Croix de Gloire.
14 SEPTEMBRE 2023.
La Croix
Glorieuse — Fête.
« De même que le
serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils
de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie
éternelle. » Jn 3, 14-15
Un proverbe Philippin
dit : « Il n’y a pas de gloire sans sacrifice. » Un proverbe Danois ajoute : «
La souffrance et la patience, l’obéissance et l’application aident les petits à
naître à l’honneur. »
La Croix du
Christ est la route, le pont et la clé de notre salut. En vénérant la Croix,
nous rappelons le grand mystère de la rédemption, comment Dieu, à travers son
Fils unique, est venu prendre notre humanité et ses souffrances et les a
clouées une fois pour toutes afin que l'homme puisse vivre pour toujours libre
du péché et de sa damnation.
Nous célébrons
aujourd'hui la fête de la Vénération de la Croix. La brève introduction du
Missel dit que « la vénération publique de la Sainte Croix remonte au
quatrième siècle, lorsque sainte Hélène, la mère de l'empereur Constantin, la
découvrit à Jérusalem. Cette fête commémore le sauvetage de la Sainte Croix de
la mains des Perses au VIIe siècle. L'Église chante le triomphe de la Sainte
Croix, instrument du salut. »
Avec la Croix du
Christ, une victoire singulière et inégale est offerte à l'humanité. C'est la
victoire du Royaume de Dieu sur le royaume de l'enfer. Le Catéchisme dit : « La
venue du Royaume de Dieu est la défaite du royaume de Satan (cf. Mt 12, 26) :
"Si c’est par l’Esprit de Dieu que j’expulse les démons, c’est qu’alors le
Royaume de Dieu est arrivé pour vous" (Mt 12, 28). Les exorcismes de Jésus
libèrent des hommes de l’emprise des démons (cf. Lc 8, 26-39). Ils anticipent
la grande victoire de Jésus sur "le prince de ce monde" (Jn 12, 31).
C’est par la Croix du Christ que le Royaume de Dieu sera définitivement établi
: "Dieu a régné du haut du bois" (Hymne "Vexilla Regis"). »
CEC 550
Depuis que Jésus
a porté, est monté et est mort sur le bois du Calvaire, la Croix a acquis une
autre signification. Il ne s’agit plus d’un objet de condamnation à mort ou
d’une peine capitale, mais de la clé du ciel et de l’arbre de gloire. Ainsi,
l'antienne d'entrée peut inviter : « Que notre seule fierté soit la croix de
notre Seigneur Jésus Christ. En lui, nous avons le salut, la vie et la
résurrection ; par lui, nous sommes sauvés et délivrés. »
Dans l’histoire
de l’humanité, il y a toujours eu de grands signes de salut. Des signes
présentant des instruments de damnation ou de mort transformés en remèdes
curatifs. Dans notre première lecture, à travers l’histoire des enfants
d’Israël et du serpent de bronze, nous faisons une telle expérience. Il s'agit
en réalité d'un symbole qui anticipe l'événement historique de la Croix. Le
serpent élevé sur le poteau afin de guérir les fils pécheurs d'Israël
préfigurait Jésus qui sera élevé sur la Croix en rançon pour les péchés de
tous. Tout comme le serpent de bronze a été élevé dans le désert comme antidote
pour ceux qui ont été mordus par le serpent brûlant, Jésus sera également élevé
sur la croix du Calvaire pour notre humanité en proie et sous le poison du
péché.
Le Livre de la
Sagesse l'annonce même lorsqu'il dit : « C’est en guise d’avertissement qu’ils
avaient été alarmés pour un peu de temps, mais ils possédaient un signe de
salut, qui leur rappelait le commandement de ta Loi. Celui qui se tournait vers
ce signe était sauvé, non pas à cause de ce qu’il regardait, mais par toi, le
Sauveur de tous. » (Sg 16, 6-7) De plus, le Seigneur Jésus, dans son dialogue
nocturne avec Nicodème, mentionne : « De même que le serpent de bronze fut
élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit
élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. » L'Exaltation de Jésus sur la Croix aura pour
but notre salut. La Croix devient alors le centre efficace et l'élément
définitif pour le salut de chacun. En dehors et coupé de la Croix de Jésus, il
n'y a pas de salut, tout comme sans le serpent sur le pilier, il n'y a pas eu
de guérison pour le peuple du désert. Nous sommes alors invités à lever les
yeux vers la Croix et à la contempler, car elle est le sceau de l'amour de Dieu
et le moyen de notre glorification future.
Saint Paul,
parlant de la kénose du Seigneur, nous montre le chemin vers la gloire réelle
et authentique, l'humilité. Parce qu’il s’est vidé, Christ a été de nouveau
rempli et restauré dans sa gloire. Comme le dit le dicton, l’humilité précède
la gloire. Il ne peut y avoir d’exaltation dans la vie si l’on n’accepte pas
d’abord l’humiliation. C'est lorsqu'on passe du niveau inférieur au niveau
supérieur qu'on parle de glorification ou d'exaltation. Ceux qui n’apprennent
pas l’humilité et l’humiliation comme celle de Jésus-Christ ne sont pas
qualifiés pour la glorification qui vient de Dieu.
Cet hymne Paulinien devrait toujours résonner dans nos cœurs et diriger notre vie : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes... » Les gens remplis d'eux-mêmes, d'arrogance, d'avidité et d'orgueil, et qui méprisent les autres en raison de leur position ou de leur statut social, ne seront pas exaltés en Dieu. Nous devrions nous ouvrir à une sorte de kénose. Autrement dit, nous vider de toute fierté. Assumer la condition des faibles et des serviteurs. Devenir semblable aux autres dans leur souffrance. Nous humilier. Apprendre l'obéissance... Ce n'est qu'à ce prix que nous serons exaltés. Et dans tout ce processus, la Croix doit être pour nous un élément clé et un miroir. Pas de gloire sans la Croix, tout comme il n'y a pas de Dimanche de Pâques sans le Vendredi Saint et la Passion. Le véritable endroit où Jésus a été exalté était sur la Croix. Puissions-nous ne jamais l'oublier. De même, nos souffrances sont pour notre gloire.
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