Montagne de Révélation, Montagne de Fidélité.

25 FÉVRIER 2024.
2ème Dimanche de Carême — Année B.

Lectures : Gn22, 1-2.9-13.15-18 ; Ps 115 (116b), 10.15, 16ac-17, 18-19 ; Rm 8,31b-34 ; Mc 9, 2-10.

« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. » Mc 9,2

Un proverbe Chinois dit : « Il faut gravir la montagne pour voir la plaine. » Un proverbe Ivoirien ajoute : « Si une grenouille quitte le marais pour la montagne, c’est qu’elle est en danger. »

Nous sommes aujourd'hui dans la deuxième semaine de notre pèlerinage de quarante jours et la liturgie met l'accent sur la réalité de la foi. Nous sommes invités à faire place à la fidélité à Dieu en écoutant sa voix et en obéissant à ses commandements. Et le plus beau, tous ces appels à la fidélité se produisent au sommet de Montagnes car les hauts lieux, les montagnes se dressent comme des lieux de rencontre avec le Seigneur.

Après celui du désert dimanche dernier comme lieu d'intimité, de prière et de fidélité, nous sommes aujourd'hui emmenés vers un autre lieu de rencontre, la montagne. Il est dit que les montagnes ont un symbolisme religieux logique pour les cultures juive et chrétienne puisqu’elles sont "plus proches de Dieu" qui habite dans les cieux. Les montagnes sont fréquemment mentionnées dans la Bible. Dieu se révèle souvent au sommet d’une montagne dans les Saintes Écritures. Chaque fois que le Seigneur voulait parler à son peuple ou conclure une nouvelle alliance avec lui, il l'appelait sur une montagne. En ce sens, de nombreux hauts lieux ou montagnes ont un impact significatif sur les gens, leurs croyances et leurs relations avec le Seigneur. Le mont Sinaï est le lieu où Moïse a reçu le don de la loi, les dix commandements, la constitution d'Israël en tant que peuple de Dieu. C'est aussi le lieu où les grands prophètes, comme Élie, ont rencontré le Seigneur. Dans l’Évangile de Matthieu, Jésus délivre les Béatitudes sur une montagne, d’où l’appel, le sermon de la Montagne, évoquant l’image de Moïse qui reçut les dix commandements sur le mont Sinaï.

Ainsi, de l’Ancien au Nouveau Testament, la montagne a un impact significatif sur la relation entre Dieu et son peuple. Et tout le mystère du salut, pourrait-on dire, est écrit sur les montagnes, le mont Horeb (Sinaï), le mont Thabor et le mont Golgotha.

Dans la première lecture d'aujourd'hui, dans le cas du sacrifice abrahamique de son Fils Isaac, la montagne tient également une place. Le Seigneur demanda à Abraham d'aller à la montagne qu'il lui montrerait lui-même, et là, de lui offrir en sacrifice son fils Isaac, le fils de l'alliance. Sur cette montagne, la foi d'Abraham est mise à l'épreuve, et Dieu, voyant sa foi, fera une alliance avec Abraham. Abraham a la promesse d’une bénédiction pour de nombreuses générations et d’innombrables descendants. Ainsi, Abraham est devenu le père de tous les croyants, notre père dans la foi. La Montagne se dresse ici comme un lieu de sacrifice, d'alliance et de fidélité.

Dans le Nouveau Testament, une autre scène de montagne très significative est la Transfiguration de Jésus, l'épisode de l'Évangile d'aujourd'hui. Nous avons un récit dans Matthieu et aussi avec Marc. Jésus apparaît avec Moïse et Élie, qui ont eux-mêmes rencontré Dieu au sommet de la montagne dans l'Ancien Testament. La Transfiguration est le moment où les disciples rencontrent Dieu à travers Jésus, et Jésus, à son tour, est considéré comme l'accomplissement de la loi (Moïse) et des prophètes (Élie). On pourrait la décrire comme l'événement de trois montagnes : le Sinaï (Moïse et Élie) ou la Loi et les Prophètes, le Thabor (Jésus), et enfin la troisième montagne, celle sur laquelle notre attention est le plus portée, surtout en ce temps de Carême, le Calvaire, où Jésus portera sur la croix les péchés de tous les hommes, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. Dans cet événement singulièrement significatif de la vie de Jésus qu'est la Transfiguration, non seulement l'identité du Seigneur est manifestée, mais un ordre et un commandement nouveau sont donnés : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » C'est l'ordre divin d'écouter le Seigneur.

Le Carême est un excellent moment pour rencontrer le Seigneur. C'est aussi le meilleur moment pour entendre sa voix et l'écouter, pour se conformer à ses paroles. Nous vivons dans un monde rempli de tant de cacophonies et de rumeurs assourdissantes que nous ne parvenons souvent pas à écouter ou que nous ne savons plus comment et quoi écouter. L’appel s’adresse à vous et à moi aujourd’hui. Comme Pierre, Jean et Jacques, nous sommes invités à nous laisser conduire jusqu'à la montagne de notre intimité avec le Seigneur, à ouvrir les oreilles de notre cœur et à sentir le Seigneur qui nous parle. Il prononce des paroles d'amour, de foi, d'obéissance à la volonté de Dieu et surtout de sacrifice.

Tout comme dans sa conversation avec Moïse et Élie, Jésus a parlé de sa passion prochaine, de sa mort et de sa résurrection, le sacrifice suprême de l'amour, de même nous sommes pressés d'affronter toutes nos épreuves et tribulations comme une contribution au sacrifice d’amour. C’est seulement alors que nous pourrons conclure une nouvelle alliance avec le Seigneur.

Saint Paul nous dit que Dieu n'a pas épargné son Fils. Il l'a offert en sacrifice d'expiation pour nos péchés. Nous ne serons donc pas épargnés non plus. Comme Jésus et avec Jésus, nous souffrirons. Mais, « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Grande assurance. Rien ne nous fera jamais de mal si nous gardons notre foi profondément enracinée dans le Seigneur. Dans notre vie quotidienne, après des périodes d'épreuves et de tentations, nous devrions considérer les montagnes comme les meilleurs endroits de la révélation de Dieu et de notre fidélité ou obéissance à sa volonté.

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