Les Paroles, le Miroir du Cœur.
27 FÉVRIER 2022
8ème Dimanche du
Temps Ordinaire — Année C.
LECTURES : Si27, 4-7 ; Ps 91 (92), 2-3, 13-14, 15-16 ; 1 Co 15, 54-58 ; Lc 6,39-45.
« Ce que dit
la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. » (Lc 6,45)
Un proverbe Chinois
dit : « Les paroles sont les sons du cœur ». Et un proverbe Allemand ajoute : « Les
mots sont comme les abeilles, ils ont du miel et un dard. »
Personne ne sait
ce qui se cache dans l'esprit et le cœur de l'homme. La science et la
technologie peuvent essayer toutes les possibilités, même les psychologues par
l'hypnose, mais on peut à peine lire l'esprit de l'homme, sans même parler du
cœur. Ce qui est en nous n'est révélé qu'à travers nos paroles. A juste titre,
on peut dire que les mots ou les paroles sont le miroir du cœur, la porte
d'entrée de l'esprit. Ce que nous pensons, ce que nous ressentons, ce que nous
traversons ne s'expriment qu'à travers les mots qui sortent de notre bouche.
Sans le langage des signes et sans écritures, il sera toujours difficile de
savoir ce que pense ou ressent un muet-sourd. Les paroles sont très importantes.
Elles peuvent tout dire sur nous. Elles peuvent aussi nous trahir.
Les lectures
d'aujourd'hui viennent révéler la puissance de nos mots et de notre langage.
Dans la première lecture, le sage Ben Sirac nous dit que les paroles sont un
moyen d'épreuve. Il termine en disant : « Ne fais pas l’éloge de quelqu’un
avant qu’il ait parlé, c’est alors qu’on pourra le juger. » Car la parole
de l'homme révèle ce qu'il a en stock au plus profond de son esprit et de son
cœur. Les analogies utilisées par le sage sont toutes très expressives. « Quand
on secoue le tamis, il reste les déchets ; de même, les petits côtés d’un homme
apparaissent dans ses propos. » Quand on secoue un arbre, il perd ses
feuilles mortes, on met un pot dans la fournaise pour montrer à quel point il
est solide, ainsi aussi les mots disent comment on est à l'intérieur. Ne jugez
pas les gens d'après ce que vous pensez d'eux, mais d'après ce qu'ils disent
d'eux-mêmes et sur leurs actions.
Le Seigneur
Jésus, dans l'Evangile, dira quelque chose de semblable. « Ce que dit la
bouche, c’est ce qui déborde du cœur. » À travers une série de conseils courts
mais pertinents, le Seigneur nous instruit sur la cohérence de la vie. Il
commence à nous dire que nous ne devons pas être comme des aveugles guidant un
autre aveugle. En tant que ses disciples, nous devons prendre grand soin
d'apprendre de lui si nous rêvons de devenir un jour comme lui. Non pas empressés
à juger ou de condamner les autres sur nos appréhensions et nos pensées à leur
égard. Nous ne devrions pas être impatients de remarquer les fautes des autres,
mais plutôt veiller à éviter les fautes par nous-mêmes. Ainsi, son célèbre
dicton : « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors
que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? »
Nos jugements sur
les autres sont souvent biaisés, et même corrompus par nos observations et
ouï-dire à leur sujet. En tant que chrétiens, dans tout ce que nous faisons,
nous devons viser le bien. Voyez le bien chez les autres, non pas le négatif.
Jugez leurs paroles et leurs actions, non pas vos appréhensions...
En ce sens, le
Catéchisme vient justement nous exhorter. Il dit : « Pour éviter le jugement
téméraire, chacun veillera à interpréter autant que possible dans un sens
favorable les pensées, paroles et actions de son prochain : Tout bon chrétien
doit être plus prompt à sauver la proposition du prochain qu’à la condamner. Si
l’on ne peut la sauver, qu’on lui demande comment il la comprend ; et s’il la
comprend mal, qu’on le corrige avec amour ; et si cela ne suffit pas, qu’on cherche
tous les moyens adaptés pour qu’en la comprenant bien il se sauve (S. Ignace,
ex. spir. 22). » CEC 2478.
La liturgie de ce
dimanche est un avertissement sévère pour vous et moi. Si nous rêvons d'être
victorieux du péché avec Jésus, si nous rêvons du jour de la Résurrection, nous
devons nous comporter comme le Seigneur. Nous devons éviter la corruption du
péché, être revêtus de vêtements incorruptibles de bon jugement, d'amour et de
compassion en tout. Car, comme dit saint Paul, la chair et le sang destinés à
la corruption ne peuvent avoir part au royaume de Dieu ; rien de nous qui est enclin
à la décomposition ne peut atteindre la vie impérissable. Nos paroles, si elles
ne sont pas enracinées en Christ, conduisent à notre destruction. En tant que
disciples du Christ, chacun de nous doit être « fermes, soyez
inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur, car
vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas
perdue. »
Au-delà de tout,
nos paroles… Car, si une attitude et une parole négatives ou erronées, délicates,
critiques peuvent être destructrices de soi-même, elles sont encore plus
destructrices des autres. Avec nos paroles de jugement, au lieu d'encourager
les autres, nous les décourageons et leur enlevons tout espoir. Ce dont la
plupart des gens ont besoin aujourd'hui, ce ne sont pas des critiques et des
paroles pessimistes ou dégradantes, mais plutôt un encouragement. Notre monde
et nos sociétés seront plus positifs et productifs, et plus heureux, si nous
réalisons que ce dont la plupart des gens ont besoin, c'est de positivité et de
mots de compassion. Alors, donnons à chacun, ce que nous avons de plus
important dans notre cœur, notre amour, plutôt que notre négativisme et nos
critiques. Ce que vous dites des autres est ce que vous êtes au plus profond de
vous-même ou même plus. Si vous voyez la paille chez les autres, c'est parce
que vous avez vous-même une poutre. Vos mots sont le miroir, le reflet de votre
cœur. Ainsi, quelqu’un a dit à juste titre : « Le cœur est un réservoir et
la bouche un robinet. Lorsque le robinet est ouvert, tout ce qui se trouve dans
le réservoir sort. »
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