelqu'un qui peut
sympathiser avec nos faiblesses. Les dirigeants qui ne ressentent pas les
douleurs et les souffrances de leur peuple, leur imposent souvent des douleurs
plus inhumaines. Lorsque ceux en position et en possession de l'autorité sont
déconnectés de la réalité de leur peuple, ces derniers souffrent le plus de
leur leadership.
La crise
sanitaire actuelle de la COVID-19 qui s'est transformée en une problématique crise
et une pandémie morale, sociale et économique nous en apprend beaucoup sur la
notion que certains ont du leadership. La façon dont certains pays et
gouvernements réagissent à la situation montre s'ils sont des leaders
serviteurs ou des leaders à servir. Certaines mesures prises à certains
endroits sont plus oppressives et péjoratives, avec des impacts négatifs plus
importants sur la population que ne pourraient l'être le virus et son épidémie.
Les pauvres sans assurance et sans stabilité financière paient les plus lourds
tributs, tandis que certains responsables gouvernementaux ont vu dans cette
pandémie une entreprise génératrice de revenus. Des milliers de personnes sont
devenues sans emploi et tant de nouvelles formes de pauvreté ont vu le jour. A côté,
certains politiciens et dirigeants se glorifient sans cœur de leurs biens, des
fruits de leur position et de la corruption.
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