La Joie du Père, notre Repentir.
27 MARS 2022
4ème Dimanche de
Carême, de Lætare — Année C.
Lectures : Jos5, 9a.10-12 ; Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7 ; 2 Co 5, 17-21 ; Lc 15,1-3.11-32.
« Père, j’ai
péché contre le ciel et envers toi. » (Lc 15,18)
Un proverbe Danois
dit : « Chaque vie a sa joie, chaque joie sa loi. » Et un proverbe Persan
ajoute : « Si tu dois vraiment pécher, alors choisis un péché qui te procure de
la joie. »
Il y a toujours
une joie grande et indescriptible dans le repentir. Cette joie n'est pas
seulement celle du pécheur repentant mais plus spécifiquement, la joie de Dieu,
le Père de Miséricorde. Le Seigneur Jésus lui-même l'a dit plus d'une fois,
parlant de notre relation avec Dieu : « Je vous le dis : C’est ainsi
qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit,
plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. »
(Lc 15, 7.10) Cela nous laisse entrevoir que le Ciel est un lieu de fêtes et de
réjouissance - un lieu de grande JOIE. Donc, si quelqu'un veut accroître sa
joie, il doit viser les réalités célestes, c'est-à-dire abandonner les choses
terrestres et embrasser les choses divines. Ce processus s'appelle la
conversion et la repentance, se détournant du péché et embrassant la droiture.
Nous sommes
aujourd'hui, le 4ème dimanche de Carême, et la liturgie est remplie d'un
certain message de joie. La joie de notre salut à venir dans la Passion, la Mort
et la Résurrection du Christ, la joie aussi de notre repentir et de notre
réconciliation avec Dieu. Ce dimanche s'appelle "Laetare", du premier
mot de l'antienne d'entrée en latin, "Laetare, Ierúsalem..."
(Réjouis-toi, Jérusalem). Nous sommes appelés à nous réjouir car notre
consolation est proche. Le salut est proche. Dieu pardonnera et oubliera notre
péché, et nous ouvrira à son étreinte, à sa terre, à son amour.
Le centre de
cette joie se trouve dans la belle parabole du fils prodigue. C'est la joie
d'être pardonné, la joie d'une dignité retrouvée, la joie de rentrer chez soi.
La parabole, telle que présentée par Jésus, met en action trois personnages
principaux : un père prodigieux et miséricordieux, un fils cadet prodigue et
pécheur, et un fils aîné traditionaliste et hypocrite. Si nous prenons la
parabole dans son contexte comme une parabole de la Miséricorde de Dieu, ces
trois personnages représentent le Père, Dieu ; le fils aîné, les Pharisiens
avec leur autojustification ; et le fils cadet quiconque se considère comme un
pécheur ayant besoin de l'amour miséricordieux de Dieu, donc l'homme en
général.
Par nature,
l'homme veut la liberté. Et nous pensons que dépendre de Dieu nous enlève notre
liberté. Nous voulons rompre avec tout ce qui nous maintient dans une
dépendance religieuse, morale, politique et sociale. Ainsi, la demande du fils
cadet : « Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. » Sa demande,
non seulement rompt ses liens et ses relations avec le Père et la famille, mais
elle équivaut à un parricide, un meurtre intentionnel de son père. Car, on ne
parle de succession et de part héréditaire qu'après le décès. Mais le demander
alors que le père est encore en vie est un meurtre. La soif de liberté
transforme souvent l'homme en meurtrier, en criminel contre l'amour. Selon la
logique, un crime engendre d'autres crimes. Ainsi, la vie du fils loin de son
père : une vie de dissipation, et cela l'ouvrira à la souffrance. Après avoir
gaspillé l'héritage, le fils a perdu son honneur. Il est devenu l'esclave des
autres, vivant dans la honte, s'occupant des porcs (animal honteux pour les
Juifs), et aspirant même à manger à satiété les gousses dont se nourrissaient
les porcs. La soif de liberté, mal maîtrisée, peut faire perdre sa dignité et
tout honneur.
L'étape suivante
montre le fils reprenant conscience, examinant sa vie, se repentant de ses
actes pervers et décidant de retourner auprès de son père. Lorsqu'un homme
prend conscience de son esclavage au péché loin de l'amour de Dieu, il n'a
d'autre choix que de revenir et de demander miséricorde : « Père, j’ai péché
contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi
comme l’un de tes ouvriers. » Tant que l'on ne reconnaît pas son péché et
ne le regrette pas, il n'y a pas de miséricorde, pas d'absolution.
Cette parabole
décrit bien les étapes d'un sacrement de réconciliation bien vécu. Conscience
du péché après un examen de conscience. Le pas vers Dieu, la confession, la
contrition et l'absolution qui rendront au pénitent sa dignité d'enfant de
Dieu. Et c'est précisément ce que sera la part du Père. Dieu comme un Père de
Miséricorde attend inlassablement le retour du fils rebelle. Et avant toute
confession, il est le premier à pardonner et à témoigner de l'amour. Jésus dit
que le père courut à la rencontre du fils l'embrassa et ne lui laissa pas
terminer sa confession. Il ordonna qu'il soit rétabli dans ses droits et sa
dignité, symbolisés par le plus beau vêtement, une bague au doigt et des
sandales aux pieds, des choses qu’il avait perdu dû au péché. Cette miséricorde ouvre à la joie : Laetare.
C'est la joie de l'amour miséricordieux de Dieu.
Puis le fils
aîné, le traditionaliste, mais en fait coupable de fratricide, le meurtre de
son frère. Lorsqu'il entendit parler de la fête et refusa d'entrer dans la maison,
le père s'approcha de lui, et sa réaction fut : non seulement il ne se
sent pas comme un fils, mais il refuse aussi d'appeler l'autre son frère : « quand
ton fils que voilà est revenu … » Le fils aîné semblait être celui qui obéit,
mais malheureusement, avec un cœur fermé et refusant la fraternité. Bien qu'il
ait été avec le père, il a servi, espérant être récompensé. Il ne se sentait
pas chez lui, mais moins qu'un des esclaves. Il était incapable d'accueillir le
pécheur repentant. Nous aussi, par moment, nous nous tenons comme ce fils aîné.
Nous nous offensons de la miséricorde de Dieu et demandons pourquoi devrait-il
pardonner et donner une nouvelle opportunité aux pécheurs ? Le Seigneur nous
appelle à la raison comme il l'a fait avec ce fils : « Toi, mon enfant, tu es
toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et
se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il
était perdu, et il est retrouvé ! » Le pécheur est mon frère. Je ne dois pas
être jaloux qu'il soit pardonné, mais plutôt me réjouir qu'il ne soit pas mort
loin de l'amour miséricordieux de notre Père céleste.
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