Le Pouvoir de la Séduction.
3 SEPTEMBRE 2023.
Dimanche, 22ème
Semaine du Temps Ordinaire — Année A.
Lectures : Jr 20, 7-9 ; Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 8-9 ; Rm 12, 1-2 ; Mt 16, 21-27.
Un proverbe Français
dit : « L’exemple est le plus grand de tous les séducteurs. » Et un proverbe Espagnol
ajoute : « Le serpent qui séduisit Ève parlait Espagnol. »
La séduction est
en soi un art. Cela consiste à montrer à quelqu’un le beau côté de quelque
chose. Mais quand on prend le temps de regarder au plus profond, cela ne cache
pas ce qu'il faut pour posséder ou vivre pleinement cette chose, c'est-à-dire
les sacrifices qui vont avec. On entend et on parle surtout de séduction dans les
relations amoureuses. Et en ce sens, les femmes sont les expertes. J'ai lu
quelque part que la séduction est un jeu de psychologie, et non pas de beauté.
Les séducteurs se considèrent comme des fournisseurs de plaisir. Quand les gens
vous séduisent, ils semblent vous offrir les moments les plus heureux et les
plus grands de la vie. Mais une fois que vous y tombez, vous découvrez ce
qu’est le vrai bonheur. Cela n’enlève pas les croix et les épreuves mais les
transforme en moyens d’épanouissement personnel.
Pourquoi parlons-nous
aujourd’hui de la séduction et de son pouvoir ? Tout simplement parce que les
lectures nous y conduisent. Dans la première lecture, nous entendons le
prophète Jérémie se plaindre que Dieu l'a séduit. Comme tous ceux qui tombent
dans le piège de la séduction, Jérémie était convaincu que répondre à l'appel
de Dieu le mènerait au succès et à une vie facile. C'était un rêve ou une expectative.
La réalité était différente.
La vie ne sera
pas aussi juste qu'il le pensait. Le Prophète ira de la moquerie aux insultes,
du rejet à la maltraitance. Dans ses propres mots, on entend : « À longueur de
journée je suis exposé à la raillerie, tout le monde se moque de moi. Chaque
fois que j’ai à dire la parole, je dois crier, je dois proclamer : « Violence
et dévastation ! » À longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi
l’insulte et la moquerie. » Le fait est qu’il ne peut pas se soustraire au
statut de prophète. Son cœur est pleinement saisi par Dieu et brûle pour lui et
sa parole. Par conséquent, le Prophète sera résolu à mener à bien sa mission,
quel que soit le prix à payer.
Dans l’Évangile,
nous avons quelque chose d’assez semblable. Après que Pierre ait confessé Jésus
comme le Messie, le Fils du Dieu vivant, le Seigneur a commencé à révéler le
contenu de son Messianisme, la Passion et la Mort qu'il entreprendra, et sa
future Résurrection. Mais cela ne répond pas aux attentes et au programme de Pierre.
Pourquoi le Messie doit-il souffrir ? Pierre a été séduit par l'image de la
gloire. La souffrance ne faisait pas partie du plan. Ainsi, nous lisons qu’il a
essayé de réprimander Jésus : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera
pas. » Mais Jésus le réprimandera encore davantage : « Passe derrière moi,
Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles
de Dieu, mais celles des hommes. » Autant dire que la souffrance n’est pas un
ajout ou complément, elle est plutôt une partie et l’élément central du projet
de salut. Lorsque nous sommes séduits par Dieu, nous devons être prêts à
affronter les épreuves et les tribulations. La Croix fait partie intégrante du
plan.
Ce n'est pas une
chose intrusive. La vie chrétienne ne peut se conjuguer sans la Croix. C'est
plutôt aux pieds de la Croix que nous donnons le véritable témoignage de notre
foi et de notre appartenance au Christ. Car, dit-il : « Si quelqu’un veut
marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me
suive... » Celui qui ne veut pas ou n'est pas prêt à porter la croix avec Jésus
et à marcher après lui sur les chemins des tribulations, de l'humiliation, du
rejet et même du martyre n'est pas un vrai disciple du Christ. Beaucoup sont
malheureusement des chrétiens de nom qui aiment le Christ mais détestent sa Croix.
Leurs Évangiles préférés sont l'Évangile des miracles, de la guérison, de la
multiplication du pain et de la marche sur la mer sans vagues ni vents. Quand
viennent les vents, les vagues et toutes autres tribulations, ils perdent
espoir, et certains même s'éloignent de lui.
Jésus n'est pas
venu pour promettre la fortune ou les possessions terrestres. Il est venu nous
apporter le salut. Et ce salut ne sera effectif que sur la Croix, dans son
sang, et par sa mort. En tant que disciples, non seulement nous devons accepter
et croire ce fait, mais nous devons aussi être prêts à marcher sur ses traces,
c'est-à-dire à porter notre croix après lui. Le Seigneur nous met en garde en
nous interrogeant : « Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le
monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange
de sa vie ? »
Pour conclure
notre méditation, quelle devrait être notre relation ou attitude envers les
richesses et les possessions matérielles ? Beaucoup de gens affirment que
l’Église promeut la pauvreté et la haine des richesses et du matériel. Cela est
loin d'être vrai. L’Église n’enseigne pas que la possession matérielle est
mauvaise. Elle met seulement en garde sur l'usage ou la place qu'on lui accorde
dans nos vies. Le mal est ce que nous faisons de nos biens et la manière dont
nous les utilisons. Dans les Saintes Écritures, « Le Seigneur se lamente sur
les riches, parce qu’ils trouvent dans la profusion des biens leur consolation
(Lc 6, 24). "L’orgueilleux cherche la puissance terrestre, tandis que le
pauvre en esprit recherche le Royaume des Cieux" (S. Augustin, serm. Dom.
1, 1, 3 : PL 34, 1232). L’abandon à la Providence du Père du Ciel libère de
l’inquiétude du lendemain (cf. Mt 6, 25-34). La confiance en Dieu dispose à la
béatitude des pauvres. Ils verront Dieu. » CEC 2547
L'argent ne nous sauvera pas, ni tous les biens matériels pour lesquels nous courons. Nous en avons besoin pour la vie, mais ils ne doivent pas être la raison de notre vie. Comme Paul pouvait avertir les Romains, nous ne devons pas nous conformer au modèle du monde, mais transformer le monde à travers la voie et l’Évangile du Christ. En toute chose, nous devons discerner ce qui est bon et quelle est la volonté de Dieu, et être prêts à suivre le Christ, même sur le chemin difficile et rocailleux de la Croix. Car la Croix est notre échelle et la clé vers le ciel. Puissions-nous nous laisser séduire par Dieu et sa parole plutôt que par le monde et ses trésors éphémères. Car le monde passera, mais jamais la parole de Dieu et ses promesses.
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