La Joie d'Apporter le Christ Aux Autres.
31 MAI 2023.
Fête de La Visitation
de la Bienheureuse Vierge Marie.
Lectures : So 3, 14-18 ou Rm 12, 9-16b ; Cant. Isaïe 12, 2, 3, 4abcd, 4e-5, 6 ; Lc1, 39-56.
« Car,
lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a
tressailli d’allégresse en moi. » Lc 1,39
Un proverbe Latin
dit : « On ne peut se réjouir de rien sans quelqu'un pour partager notre
joie. » Et un proverbe Traditionnel ajoute : « Les visites sont toujours
porteuses de joie ; si ce n’est à l'arrivée, c’est au départ. »
Nous célébrons
aujourd'hui ce que nous rappelons dans la méditation du Saint Rosaire comme
deuxième mystère joyeux, la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth. Les
Écritures rapportent qu'après la solennelle Annonciation qu'elle a reçue de
l'Archange, Marie, fraîchement enceinte, a voyagé pour être avec sa cousine
Elizabeth, qui était dans son sixième à septième mois portant son fils, le
futur Jean-Baptiste. Et nous lisons dans avec Luc que, lors de l'entrée de
Marie dans la maison de Zacharie, l'enfant a bondi dans le ventre d'Elisabeth,
et Elisabeth a prononcé les paroles que nous connaissons tous si bien et que
nous répétons dans l'Ave Maria : « Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de
tes entrailles est béni ! »
Nous célébrons donc
en ce jour un mystère de joie. Non seulement la joie entre Elisabeth et Marie,
mais aussi la joie de Jean-Baptiste rencontrant Jésus, et la joie de tous ceux
qui reçoivent le Seigneur. Cette solennité est un défi pour vous et moi de
devenir des personnes qui portent le Christ aux autres, afin de partager leur
joie. Au cœur du mystère de la Visitation jaillit le beau cantique Marial, le
Magnificat, manifestation de l'humilité de Marie devant Dieu, expression de sa
disponibilité à servir les besoins temporels de sa cousine Elisabeth, leçon de
charité fraternelle, et surtout hymne de gratitude envers le Seigneur.
Marie nous
appelle tous, comme nous l'entendons dans l'antienne d'ouverture, à venir écouter,
tous ceux qui craignent Dieu, ce que le Seigneur a fait pour elle. Son âme est
submergée et débordante de gratitude et désireuse de la partager à travers un
service d'amour.
La joie, voilà ce
à quoi nous sommes exhortés dans la première lecture. Le prophète Sophonie dit
: « Pousse des cris de joie... » Et pour une raison. Car, notre Roi,
le Seigneur est au milieu de nous. C'est l'aube du salut et de la rédemption.
Le Seigneur a oté le jugement contre son peuple. Il a dérouté nos ennemis. Tous
nos malheurs et causes de peur sont enlevés. Plus de peur, plus de
découragement, plus de lamentations. Réjouissons-nous donc. Car c'est le moment
d'une grande fête. Dans la première lecture facultative, saint Paul, dans son
adresse aux Romains, présente la racine de toute joie parfaite et éternelle.
C'est l'amour. Quand l'amour est sincère, quand les gens combattent et
détestent toutes sortes de maux, et quand nous nous accrochons et pratiquons ce
qui est bien, il ne peut y avoir que de la joie. Nous sommes exhortés à nous
aimer d'une affection mutuelle. Cela, dit l'Apôtre, passe par la capacité à se
réjouir avec ceux qui se réjouissent, à pleurer avec ceux qui pleurent, et à être
en parfait accord les uns pour les autres. Ce sont des attitudes de vie
chrétienne authentique et de tous porteurs du Christ. Et c'est exactement ce
que Marie a fait en rendant visite à sa cousine Elisabeth.
En priant le
Saint Rosaire, à propos du deuxième mystère joyeux, nous parlons de l'amour fraternel
comme fruit du mystère. La Visitation de la Bienheureuse Vierge Marie à
Elisabeth n'est rien d'autre que l'expression de cet amour fraternel. C'est
l'amour qui a poussé Marie à voyager dans les Pays des Collines et à aller dans
la maison de Zacharie et d'Elisabeth. C'est avec amour qu'elle s'est rendue
disponible pour répondre aux besoins d'Elisabeth. Ici, Marie est représentée
dans une image très splendide. Elle devient la première missionnaire de la
joie, celle qui porte et apporte Jésus, la joie de l'Evangile aux autres
représentés ici par Elisabeth. Comme Marie, chacun de nous est appelé à se
laisser remplir de l'Esprit Saint et à être désireux de porter le Christ à tous
les peuples du monde.
La joie est
quelque chose à partager. Et plus précisément, la joie de l'Evangile, la joie
qui jaillit de la venue du Seigneur dans notre humanité. Dans son Exhortation
apostolique, Evangelii Gaudium, 2, le Pape François déclare : « Le grand risque
du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante,
est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de
la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la
vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour
les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne
jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne
palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent.
Beaucoup y succombent et se transforment en personnes vexées, mécontentes, sans
vie. Ce n’est pas le choix d’une vie digne et pleine, ce n’est pas le désir de
Dieu pour nous, ce n’est pas la vie dans l’Esprit qui jaillit du cœur du Christ
ressuscité. »
Une joie chrétienne authentique est partagée. Il est donné aux autres, centré sur les autres, et non sur soi-même. Marie est donc le plus grand exemple d’une vie désintéressée. Non seulement elle était humble, mais désireuse de servir et de louer Dieu par un service amoureux. Toute son âme, son esprit, sa vie et son être trouvent leur joie à servir. En tant que chrétien, si vous ne ressentez aucune joie à servir, et surtout à servir les nécessiteux, les marginalisés, les pauvres, et si vous n’êtes pas si désireux d’apporter Christ aux autres d’une manière ou d’une autre, vous avez encore besoin d’une conversion ou demandez-vous quel genre de chrétien vous êtes. Il est temps de sortir de notre indifférence, de notre égoïsme, de nos mélancolies, et de tendre la main aux autres avec joie, une joie qui contamine et transforme. Puissions-nous être prêts et désireux de d’imiter Marie dans son humilité, sa simplicité, son esprit de service et sa charité fraternelle. Ensemble, chantons Ave Maria, et avançons sur le chemin de la charité qui seule sauvera le monde.
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