Salut et Gratitude.
9 OCTOBRE 2022.
Dimanche, 28ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C.
Lectures : 2 R 5, 14-17 ; 3 97 (98), 1, 2-3ab,3cd-4 ; 2 Tm 2, 8-13 ; Lc 17, 11-19« Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Luc 17,18
Un proverbe Paraguayen dit : « La gratitude est la moindre des vertus, mais l'ingratitude le pire des vices. » Et un proverbe Swahili ajoute : « La gratitude que les abeilles reçoivent est la fumée que les gens utilisent pour les expulser et prendre leur miel. »
Le salut est pour tous. Ce n'est pas la propriété privée d'un groupe ou d'un peuple spécifique. Le Seigneur veut sauver tout le monde et tout le monde. Ce qui est requis pour entrer dans ce grand et mystérieux don, c'est la foi. La foi, comme nous l'avons entendu dimanche dernier, est ce qui conduit au salut et rend les miracles possibles. Et cette foi n'a pas de couleur, pas de langue, pas de race. Elle est ouverte à tous et pour tous, étrangers ou nationaux, jaunes ou verts, blancs ou noirs. Dans l'univers des grâces et des miracles de Dieu, il n'y a rien d'écrit tel que "Pas d'intrusion. Propriété privée."
Les lectures d'aujourd'hui nous replongent dans l'univers de la foi comme quelque chose d'universel et elles mettent aussi en lumière une autre belle vertu qui jaillit de la foi authentique, à savoir la gratitude. Tout est question de foi et de gratitude. La foi fait des miracles pour nous et la gratitude est notre retour à Dieu.
Commençons par le deuxième point de l'Evangile, celui de la gratitude. On peut lire à ce sujet dans l'enseignement de l'Église : « L’action de grâces caractérise la prière de l’Église qui, en célébrant l’Eucharistie, manifeste et devient davantage ce qu’elle est. En effet, dans l’œuvre du salut, le Christ libère la création du péché et de la mort pour la consacrer de nouveau et la faire retourner au Père, pour sa Gloire. L’action de grâces des membres du Corps participe à celle de leur Chef. » CEC 2637
Notre être profond en tant que chrétiens prend son sens à travers la gratitude ou l'action de grâce. Non seulement c'est le sommet de notre prière, mais c'est aussi ce pour quoi nous avons été créés, louer et rendre grâce à Dieu pour toutes ses bénédictions et pour son amour à l'œuvre en nous.
La première lecture et l'Evangile se rejoignent sur deux éléments similaires. Des personnes malades cherchent la guérison de la lèpre. Une fois guéris, certains reviennent, le cœur rempli de gratitude pour louer le Seigneur et rendre grâce. Et ces gens sont des païens ou des étrangers. Dans la première lecture, on entend parler de Naaman le Syrien qui après avoir exécuté l'ordre du prophète Elisée, se trouva guéri de sa lèpre. Ensuite, l'auteur mentionne que Naaman est retourné vers l'homme de Dieu et a reconnu la grandeur Seigneur et a chanté ses louanges. Il voulut offrir beaucoup de choses matérielles au prophète, mais ce dernier refusa. Par conséquent, Naaman, par gratitude, demanda à être autorisé à emporter de la terre d'Israël afin qu'il n'adore aucun autre Dieu que le Seigneur qui l'avait guéri.
Comme il l'a fait pour Naaman, le Seigneur notre Dieu est toujours à l'œuvre dans nos vies pour nous guérir de toutes nos infirmités et des blessures de nos péchés. Comment alors retournons-nous vers lui ?
Dans l'Evangile, une autre guérison et le retour en gratitude. Luc raconte l'histoire de dix lépreux qui demandaient purification et guérison. Le Seigneur leur a ordonné quoi faire. En chemin, tous furent guéris. Mais étonnamment, un seul est revenu pour louer le Seigneur et exprimer sa gratitude pour le miracle. Voilà le paradoxe de la vie humaine et la triste réalité dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Beaucoup de gens ont perdu le sens de la gratitude. Ils tiennent tout pour acquis. Peu importe ce que le Seigneur fait pour eux, ils ne reviennent pas à lui pour rendre grâce.
Nous avons dit que la gratitude est un acte de foi. C'est un élément essentiel de la foi authentique et aussi un signe d'obéissance. C'est la première et la plus grande chose que nous devons à Dieu bien plus que nos offrandes et dons matériels. En ce sens, les ingrats ne méritent pas de vivre car, même le souffle qu'ils respirent chaque jour leur est donné par Dieu.
Il y a quelques années, j'ai écrit une méditation sur la gratitude inspirée de l'histoire d'un de nos anciens séminaristes et religieux. Il a vécu avec la Congrégation religieuse pendant environ six ans. Tous ses besoins, humains, académiques et autres, ont été pris en charge et pourvus par la Congrégation. Il est diplômé en philosophie et a écrit de longues lignes de Remerciements à ses amis, sa famille, ses professeurs et bien d'autres personnes. Malheureusement, nulle part dans sa litanie de gratitude il n'a mentionné la Congrégation ni les prêtres qui ont travaillé à sa formation... Il était d'une gratitude sélective. Quelle tristesse de lire ce manque de reconnaissance envers la famille religieuse qui l'a fait. Et c'est la situation de beaucoup de jeunes aujourd'hui, indifférents ou de gratitude sélective.
Comme ce jeune homme, beaucoup de gens manquent aujourd'hui de gratitude envers le Seigneur. Non seulement ils tiennent tout pour acquis ou comme un droit pour eux, mais ils se plaignent même quand les choses ne se passent pas comme prévu. La gratitude étant un acte de foi, l'ingratitude parle donc d'un manque de foi. C'est une forme de rejet du Seigneur. Et Paul dans la seconde lecture peut nous en avertir. Si nous rejetons le Seigneur par ingratitude, il nous rejettera aussi. Bien qu'il ne se reniera jamais étant infidèle à ses promesses, le Seigneur ne s'oppose pas à notre choix. Si nous choisissons de l'abandonner ou de nous détourner de lui, il respecte notre liberté. Ainsi, Paul peut déclarer : « Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même. » Comme Naaman et l'étranger dans l'Evangile, soyons des gens de grande foi et remplis de gratitude envers le Seigneur pour toute sa bonté et son amour. Puissions-nous ne jamais tenir aucune de ses bontés pour acquises ni le renier par notre ingratitude.
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