Quand la Foi Fait de Moi le Gardien de Mon Frère.

10 SEPTEMBRE 2023.
23ème dimanche du Temps Ordinaire — Année A.

Lectures : Ez33, 7-9 ; Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9 ; Rm 13, 8-10 ; Mt 18,15-20.

Un proverbe Latin dit : « Ne négligez pas les obligations qui vous sont conférées. » Et un proverbe Indien ajoute : « Chaque homme est le gardien de son propre honneur. »

"Je ne suis pas le gardien de mon frère." Certainement, vous l’êtes. Non seulement vous êtes le gardien de votre frère, mais vous avez également une grande responsabilité à son égard et vous serez tenu responsable de sa chute.

Il y a un bel hymne philippin qui dit : "Walang sinuman ang nabubuhay para sa sarili lamang. Walang sinuman and namamatay para sa sarili lamang. Tayong lahat ay may pananagutan sa isa't isa. Tayong lahat ay tinipon ng Diyos na kapiling niya." Translittéré, cela donne : "Personne ne vit pour lui-même. Personne ne meurt pour lui-même. Nous sommes tous responsables les uns des autres. Nous sommes tous rassemblés par Dieu pour être avec lui."

Le même hymne amplifie en disant que dans notre amour et notre service envers quiconque, nous apportons la nouvelle du salut. Nous sommes donc tous responsables les uns des autres... Nous parlons donc de responsabilité commune et communautaire dans la vie, dans le péché et dans la mort des uns et des autres. D'où le principe moral qui énonce la responsabilité sociale et communautaire. La responsabilité sociale est un cadre éthique dans lequel une personne œuvre et coopère avec d'autres personnes et organisations au profit de la communauté. Dans cette ligne de pensée, chacun est tenu responsable des autres, dans le bien comme dans le mal. La vie de ton frère, ton obligation. Le premier meurtre dans l’histoire de l’humanité est né du rejet de cette responsabilité sociale et communautaire. Lorsque Caïn, par jalousie, assassina son frère Abel, le Seigneur lui demanda où était son frère. La réponse de Caïn fut : « Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ? » Gn 4,9.

Lorsque l’homme refuse ses obligations et ses responsabilités envers son frère et envers lui-même, et même envers la nature, le monde des humain et toute la création se détériorent. Le péché le plus grand et le plus grave de notre société aujourd’hui n’est pas tant la peine de mort, ni les exécutions extrajudiciaires, ni les meurtres, ni l’avortement, ni les nombreuses formes d’abus, mais l’indifférence. Le fait de vivre sans aucun souci des autres. C’est en fait le plus grand fléau de nos sociétés, et il s’accompagne malheureusement d’individualisme. Les gens ne pensent qu’à eux-mêmes et à leurs intérêts personnels. Ils vivent abandonnés uniquement au « Je, Moi et Moi-même ». Le sort des autres est laissé à Dieu et à sa Providence. Cela va même jusqu’à refuser de réprimander les pécheurs et de les inviter à la conversion.

Le Seigneur, par l’intermédiaire du prophète Ézéchiel, nous met en garde sur notre responsabilité envers les pécheurs. « Si tu n’avertis pas le méchant, c’est à toi que je demanderai compte de son sang. » C'est un grand acte de correction fraternelle que de parler aux autres de leur péché. Et la correction fraternelle est l’application de l’amour. Car nous ne pouvons pas prétendre aimer les autres si nous ne sommes pas capables de leur dire la vérité et surtout de les réprimander lorsqu’ils ont tort.

Dans l'Évangile, le Seigneur Jésus nous enseigne comment procéder à la correction fraternelle, que saint Louis Orione appelle un acte de charité fraternelle. Le Seigneur dessine trois belles étapes de charité fraternelle. Tout d’abord, une action individuelle. « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. » C'est une action entre toi et lui. Si cela ne marche pas, alors on peut passer à la seconde étape : « Prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins... » La deuxième étape est une collaboration avec les autres, mais pas dans les commérages. Il ne s'agit pas de parler aux autres de votre frère. Mais de demander aux autres pour vous aider à parler à votre frère. Et enfin, si cela semble également infructueux : « S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église. » Le dernier recours est que la faute ou le péché de quelqu'un pourrait devenir un péché communautaire ou collectif. Mais alors, s'il n'y a pas de volonté de la part du pécheur d'amender sa conduite, il est expulsé de la communauté. Le Seigneur dit : « considère-le comme un païen et un publicain », c'est-à-dire comme un pécheur impénitent. Mais avant d’en arriver là, nous devons veiller à la dignité et à l’intégrité de la personne, même si elle est pécheresse.

Aujourd’hui, malheureusement, ces démarches prescrites de charité fraternelle sont devenues une utopie. Nous aimons parler du péché des autres plutôt que de parler aux autres de leur péché. Nous papotons librement sur les autres. Nous détruisons leur dignité, et parfois même à tort, par le biais de fausses nouvelles et de mensonges.

Au lieu de parler aux autres et de les inviter à la repentance comme le Seigneur Dieu l'a recommandé à Ézéchiel, nous parlons des autres dans leur dos et souvent contre eux. Cet avertissement doit résonner dans nos oreilles : « Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’, et que tu ne l’avertisses pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang… » Nous sommes les gardiens de nos frères et sœurs sur le chemin du salut. Si nous ne les aidons pas à être sauvés, nous serons responsables de leur damnation.

La correction fraternelle, disions-nous en citant saint Louis Orione, est un acte d'amour. C'est pourquoi il préfère parler de charité fraternelle. En tant que tel, elle doit toujours être dictée et guidée par l’amour. Car là où il y a l’amour, nous prenons faits et cause pour les autres. L'amour n'est pas indifférent. L'amour n'est pas jaloux. Il n'envie pas. Il ne confabule pas non plus sur les autres. C'est pourquoi saint Paul peut s'écrier : « le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour. » Car celui qui aime se conforme à tous les commandements de Dieu. Il montre son amour pour Dieu en élevant sa primauté au-dessus de tout. Il montre son amour pour les autres en prenant soin d'eux et de leurs biens. Enfin, il montre son amour par le souci et le soin de la nature et de tout ce qui est créé.

Dans nos relations les uns avec les autres, nous ne devrions avoir qu’une seule dette, l’amour. Nous devons l’exprimer dans la correction fraternelle et accepter fraternellement que les autres nous corrigent aussi. Comme dit le vieux dicton français, celui qui vous aime vous corrige (Qui aime bien, châtie.) Et tout cela doit aussi être le fruit de notre foi dans le Seigneur. On ne peut pas vraiment être un bon et authentique chrétien si l’on ne se soucie pas du salut de son frère. Le salut n’est pas une tâche individuelle, mais l’œuvre de toute une communauté. Nous cheminons avec les autres vers le salut.

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