Obéissance, Condition du Bon Citoyen.

22 Octobre 2023.
29ème Dimanche du Temps Ordinaire — Année A.

Lectures : Is 45, 1.4-6 ; Ps 95 (96), 1.3, 4-5, 7-8, 9-10ac; 1 Th 1, 1-5b ; Mt 22, 15-21.

« Donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Mt 22,17

Un proverbe Russe dit : « Un bon citoyen doit sa vie à son pays. » Un proverbe Roumain ajoute : « La loi est bonne si l’homme l’utilise licitement. »

Le bon citoyen est avant tout un citoyen réglementaire et respectueux des lois. Cela va au-delà de la religion et des confessions. On ne peut pas vivre en société et méconnaître les règles qui régissent la vie sociale. Ce qui fait de nous des personnes et des citoyens d'un lieu, c'est le respect que nous accordons aux règles de ce lieu. En tant que chrétiens, notre foi elle-même nous appelle à l’obéissance, non seulement à Dieu mais aussi aux lois de nos pays.

Le chrétien dans la société, voilà ce à quoi nous font penser les lectures d'aujourd'hui, et surtout l'Évangile. Comment les chrétiens doivent-ils se comporter dans le monde et dans la société ?

Une belle littérature ancienne, datée des premiers siècles, nous donne à réfléchir sur l'actualité de cette question. Il s’agit de la Lettre à Diognète. Elle parle des chrétiens dans le monde. « Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. Leur doctrine n’a pas été découverte par l’imagination ou par les rêveries d’esprits inquiets ; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine d’origine humaine. Ils habitent les cités grecques et les cités barbares suivant le destin de chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire. Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas, mais on les condamne... »

Bien que cette lettre date de 397-401, son contenu est actuel et remet en question nos vies et les événements d'aujourd'hui. Vous êtes chrétiens, donc citoyens du Royaume de Dieu, mais vous êtes aussi humains, et cela fait de vous un citoyen du lieu où vous vivez. Vous êtes donc, avec votre double citoyenneté, lié à la Loi de Dieu et à la loi de la société. Vous ne pouvez pas vous dispenser d’être un bon citoyen. Vous ne pouvez pas non plus trouver d’excuse pour ne pas être un bon chrétien. Votre foi doit être vécue dans la société et selon les orientations de la loi.

Une question des pharisiens et des scribes à Jésus : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Et la réponse de Jésus fut sans équivoque : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Le Seigneur, par cette réponse simple à la ruse de ses adversaires, nous donne une grande leçon de citoyenneté. Vivant en société, nous devons avoir à cœur de respecter les règles de la société. Si la loi nous oblige à payer des impôts, nous ne devrions trouver aucune excuse, même pas en raison de notre religiosité ou de notre conviction, pour ne pas le faire. La foi enseigne aussi la justice. En tant que chrétiens, nous devons être des hérauts et des modèles de justice sociale et de légalité. Cela va même jusqu’à la manière dont nous nous traitons les uns avec les autres. Vous êtes chef de bureau ou propriétaire d'une petite entreprise et vous avez des personnes sous votre responsabilité. Traitez-les non seulement avec respect mais aussi avec justice. Payez-les comme l'exigent la loi et les règlements, et si au-delà vous pouvez faire davantage, ajoutez la charité à votre justice.

Obéissez aux autorités et aux dirigeants politiques. Saint Paul n'a-t-il pas averti les Romains en disant : « Que chacun soit soumis aux autorités supérieures, car il n’y a d’autorité qu’en dépendance de Dieu, et celles qui existent sont établies sous la dépendance de Dieu. » (Romains 13, 1) Cela est prouvé par ce que nous entendons le Seigneur dire à propos de Cyrus, le roi païen, dans la première lecture : « J’ai pris Cyrus par la main pour lui soumettre les nations. » Il s'est servi d'un roi païen, un roi qui ne le connaissait pas et ne le priait pas pour sauver son peuple. Regardons également les hommes politiques et les dirigeants que nous avons aujourd'hui dans nos sociétés comme des instruments de Dieu pour nous conduire à lui et retourner nos cœurs vers lui. La foi va de pair et s'exprime bien dans l'obéissance. L'obéissance est avant tout due à Dieu mais aussi à nos dirigeants. « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Une autre grande vérité dans cette affirmation du Seigneur est qu’il n’y a rien de ce qui appartient à César qui ne lui ait été donné par Dieu. Ainsi, même César lui-même appartient à Dieu. Par conséquent, en obéissant à l’autorité de César, nous obéissons également à Dieu, qui l’a institué comme chef. Notre obéissance à la loi et aux dirigeants ne doit pas compromettre la souveraineté de Dieu.

Nous pourrions avoir toutes les plaintes et tous les droits pour critiquer ou juger nos dirigeants politiques, mais puissions-nous ne jamais tomber dans la tentation d’enfreindre la loi à cause d’eux. Les politiciens peuvent être corrompus, illégitimes et mauvais dans leurs choix et décisions. C'est votre droit de les accuser, mais les imitez, cela devient également illégal.

De leur côté, nos dirigeants doivent faire place à la saine pratique de notre foi et de notre religiosité. Aucune société ni aucune loi ne doivent réprimer ou exercer la force sur quiconque en raison de ses croyances religieuses ou de sa foi. A Dieu ce qui appartient à Dieu...

Puissions-nous terminer notre méditation d’aujourd’hui par ces belles paroles de saint Augustin. Dans une homélie que saint Augustin a prononcée sur l’Évangile d’aujourd’hui, il a dit : « De même que César cherche son image sur une pièce de monnaie, Dieu cherche la sienne dans votre âme. "Rendez à César ce qui est à César", dit le Sauveur. Qu’est-ce que César exige de vous ? Son image. Mais l’image de César est sur une pièce de monnaie, tandis que l’image de Dieu est en vous. Si la perte d’une pièce de monnaie vous fait pleurer parce que vous avez perdu l’image de César, toute atteinte que vous portez à l’image de Dieu ne serait-il pas pour vous un sujet de larmes ? » Vous êtes l’image de Dieu. Vous lui appartenez. Par conséquent, faites tout ce que vous pouvez pour obéir à sa volonté et aimez-le par-dessus tout. Fixez comme principe dans votre vie la primauté de Dieu.


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