« Dieu ne fait preuve d’aucune partialité. » Universalité du Salut, Universalité de l'Amour.

5 Mai 2024.
Sixième Dimanche de Pâques – B.

Lectures : Ac 10,25-26.34-35.44-48 ; Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4 ; 1 Jn 4, 7-10 ; Jn 15, 9-17.

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour… » Jn 15, 9

Un proverbe Bantou dit : « Une mère de jumeaux doit avoir des seins impartiaux. » Un proverbe Indien ajoute : « Si vous achetez une vache, assurez-vous que le prix de la queue est inclus. »

L’une des plus grandes et des plus belles vérités que nous apprenons de la Résurrection du Seigneur est que le salut de Dieu est une offre pour tous. Dieu ne montre aucune partialité. Ou pour le chanter avec le Psalmiste : « Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations. »

Dans l’enseignement de l’Église, la doctrine du salut universel est connue sous le nom d’Apokatastasis ou Apocatastasis. L’on dit en théologie, l’apocatastase est la restauration de la création à un état de perfection. Il s’agit d’une forme d’universalisme chrétien qui inclut le salut ultime de tous, y compris des damnés de l’enfer et du diable. Le Nouveau Testament fait référence à « l’apocatastase de toutes choses ».

Dans sa lettre encyclique Redemptoris Missio, le Pape Jean-Paul II exprime avec force la même position, à savoir que le but de la mission du Christ était la rédemption de tous. Ainsi, au paragraphe 10 de sa lettre, le Saint-Père titre : « Le salut est offert à tous les hommes » et il le dit clairement : « L'universalité du salut ne signifie pas qu'il n'est accordé qu'à ceux qui croient au Christ explicitement et qui sont entrés dans l'Eglise. Si le salut est destiné à tous, il doit être offert concrètement à tous. Mais il est évident, aujourd'hui comme dans le passé, que de nombreux hommes n'ont pas la possibilité de connaître ou d'accueillir la révélation de l'Evangile, ni d'entrer dans l'Eglise. Ils vivent dans des conditions sociales et culturelles qui ne le permettent pas, et ils ont souvent été éduqués dans d'autres traditions religieuses. Pour eux, le salut du Christ est accessible en vertu d'une grâce qui, tout en ayant une relation mystérieuse avec l'Eglise, ne les y introduit pas formellement mais les éclaire d'une manière adaptée à leur état d'esprit et à leur cadre de vie. Cette grâce vient du Christ, elle est le fruit de son sacrifice et elle est communiquée par l'Esprit Saint : elle permet à chacun de parvenir au salut avec sa libre coopération.

C'est pourquoi le Concile, après avoir affirmé le caractère central du Mystère pascal, déclare : « Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associés au Mystère pascal. »

En ce sixième Dimanche de Pâques, notre réflexion et notre méditation sont tournées vers cette réalité de l'universalité du salut. Dieu veut que nous soyons tous sauvés, c'est pourquoi il a envoyé son Fils qui a souffert, est mort et est ressuscité des morts pour nous donner l'espoir de la résurrection. En Jésus, tous sont appelés à être sauvés. Ce message jaillit de la première lecture et se révèle vrai dans l’Évangile. L'expérience de Pierre et de ses compagnons dans la maison de Corneille est l'expression du salut offert à tous. Et Pierre déclare : « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. » Ni lui, ni ses extrémistes et radicalistes, chrétiens circoncis ou judaïstes, ne pouvaient comprendre pourquoi Dieu déversait son Saint-Esprit sur les païens, avant même que ceux-ci ne soient baptisés. En conséquence, Pierre leur a ordonné de se faire baptiser au nom de Jésus.

Le salut est un don de Dieu pour tous. C'est aussi le débordement de son amour. C'est pourquoi il a envoyé son Fils. Et c'est aussi la raison pour laquelle le Fils de Dieu a choisi les douze et en a fait les intendants de son amour.

Dans l'Évangile, Jésus parle de cet amour. L'amour est en réalité la raison et la cause de notre salut. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. » Jésus a dit. Et c’est pour cet amour et partant de cet amour que Jésus a mandaté ses apôtres. L'amour les a libérés et les a envoyés devenir des instruments d'amour envers les autres. « Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »

Nous vivons dans un monde où l’amour est devenu un simple mot ou une expression que tout le monde utilise, mais que très peu de gens vivent. Jean en a fait une demande dimanche dernier, en deuxième lecture : « N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. » Aujourd'hui encore, l'Apôtre de l'amour, le disciple bien-aimé pousse plus loin l'enseignement. Il dit : « Aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. » Nous devenons enfants de Dieu et nous ne le connaissons vraiment que lorsque notre amour les uns pour les autres est sincère et tangible. Comme nous l’avons dit plus haut, le mystère du salut est un mystère d’amour. C'est pourquoi le salut est universel parce que l'amour est universel. L'amour ne fait aucune partialité. Il est ouvert à tous et s'adresse à tous. Celui qui refuse d'aimer se refuse par conséquent au salut.

Malheureusement, l’égoïsme, le narcissisme et l’indifférence étant opposés à l’amour, de nombreuses personnes se condamnent aujourd’hui à la damnation parce qu’elles refusent d’aimer. Quiconque refuse de donner un coup de main à son frère ou à sa sœur dans le besoin se condamne lui-même. Lorsque nous jouons les aveugles, les sourds, les muets et les indifférents face à une situation d'injustice, nous faisons un pas de géant vers notre propre damnation.

En conclusion, le salut est universel, offert à tous par Dieu en raison de son amour universel. Mais pour y entrer et en bénéficier véritablement, il faut s’ouvrir à l’amour et aimer vraiment. Car « Amor, con amor se paga ». Jésus a payé nos péchés par son amour. Répondons à son amour par l’amour et la charité envers nos frères et sœurs. « La charité, et seule la charité sauvera le monde. » Telle est la plus grande nouvelle de Pâques.


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