Alliance, Foi et Révélation.
13 MARS 2022
2ème Dimanche de
Carême — Année C.
Et, de la nuée,
une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui
que j’ai choisi : écoutez-le ! » Luc 9,35
Un proverbe Philippin
dit : « Il n'y a pas de gloire sans sacrifice. » Et un proverbe Akan
ajoute : « Les oreilles qui n'écoutent pas, accompagnent la tête quand on
la coupe. »
Le Carême est le
meilleur moment pour se renouveler, pour un véritable retour au Seigneur et une
transformation de vie. En ce sens, il nous ouvre à une nouvelle alliance ou à
un renouvellement de nos promesses, à une croissance dans la foi et à une
nouvelle forme d'intimité avec le Seigneur. Le Carême est un temps pour une
véritable réforme de soi qui ne peut avoir lieu que si nous saisissons
l'opportunité de la conversion. Il est bon de voir cette dimension du Carême
comme le temps d'une nouvelle alliance scellée dans la foi. Par conséquent, le
Carême nous conduit à l'attitude la plus chrétienne, c'est-à-dire écouter Dieu
et Le laisser nous transformer de l'intérieur. Le christianisme est une
religion d'écoute et de foi. Et Paul pourrait dire : « la foi naît de ce que
l’on entend ; et ce que l’on entend, c’est la parole du Christ. » (Rm 10,17)
Les lectures d'aujourd'hui
nous ouvrent à certaines obligations du Carême : alliance, écoute (obéissance)
et foi si nous souhaitons voir la révélation du Seigneur. Ces éléments sont
bien exposés en première lecture avec l'histoire d'Abram. Nous lisons que le
Seigneur Dieu a conclu une alliance avec Abram son fidèle serviteur. Il se
présenta à lui comme l'Éternel, son Dieu, en disant : « Je suis le Seigneur, qui
t’ai fait sortir d’Our en Chaldée pour te donner ce pays en héritage. » Et puis
il a promis de donner à Abram et à ses descendants la possession du Pays. Cette
promesse a été scellée comme une alliance par le sacrifice et les offrandes
d'Abram, mais avant tout, elle n'a été rendue possible que par la foi et
l'obéissance. Comme nous le lisons, « Abram eut foi dans le Seigneur et le
Seigneur estima qu’il était juste. »
Le Carême est un
temps de croissance dans notre foi. Un temps pour réévaluer notre relation avec
le Seigneur, l'écouter et lui obéir. Ce n'est qu'à ce prix que nous pourrions
être considérés comme justes.
Dans l'Evangile,
l'épisode de la Transfiguration du Seigneur met l'accent sur l'appel à
l'écoute. Car, le Carême est un temps d'écoute. Le Catéchisme de l'Église Catholique
décrit bien ce qui s'est passé au Tabor. Il dit : « Pour un instant, Jésus
montre sa gloire divine, confirmant ainsi la confession de Pierre. Il montre
aussi que, pour "entrer dans sa gloire" (Lc 24, 26), il doit passer
par la Croix à Jérusalem. Moïse et Elie avaient vu la gloire de Dieu sur la
Montagne ; la Loi et les prophètes avaient annoncé les souffrances du Messie
(cf. Lc 24, 27). La passion de Jésus est bien la volonté du Père : le Fils agit
en Serviteur de Dieu (cf. Is 42, 1). La nuée indique la présence de l’Esprit
Saint : "Toute la Trinité apparut : le Père dans la voix, le Fils dans
l’homme, l’Esprit dans la nuée lumineuse" (S. Thomas d’A., s. th. 3, 45,
4, ad 2) : Tu t’es transfiguré sur la montagne, et, autant qu’ils en étaient
capables, tes disciples ont contemplé ta Gloire, Christ Dieu afin que
lorsqu’ils Te verraient crucifié, ils comprennent que ta passion était
volontaire et qu’ils annoncent au monde que Tu es vraiment le rayonnement du
Père. » CEC 555.
La
Transfiguration est un événement entre trois personnes, Moïse, Élie et Jésus. Elle
implique trois montagnes, l'Horeb/Sinaï, le Tabor et le Calvaire/Golgotha. Et
cela tourne autour de trois moments de révélation, la Loi, les Prophéties et la
Passion salvifique. Dans cet événement, la révélation de Dieu atteint sa
perfection et son achèvement. La Loi a été donnée par Moïse pour conduire le
peuple hors d'Égypte vers son salut. Les Prophètes ont préparé le peuple pour
le temps messianique, le temps de ce salut. Et en Jésus-Christ, ce temps de
salut est rendu manifeste et il s'accomplira dans sa Passion et sa mort sur le
Mont des Oliviers et le Golgotha. La révélation de Dieu parcourt tous ces
événements de la vie de son peuple et en tous ces lieux, et elle s'accomplit
dans la voix qui se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai
choisi : écoutez-le ! » Par conséquent, la Transfiguration est une révélation
qui conduit à une autre manifestation et à un autre événement. Avec Pierre et
ses compagnons, nous sommes amenés à voyager du Mont Tabor au Mont des Oliviers
et au Calvaire. C'est un voyage de l'extase à l'agonie, confirmé par le message
de Moïse et d'Elie, et le point culminant de ce voyage est la gloire.
Il y a un
changement paradigmatique dans l'Évangile d'aujourd'hui. Après avoir résisté et
vaincu le diable et ses tentations, dans l'évangile de dimanche dernier, Jésus
est maintenant présenté dans toute sa gloire. L’on nous dit que la vraie gloire
vient après les épreuves. Il n'y a pas de gloire sans sacrifice. Par
conséquent, la voix que les disciples entendent depuis la nuée nous dit ce que
nous devons faire ; écouter avec foi et comprendre qu'aucune gloire ne peut
être atteinte sans épreuves. Il ne peut y avoir de joie sans difficultés, et
l'amour n'atteint sa perfection que dans les sacrifices.
Saint Paul peut
aller plus loin, avertissant les Philippiens. Nous ne pouvons pas rêver de
transformation en la ressemblance et la gloire de Christ sans la croix. En
toutes choses, nous devons être des imitateurs de Christ. Malheureusement, et
c'est un fait encore aujourd'hui, ajoute Paul, « beaucoup de gens se
conduisent en ennemis de la croix du Christ... » En tant que chrétiens,
nous ne devons pas vivre comme ennemis de la croix. Cette attitude, comme le
dit Paul, ne mènera qu'à notre destruction. Il ne faut pas vivre que pour le
plaisir de ce monde qui passe et fixer pour dieux notre ventre et ses besoins.
Avec foi, retournons au Seigneur, écoutons-le et faisons notre priorité sa
volonté divine. Alors, seulement, nous atteindrons la perfection de la gloire.
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