Banquet de la Vie et de l’Espérance.

15 OCTOBRE 2023.
Dimanche, 28ème Semaine du Temps Ordinaire — Année A.

Lectures : Is 25, 6-10a ; Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3,4, 5, 6 ; Ph 4, 12-14.19-20; Mt 22, 1-14.

« Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux… » Is 25,6

Un proverbe Kikuyu dit : « Chaque fête a son invité d’honneur ». Et un proverbe Hébreu ajoute : « Un hôte qui arrive les mains vides ne mérite pas un accueil chaleureux. »

En arrivant aux Philippines, en 2014, une belle peinture dans la salle à manger de notre séminaire de Montalban a attiré mon attention. Il s'agit de la célèbre "Hapag ng Pag-asa", translittérée comme "table de l'espérance". La singularité de ce tableau est qu'il représente la Dernière Cène du Seigneur mais avec des invités très spéciaux. Pas les Douze Apôtres comme nous le voyons traditionnellement, mais avec des garçons et des filles pauvres dont l'âge varie entre 4 et 14 ans. A bien y regarder, les douze invités du Seigneur sont des squatteurs. Cela donne tout le sens du tableau comme table de l'espérance, un banquet où les moins fortunés trouvent une place et un compagnon. Cela nous dit aussi qu'avec le Seigneur, il y a toujours une nouvelle espérance. Que, malgré le désespoir et la pauvreté qui nous entourent, nous ne devons pas abandonner mais continuer notre vie et espérer un avenir meilleur.

La première lecture d'aujourd'hui vient nous assurer de cet avenir. Le prophète Isaïe a annoncé ce que le Seigneur s’apprêtait à faire pour son peuple. « Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. » Non seulement Dieu pourvoira aux besoins matériels de son peuple, mais il lui apportera également la paix, le réconfort, la liberté et la consolation. Il détruira le voile qui enveloppait tous les peuples, détruira la mort pour toujours, essuiera les larmes de tous les visages et enlèvera l'opprobre de son peuple... C'est une grande prophétie d'espérance. Car le Seigneur sauvera son peuple. Comme nous l’avons entendu dimanche dernier, ils lui appartiennent. Peu importe leur péché, peu importe nos péchés, nous lui appartenons. Et Dieu prend soin de ce qui lui appartient.

Dans l'Évangile, le Seigneur Jésus prend l'image du banquet, un grand repas de noces auquel le Seigneur a envoyé à tous l'invitation. Il y a cependant une autre intrigue dans la parabole d'aujourd'hui, comme toutes les autres paraboles sur le royaume de Dieu. Premièrement, il semble que l’invitation ait été adressée à des invités exclusifs. Il semble que le Seigneur faisait référence aux enfants d’Israël et à leurs dirigeants. Ils étaient les invités d’honneur. Beaucoup d’entre eux étaient invités. Mais malheureusement, comme nous pouvons le lire et l’entendre dire par le Seigneur, il y a eu un refus. Tous les invités refusent de venir, avec de nombreux arguments et raisons. Comme le dit le dicton : « Quand vous voulez quelque chose, il y a un moyen. Quand vous ne voulez pas, il y a une raison ».

Le Seigneur, cependant, ne s’est pas arrêté au premier rejet de son invitation. Il fera une deuxième tentative. Il essaya de leur expliquer le contenu de son menu, des plats exotiques de premier choix. Mais encore une fois, malheureusement, les invités attendus ridiculiseront les messagers, les traiteront sans pitié, maltraiteront et tueront les serviteurs du roi. Cela aura pour conséquence d’enrager le Roi.

En y regardant de plus près, c'est l'histoire d'Israël qui est présentée, la manière dont Dieu en a fait ses hôtes d'honneur, mais aussi la manière dont ils ont traité les prophètes qu'il leur a envoyés. Dans sa colère, le Seigneur les livra à leurs adversaires. Ils connurent l’exil Babylonien puis Perse. L'histoire a tendance à se répéter. Les gens après l'exil ont connu un temps de restauration. Dieu leur a encore envoyé de nombreux autres prophètes jusqu'à Jean-Baptiste, mais le peuple n'a pas saisi l'urgence de revenir de tout cœur au Seigneur et d'accepter son invitation à la conversion et à la vie en lui. Cette parabole leur semble un avertissement concernant une autre destruction imminente. L’histoire nous dit que le Temple et bien d’autres choses dans le royaume seront détruits par les Romains.

Notre vie, nos histoires et nos expériences personnelles nous disent que chaque fois que nous refusons le Seigneur et rejetons son invitation à la conversion, nous nous exposons à des situations dramatiques.

Cependant, le Seigneur ne nous abandonne pas parce que nous l’avons rejeté. Il ouvre encore et encore son invitation à beaucoup. Si les premiers invités privilégiés ne se sont pas trouvés dignes du banquet du Seigneur, maintenant ils sont bien plus nombreux et tous sont invités par le Seigneur. « Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce... » dit-il. Un hic cependant : « beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. » Bien que tout le monde soit invité au banquet de Dieu, il existe toujours une exigence fondamentale, le vêtement de noces. Nous ne pouvons pas entrer dans l’étreint de Dieu et dans son royaume sans amour. L'amour est la carte d'invitation. L'amour est le vêtement. L'amour est le passeport pour le banquet de Dieu. Sans amour, nous ne sommes pas désirés par Dieu. Ainsi, l'invité qui a été trouvé sans le vêtement approprié pour un banquet. Peu importe où et comment l'invitation de Dieu nous trouve, nous devons être prêts, avec l'amour dans nos cœurs. Car, avec l'amour, l’on peut tout faire et tout supporter.

Saint Paul, dans sa propre expérience, peut dire : « Je peux tout en celui qui me donne la force. » Parce que son cœur était rempli d'un grand amour pour le Seigneur et que cet amour l'a amené à être Apôtre du Seigneur auprès des Païens, il sent que tout est possible avec l'amour. Même ses manques et ses satisfactions, il les accueille tous avec amour. Alors, bien-aimés, revêtons-nous aussi d'amour, et alors nous serons trouvés dignes du banquet du Seigneur. Les fidèles de Philippes semblent avoir compris la nécessité de revêtir l'habit de noces et ils l'ont exprimé à Paul à travers leur charité fraternelle, leur sollicitude et leur soutien matériel pour ses besoins. L'amour a parfois besoin de se matérialiser.

Puissions-nous terminer cette méditation avec cet avertissement. Nos églises et nos assemblées dominicales sont remplies de monde. Néanmoins, une grande foule de baptisés n'assiste pas aux messes du dimanche. Cela pourrait être vu comme un refus délibéré ou un rejet de l'invitation de Dieu. La célébration eucharistique est la fête que Dieu offre à l’honneur son Fils. C'est le sacrifice du Christ, le sacrifice de l'espérance et de l'amour. Ne pas venir à la messe le dimanche, sauf pour des raisons appropriées et valables, est un rejet de notre foi et un refus de l'invitation de Dieu. La messe ne doit pas être facultative. Car, en assistant à la messe, nous donnons notre belle réponse à l'appel de Dieu et nous montrons combien nous l'aimons en retour. L’Eucharistie est ce banquet de vie et d’espérance auquel le Seigneur nous convie. Puissions-nous ne jamais refuser son invitation. Allez à chaque célébration eucharistique comme au banquet de votre vie et votre plus grande et dernière Cène. De votre préparation et de votre apparence extérieure à l’intérieur, montrez comment vous tenez à cœur l’invitation de Dieu.