Temps de Faire une Pause et de Revenir.
2 MARS 2022
Mercredi des
Cendres.
LECTURES : Jl2, 12-18 ; Ps 50, 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17 ; 2 Co 5, 20 – 6, 2 ;Mt 6,1-6.16-18.
« Maintenant
– oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les
larmes et le deuil ! » (Joël 2,12)
Un proverbe Tibétain
dit : « Voyager est un retour à l'essentiel ». Et un proverbe Hongrois ajoute :
« Mieux vaut revenir de la moitié du chemin que de prendre une mauvaise
route. »
La technologie a
considérablement évolué depuis. Avant, quand on utilisait les magnétophones et
les radios, pour écouter un son ou une musique qui était passés, il fallait
faire une pause puis, appuyer sur le bouton retour ou reverse. Quand on
manquait de faire la pause et qu'on repartait directement en reverse, on
risquait fort de détruire le ruban en sautant.
Nous ouvrons
aujourd'hui une saison liturgique qui sonne comme une pause afin de faire un retour.
Nous sommes invités à mettre une pause sur nos mauvaises tendances et à faire
marche arrière vers la justice, un retour à Dieu. Le Carême, dit l'enseignement
de l'Église, est une période de 40 jours qui précède Pâques. Commençant le Mercredi
des Cendres, c'est une saison de réflexion et de préparation avant les
célébrations de Pâques. En observant les 40 jours de carême, chaque chrétien
reproduit le sacrifice et le retrait de Jésus-Christ dans le désert pendant 40
jours.
Nous pourrions
dire d'une manière très basique et simple que le Carême est une période
importante de réflexion, de croissance et de nouveaux départs dans notre vie
chrétienne et notre relation avec le Seigneur et avec nos semblables. En tant
que chrétiens, c'est un moment spécial qui nous est donné pour montrer notre
dévotion à notre foi, pour examiner nos vies, pour nous rapprocher de Dieu et
pour nous préparer à l'événement le plus grand et central de notre foi, la Résurrection
du Seigneur. En ce sens, le Carême est un voyage annuel et une occasion de
repentance et de conversion. C'est, comme le dit l'introduction du Missel Romain,
un double cheminement de repentir et de réflexion sur notre Baptême. Car, il
nous dispose à revivre le mystère pascal. C'est une pause qui nous est donnée
pour écouter plus attentivement la parole de Dieu et nous consacrer à la
prière, une manière de réévaluer et de renouveler nos promesses baptismales.
Le Carême est
avant tout un temps de réflexion sur le péché et la vertu. Nous sommes amenés à
réfléchir sur les conséquences sociales, individuelles et communautaires du
péché et, d'autre part, sur l'essence de la vertu par la pénitence et les
œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles. Au cours de cette saison
solennelle, nous apprenons à voir et à détester le péché comme une offense
contre Dieu, contre les autres et contre nous-mêmes. Cela nous ouvre donc aux
résolutions exprimées dans les pratiques pénitentielles et la prière. Notre
pénitence de Carême n'est pas seulement intérieure et individuelle, mais aussi
extérieure et sociale. Ainsi, les œuvres de miséricorde en faveur de nos frères
et sœurs nécessiteux.
Commençant ce
voyage spécial et grand, la parole de Dieu aujourd'hui, met l'accent sur ce que
nous devons faire. Le prophète Joël, dans la première lecture, nous dit que
c'est le moment favorable pour déchirer nos cœurs, pas nos vêtements. Il dit : «
Maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le
jeûne, les larmes et le deuil ! » Ce qui nous a éloignés de Dieu, ce ne sont
pas notre être extérieur ou nos vêtements, mais notre cœur et ses choix. Par
conséquent, le retour à lui et le voyage de pénitence et de repentance doivent
commencer par le cœur. C'est un appel à une transformation intérieure profonde
et qualitative. Ce n'est qu'à ce prix que nous pourrons faire l'expérience de
la miséricorde et de l'amour de Dieu qui vont au-delà de nos péchés, de nos
faiblesses et de notre méchanceté.
Pour faire ce
cheminement de transformation intérieure, les exercices qui pourraient
faciliter la conversion sont le jeûne, l'aumône et la prière. Car, ils aident à
discipliner notre corps, notre esprit et notre cœur. Ils tempèrent notre
relation avec Dieu, avec les autres et avec nous-mêmes.
Paul, dans la
seconde lecture, par son adresse aux Corinthiens, nous exhorte à nous
réconcilier avec Dieu. L'Apôtre incite : « Le voici maintenant le moment
favorable, le voici maintenant le jour du salut. » La conversion est une œuvre
d'aujourd'hui. C'est maintenant, et chaque jour que nous devrions amender nos
vies et retourner à Dieu. Notre salut est quelque chose que nous devrions viser
dans nos actions et nos paroles quotidiennes. Nous ne pouvons pas le reporter
ou le retarder.
Le Seigneur
Jésus, dans l'Evangile, revient sur les trois éléments principaux de notre
parcours de Carême et nous dit, de manière pratique, comment ils doivent être
accomplis. Il déclare que ce n'est pas le moment pour nous de faire étalage de
religiosité. Beaucoup de gens qui habituellement ne viennent pas à l'église ou
ne pratiquent aucune œuvre de piété spirituelle et corporelle vont maintenant,
tout à coup, devenir de grands pratiquants et les personnes les plus
religieuses. Certains ne manqueront pas d'utiliser les réseaux sociaux et les
moyens de communication pour exposer leur religiosité. Le Seigneur nous avertit
: « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant
les hommes pour vous faire remarquer... » En conséquence, il dit : « Quand tu
fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites
qui se donnent en spectacle... Quand vous priez, ne soyez pas comme les
hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours
pour bien se montrer aux hommes quand ils prient... Quand vous jeûnez, ne
prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour
bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent… » Dans votre cheminement de Carême,
vous n'êtes en compétition avec personne. Vous ne jeûnez pas, ne priez pas et
ne faites pas l'aumône pour que quelqu'un vous exalte. Vous le faites pour
vous-même, pour vous réconcilier avec vous-même, avec les autres et avec le
Seigneur. Par conséquent, aucune publicité ou avertissement n'est nécessaire.
Dieu connaît votre cœur. C'est ce cœur qu'il veut que vous transformiez.
Que ce pèlerinage du Carême nous aide à faire une pause, à modérer et contrôler nos soifs de pouvoir, de plaisir et de possession, et nous amène à faire le bon chemin de conversion. Que ces cendres sur notre tête ne soient pas seulement une pratique extérieure, mais le signe d’une conversion intérieure et sincère.
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