Dieu de Tous, Dieu pour Tous.
16 AOÛT 2020
Dimanche, 20ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A
LECTUREs: Is 56, 1.6-7; Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8; Rm 11, 13-15.29-32; Mt 15, 21-28.
Un proverbe Bambara
dit : « Unis nous sommes un rocher, divisés nous sommes du sable. » Et un
proverbe Marocain ajoute : « Le monde des humains est divisé par des
lignes, mais l'esprit ne connaît pas de limites, le cœur pas de barrières. »
L'amour de Dieu
ne fait aucune distinction entre riches et pauvres, grands et petits, noirs,
blancs, jaunes, rouges… Car, Dieu ne connaît ni étranger, ni allogène, ni hétérogène.
Nous lui appartenons tous. Même si nous avons nos différences, il fait de nous
un seul peuple.
La liturgie
d’aujourd’hui, Vingtième dimanche du temps ordinaire - A, vient nous dire que
les catégories et terminologies d’étrangers ou d’allogènes ne s’appliquent pas dans
la relation de Dieu avec nous. Avec lui, nous ne sommes pas des étrangers, ni
des allogènes. Tous, sommes appelés et accueillis dans son amour. Il accueille
aussi bien les Juifs que les non-Juifs ou les Païens. La seule exigence pour
expérimenter sa bonté et sa compassion est la foi.
Par
l'intermédiaire du prophète Isaïe, en première lecture, le Seigneur Dieu
annonce qu'il guidera des étrangers sur sa sainte montagne. Il exhorte son
peuple en ces termes : « Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut
approche, il vient, et ma justice va se révéler. » Dieu ne fait aucune
différence sur les origines, les races, les cultures, les langues ou les
couleurs en dévoilant son amour. Il est juste pour celui qui est juste et punit
le mal des méchants. Il dit clairement : « ma maison
s’appellera : "Maison de prière pour tous les peuples". » Nos
Églises n'ont pas de couleur et ne devraient pas en avoir. Il ne devrait y
avoir aucune discrimination ou distinction entre nous.
Ces dires,
cependant, sont des idéaux et même tellement idéalistes qu'ils ressemblent à
une sorte d'utopie et irréaliste. Car, l'idéal, très souvent, ne correspond pas
à la réalité et aux pratiques sous certains cieux. Une fois, j'ai entendu
parler des histoires de certains prêtres, pasteurs, hommes et femmes de Dieu
victimes de discrimination dans certains endroits où ils ont été affectés soit
en raison de la couleur de leur peau, soit en raison de leur langue, de leur
culture ou de leur origine. Dans certains endroits, le régionalisme et
l'ethnocentrisme sont transportés jusque dans l'Église. Il y a aussi des
moments où, ce sont les hommes ou femmes de Dieu qui provoquent des
discriminations et des divisions parmi leurs paroissiens et fidèles, en fonction
de ce que nous avons énuméré plus haut (culture, langue, origine, couleur,
région…) Le Seigneur Dieu dit : « ma maison s’appellera : Maison de prière pour
tous les peuples. » Il n'a pas dit que ce serait une maison pour des groupes
spécifiques ou classifiés, mais plutôt pour tous les peuples. Par conséquent,
celui qui prétend être un croyant mais agit pour la ségrégation ou la division
doit savoir que la division ne vient pas de Dieu, mais du diable. Il est le ‘Diabolos’,
celui qui ‘calomnie’ lié au mot Grec "diabolous", qui signifie "diviseur".
En prônant la division et la discrimination envers les autres, on se fait
disciple de ce ‘diabolos’.
Jésus, dans
l'Évangile, nous donne à voir l'accomplissement de la prophétie d'Isaïe. Il a
fait un miracle pour une femme Cananéenne en raison de sa grande foi. Bien que
le Seigneur ait déclaré au début qu'il n'avait été envoyé que pour le peuple
d'Israël, à cause de la foi de la femme et de sa fermeté, il a donné une
réponse favorable à son appel. La foi n'a pas de couleur. La foi ne fait aucune
différence. C'est plutôt ce qui nous unit en une communauté, quelles que soient
nos provenances et nos diversités.
Saint Paul est
d’accord sur le fait que les dons de Dieu s’étaient d’abord adressés aux
enfants d’Israël. Cependant, parce qu’ils ont refusé de croire en Jésus Christ,
et pour le rejet qu’ils ont opposé à ses paroles, cette bonne nouvelle du salut
de Dieu a été ouverte à toutes les nations. En Jésus, toutes les barrières de divisions
et de discriminations sont tombées.
Frères et sœurs,
nous devons évaluer nos réalités, la vie de nos communautés chrétiennes, et
veiller à ne pas faire de discriminations, de distinctions ou de ségrégations
basées sur la couleur, les classes sociales, les origines, les langues… Car,
nous ne pouvons pas rêver d'égalité de droits, de justice et d'équité dans nos
sociétés, nos pays et dans le monde, si nous ne commençons pas à défendre ces
valeurs dans l'Église et parmi nous croyants et disciples du Christ. La discrimination
entre chrétiens est l’arme que le diable utilise pour blesser le corps du
Christ qui est l’Église. Les églises, paroisses ou congrégations et
associations où les gens sont séparés par le régionalisme, l'ethnocentrisme, et
le racisme, le Christ n'y est plus. Si dans certaines sociétés, la persécution
des chrétiens est un mal grave, la discrimination entre les chrétiens est une
douleur plus grave que les chrétiens eux-mêmes s'infligent les uns aux autres
et au Corps du Christ.
La discrimination
est l'un des fléaux les plus douloureux qui infecte et affecte notre monde. Les
modules et les sources de discrimination sont innombrables et ils conduisent
souvent à des crimes inhumains et bestialisant. Il y a quelques mois, alors que
le monde entier combattait, et encore jusqu'à aujourd'hui, le Corona Virus avec
sa pandémie COVID-19, les États-Unis ont ajouté une autre bataille à la
souffrance sanitaire, le mouvement #Blacklivematter. Cela était consécutif à
l'assassinat barbare et cruelle d'un homme noir par un flic blanc ; un
crime basé sur l'élément de différence raciale. Nous avons tous vu ce qui a été
et sont les conséquences de ce crime. Car, la discrimination est une
transgression aux conséquences énormes et à peine curatives.
Malheureusement,
que l’on soit chrétiens ou non-chrétiens, d'une manière ou d'une autre, nous
abusons des droits des autres, nous les discriminons et nous nous pensons
supérieurs à eux. Le blanc pense que les noirs sont des sous-hommes ; les noirs
pensent que les blancs sont inhumains ou sans cœur. Les jaunes se pensent
supérieurs aux rouges. Les rouges pensent que les jaunes sont immoraux ... En
pensant à tout cela, je ne peux m'empêcher de chanter ces paroles de Lucky Dube
: Différentes couleurs, un seul peuple (Different colors, one people).
Comments
Post a Comment