Immaculée Conception, d'Eve à Marie
8 DÉCEMBRE 2020
Immaculée Conception de la Vierge Marie —
Solennité
LECTUREs: Gn 3, 9-15.20; Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4; Ep 1, 3-6.11-12; Lc 1, 26-38.
Un proverbe Turc dit : « Heureux celui dont les propres fautes l'empêchent de fustiger les fautes des autres. » Et un proverbe Samoan ajoute : « La faute a été commise dans la brousse, mais on en parle maintenant sur l'autoroute. »
Eve, dans
l'Ancien Testament, et Marie, dans le Nouveau Testament, sont deux personnages
bibliques importants dont nous entendons tous parler. Eve incarne la faute et
le péché de la désobéissance et Marie, la justice et l'obéissance. La première,
Eve, est conçue dans le péché, et nous pourrions dire, à travers elle, le péché
est entré dans le monde et nous sommes devenus tous pécheurs. Eve est décrite
comme la porte par laquelle le mal est entré dans l'humanité. La seconde,
Marie, est conçue sans péché, de sorte que par elle naîtra celui qui libérera
l'humanité pécheresse du péché.
La solennité
d'aujourd'hui nous permet, non seulement de réfléchir sur la réalité du péché,
mais aussi de méditer sur les deux figures que sont Eve et Marie, deux femmes à
travers lesquelles le mystère du péché et du salut trouve son origine et son
accomplissement. Car, dans son Immaculée Conception, Marie se révèle à notre
humanité comme la seconde Eve. Elle est le nouveau commencement de Dieu, sa
nouvelle création pour la race humaine. Si par Eve tombant sous la séduction du
serpent, nous sommes tous devenus pécheurs, et ainsi éloignés de Dieu, en
Marie, Dieu lui-même décide de se rapprocher de nous (Emmanuel), et de nous
sauver du péché.
L'image de
l'Immaculée Conception présente une Vierge Marie enjambant un serpent. Il
s'agit d'une référence claire à la scène qui s'est déroulée dans le jardin de
la Genèse. Nous lisons dans Genèse 3,1 que le diable entra dans un serpent et
tenta Eve. Elle a donc été amenée à douter de la parole de Dieu et a désobéi à
l'ordre divin de ne pas se nourrir de l'arbre de la connaissance. De cette
désobéissance, le péché est entré dans la création, et l'humanité, descendants
d'Adam et Eve a été punis pour vivre dans le péché et ses conséquences. Le
Seigneur Dieu a dit au Serpent : « Je mettrai une hostilité entre toi et
la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la
tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. » Gn 3,15.
En Marie, cette
malédiction est enlevée et le salut voit le début de son accomplissement.
L'homme est amené à vaincre le mal par son Fils, le Fils de Dieu notre Sauveur.
Alors que Jésus venait pour exorciser la malédiction et le péché originels, il
ne pouvait pas naître dans le péché. Ainsi, Dieu a gardé pour lui une demeure incorruptible,
les entrailles de Marie. Elle a été choisie d'avance, pour porter le Sauveur du
monde.
Alors que nous
sommes immergés dans ce jour solennel, la parole de Dieu donnée pour notre
méditation met l'accent sur l'identité d'Ève et de Marie. En première lecture,
nous entendons qu'Ève est la mère de tous ceux qui vivent, d'où le nom ‘Ḥawwāh’,
de l'Hébreu, vivant, vie, ou source de vie. En Eve, cependant, nous sommes
amenés à la vie, à la vie dans le péché. Mais parce que Dieu ne nous a pas
créés pour le péché, il formera un projet de restauration à la beauté
originelle, le projet de salut.
Saint Paul, en
deuxième lecture, parle de ce projet de salut. L'apôtre dit aux Éphésiens : « Il
(Dieu) nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que
nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. » Il a de quoi nous
réjouir, car, bien que nous soyons pécheurs, nés dans le péché et destinés à la
mort, Dieu ne nous a jamais abandonnés. Il veut que nous soyons sauvés et
réconciliés avec lui. Pour rendre cette réconciliation possible, il a envoyé
son Fils unique, Jésus-Christ notre Seigneur, né de Marie. En Christ, Paul dit,
« nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été
prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : il a
voulu que nous vivions à la louange de sa gloire... »
La volonté de
Dieu, l'intention qu'il s'est formée il y a bien longtemps pour nous sauver du
péché se révèle à travers l'annonce faite à Marie. Le Seigneur a choisi d'être
avec Marie, de la combler de sa grâce, de faire d'elle sa porte d'entrée vers
notre humanité. Ainsi, les salutations de l'Ange Gabriel, « Je te salue,
Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »
Si Eve a été
tentée et est devenue la porte du péché pour l’humanité, Marie est faite, par
la grâce de Dieu, la porte du salut. Si par la désobéissance d'Ève nous sommes
tous devenus pécheurs, par la réponse obéissante de Marie à Dieu, « Fiat
voluntas tua », nous avons l'avant-goût de notre salut, la vie en Dieu. La vie
qu'Ève la mère des vivants perdue dans le péché est rétablie en Marie, Mère de
notre Seigneur. Pour notre humanité, Marie, la Mère du Christ devient la
réparation ou la consolation de l'échec originel d'Eve. Marie console Eve et
consolide la relation humaine avec Dieu, une relation que nous avons perdue
dans la désobéissance du péché. L'Immaculée Conception de Marie devient donc
non seulement un grand espoir pour une nouvelle aube mais aussi un défi pour
vous et moi d'abandonner notre inclination pécheresse et de marcher sur la voie
de la justice.
Dieu ne nous a pas créés pour le péché. Bien que nous ne soyons pas immaculés par conception, nous pouvons et c'est un must, rechercher la sainteté. Le péché est notre choix, tout comme c'était le choix d'Eve. La sainteté est aussi à notre portée et notre choix tout comme elle a été choisie par Marie. La liberté de pécher et la liberté de vivre saint nous sont présentées. Mais la volonté de Dieu est notre vie et notre bonheur. Terminons en implorant l’intercession de Marie. En tant que Mère de notre Seigneur et notre Mère, elle connaît toutes nos luttes, nos souffrances et nos espérances en particulier nos luttes entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres, entre la santé et la maladie. Puisse-t-elle porter nos humbles larmes de repentance à son Divin Fils et obtenir pour nous le pardon et la purification de nos nombreux péchés.
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