L'Amour, la Mesure.
29 OCTOBRE 2023.
30ème Dimanche du
Temps Ordinaire — Année A.
« Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu… Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Un proverbe Yiddish
dit : « Aime ton prochain, même s’il joue du trombone. » Et un proverbe Sicilien
ajoute : « Celui qui aime Dieu de tout son cœur vit heureux et meurt heureux. »
On n’en dira
jamais assez sur l’amour, car l’amour est tout ce qui compte dans la vie. Que
ce soit dans notre relation avec Dieu ou dans notre relation les uns avec les
autres, l’amour est la raison, l’amour est le mobile et l’amour est la mesure.
Rien de bon ne peut être fait sans amour. Et puis, tout ce qui a été fait, l’a été
par amour. Il suffit de regarder en arrière à la création, au mystère du salut
et de la rédemption, et de se demander s'il y a quelque chose dans tout cela
qui ne soit pas le fruit de l'amour. Même lorsque nous péchons, Dieu nous
pardonne à cause de son amour. Il est le Dieu d'amour et de miséricorde. C’est
pourquoi, en réponse à un si grand amour, nous devons aimer Dieu au-delà et
par-dessus toutes choses. La primauté de Dieu devrait être notre acte d’amour
envers lui.
Le Catéchisme
déclare : « En réponse à la question posée sur le premier des commandements, Jésus
dit : "Le premier, c’est : ‘Ecoute Israël ! Le Seigneur notre Dieu est
l’Unique Seigneur ; et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de
toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force !’ Voici le second : ‘Tu
aimeras ton prochain comme toi-même’. Il n’y a pas de commandement plus grand
que ceux-là" (Mc 12, 29-31). L’apôtre S. Paul le rappelle : "Celui
qui aime autrui a de ce fait accompli la loi. En effet, le précepte : tu ne
commettras pas d’adultère ; tu ne tueras pas ; tu ne voleras pas ; tu ne
convoiteras pas, et tous les autres se résument en ces mots : tu aimeras ton
prochain comme toi-même. La charité ne fait point de tort au prochain. La
charité est donc la loi dans sa plénitude" (Rm 13, 8-10). » CEC 2196
La liturgie
d’aujourd’hui est un appel à l’amour. Il s’agit de l’amour que nous devons à
Dieu et de l’amour que nous devons aussi à notre prochain. Nous pouvions
entendre saint Paul dire aux Romains dans un ton d’avertissement : « N’ayez de
dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les
autres a pleinement accompli la Loi. » Romains 13,8. L'amour de Dieu et l'amour
du prochain sont comme les deux jambes d'une vie humaine et spirituelle
équilibrée. Il y a avant tout la centralité de l’amour pour Dieu. Nous ne
pouvons pas vivre sans Dieu et, plus encore, nous ne pouvons pas vivre sans
l'aimer au-delà de tout ; avec tout ce que nous sommes corps et âme, et avec
tout ce que nous possédons, tant matériels que spirituels. Néanmoins, notre
amour pour Dieu ressemblera à une simple utopie ou à de simples paroles si nous
ne le concrétisons pas dans l’amour du prochain. Notre amour pour le prochain
est donc le signe substantiel et tangible de l’amour pour Dieu que nous
exprimons dans la foi et l’obéissance.
D’où la réponse
de Jésus à l’érudit qui l’a testé : « Maître, dans la Loi, quel est le grand
commandement ? » Le Seigneur le ramène au premier article de la Torah, le «
Shemah Israël » : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute
ton âme et de tout ton esprit. » La prière Juive par excellence. C'est aussi
une proclamation de la foi, une loi et un serment quotidien d'allégeance au
seul vrai Dieu. Le « Shema Israël » définit l'unicité de Dieu et la primauté de
l'amour.
Le Seigneur Jésus
ira donc plus loin pour montrer au docteur de la Loi l'expression concrète de
l'amour pour Dieu : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même... » Dieu est la
mesure de l'amour, mais le prochain est le moyen du véritable amour. Nul ne
peut montrer combien il aime Dieu qu’à travers sa relation avec ses semblables,
et en particulier avec les plus nécessiteux. L’amour ne peut et ne doit pas
rester seulement abstrait ou une simple affirmation de religiosité. C'est bien
d'être un bon pratiquant. Il est formidable et fortement conseillé d'appartenir
à tous les groupes et associations de votre paroisse. Cela montre à quel point
vous aimez Dieu. Mais vous ne prouverez votre amour et ne le ferez fructifier
que par la façon dont vous vous rapportez aux autres et dont vous les aimez. « Tu
aimeras le Seigneur, ton Dieu… Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Jésus dit : « Tu
aimeras ton prochain comme toi-même. » Il ne nous appelle pas à un sacrifice
irréaliste ou irréalisable. Aime ton prochain comme toi-même. Nous ne devrions
pas essayer d’aimer notre prochain plus que nous-mêmes ; personne ne peut le
faire. Mais il ne faut pas non plus oser aimer le prochain moins que soi-même,
cela conduirait à l’égocentrisme. Donnez à votre prochain le bien que vous avez
en réserve, comme si vous le donniez à vous-même.
Dieu, dans la
liturgie d’aujourd’hui, nous appelle à la solidarité et à l’empathie. C’est un
appel au sens des responsabilités et à la compassion les uns envers les autres.
Répondez aux besoins du voisin (prochain) comme s'il s'agissait des vôtres.
Malheureusement,
nous vivons dans un monde et dans des sociétés où l’individualisme,
l’indifférence et le soi sont devenus la mesure de tout, même de l’amour. Comme
nous l'avons dit, ce n'est pas une mauvaise chose de s'aimer soi-même. Mais si
votre amour pour vous-même devient un obstacle à l’amour que vous devez à Dieu
et aux autres, vous êtes un idolâtre. Beaucoup de gens ne se soucient plus des
droits des autres. De plus, nous maltraitons les pauvres, les veuves, les
orphelins, les marginalisés. Nous les privons de leurs nécessités. Le Seigneur
nous avertit dans la première lecture : « Si vous faites du tort à la veuve et
à l'orphelin, ma colère s'enflammera contre vous. »
Nous sommes donc invités, comme Paul loue les Thessaloniciens, à nous détourner des idoles et à louer Dieu. Et la première idole dont nous devrions nous détourner est le moi afin que nous puissions aimer les autres comme nous-mêmes et comme Dieu.
Comments
Post a Comment