Désert, Tentations, Fidélité à l'Alliance d'Amour et Liberté.

18 FÉVRIER 2024.
1er Dimanche de Carême — Année B.

Lectures : Gn9, 8-15 ; Ps 24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9 ; 1 P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15.

« Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. » (Marc 1,12)

Un proverbe Arabe dit : « Dans le désert de la vie, le sage voyage en caravane, tandis que l’insensé préfère voyager seul. » Un proverbe Bambara ajoute : « Le plus grand crime dans un désert est de trouver de l’eau et de garder le silence. »

Dans la vie de chacun, il y a des moments où nous sommes mis à l'épreuve. Nous sommes parfois tentés au-delà de notre capacité de résistance. Toutes les tentations que nous traversons mettent à l’épreuve notre capacité à demeurer fidèles à nos promesses et à nos alliances. Personne n’est à l’abri des tentations. Même Jésus, le Messie, le Fils de Dieu, n’était pas à l’abri de la tentation. La capacité de résister et de rester fidèle face aux tentations est ce qui détermine notre amour. Celui qui aime vraiment, endure et résiste.

D’ailleurs, sans tentation, on ne peut pas juger de la fidélité de quelqu’un. Les tentations deviennent donc la clé et l’outil de l’évaluation.

En ce temps de Carême, chacun de nous est invité à se laisser conduire dans le désert de sa vie, lieux de profonde intimité avec lui-même et avec Dieu, et à être évalué sur la façon dont nous gardons foi en Dieu, surtout dans les moments d'épreuves et les tribulations.

Le Pape François, pour ce Carême 2024, a donné un beau message intitulé : « À travers le désert Dieu nous guide vers la liberté. »

Le désert est un lieu de solitude et de réflexion sur soi. C'est aussi un lieu de rencontre, de rencontre avec Dieu et de rencontre avec soi-même. Le plus beau, c'est que le désert est un lieu où l'on apprend à être libre. Grâce à l'expérience du désert, nous nous libérons des possessions et de l'accumulation matérielles, libres de l'esprit du monde fait de consumérisme, libres de la présomption et des idées préconçues, libres des commérages, de la haine, de la jalousie et de tout ce qui charge nos vies dans l’ordinaire de nos jours. Même si, en réalité, les déserts ne sont pas un endroit agréable, l’expérience du désert est la plus formatrice dont on a besoin pour atteindre toute forme de maturité, aussi bien spirituelle. Le Saint-Père, après avoir parcouru l'expérience des enfants d'Israël dans le désert et bien d'autres expressions du désert comme lieu de prière, d'intimité et de communion, affirme : « Le désert est l’espace dans lequel notre liberté peut mûrir en une décision personnelle de ne pas retomber dans l’esclavage. » C'est exactement ce à quoi nous sommes appelés, au cours de ce pèlerinage de Carême, à décider de ne pas être esclaves du péché, de ne pas être esclaves des biens matériels, de ne pas être esclaves du soi et de ses désirs, mais plutôt d'ouvrir la voie à une vie véritable et authentique, l'amour sacrificiel.

Dans notre première lecture, nous entendons parler de l'alliance de Dieu avec Noé et ses enfants après le déluge qui a effacé de la terre tout mal et tous les malfaiteurs. Le Seigneur promet que sa colère ne s’abattra plus jamais pour détruire la terre. En signe, il a donné l’arc-en-ciel, un arc d’amour, d’harmonie et de paix. L’image de l’alliance est ici parfaite.

L'Évangile parle de l'expérience du Seigneur Jésus dans le désert. C'était pour lui un lieu de tentations, mais aussi un lieu de fidélité à son Père. Marc relate que Jésus a été tenté par Satan et que les anges l'ont servi. Après cette expérience du désert, le Seigneur commence son ministère public, une mission qui le mènera jusqu'au Calvaire et à sa mort et sa Résurrection.

En ce temps de Carême, nous avons entrepris ce voyage avec lui. Nous sommes invités à l’accompagner dans les déserts de notre vie, à affronter les tentations, à combattre le péché, à mourir à nos péchés et avec lui, à nous relever vers une nouveauté de vie. Ce chemin de mourir avec le Seigneur et de ressusciter avec lui, nous l'avons déjà fait dans notre Baptême. Mais parce que nous sommes encore en chemin de purification et vers la perfection, le Carême vient nous rappeler la nécessité d’une conversion quotidienne et continuelle. Saint Pierre, dans sa lettre pastorale, présente la réalité du baptême comme une nouvelle naissance après la mort. Selon les paroles de l'Apôtre, cette naissance sacramentelle a été préfigurée par le déluge, au temps de Noé. Tout comme le déluge avait pour but de purifier, le baptême nous plonge dans la mort du Christ, nous purifie et nous régénère pour une vie nouvelle.

Pendant cette période, puissions-nous ouvrir nos cœurs et nos vies à l’expérience du désert. Avec le Christ, affrontons et vainquons toutes les tentations. Gardons fidèlement l’alliance d’amour de Dieu. Ce n’est qu’à ce prix que nous serions vraiment libres et heureux. Nous devons toujours nous rappeler que le Carême n’est pas un temps de tristesse, mais de liberté, de nouveauté et de bonheur. Christ, en cette période, mourra pour que nous puissions vivre heureux et libres du péché et de son corolaire de mort.


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