Justice Sociale et Amitié avec les Pauvres.
18 SEPTEMBRE 2022.
25ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C.
LECTURES :Am 8, 4-7 ; Ps 112 (113), 1-2, 5-6, 7-8 ; 1 Tm 2, 1-8 ; Lc 16, 1-13.« Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. » Luc 16,9
Un proverbe Allemand dit : « Celui qui prête aux pauvres obtient son intérêt de Dieu. » Et un proverbe Irlandais ajoute : « Nous donnons aux riches et prenons aux pauvres. »
Le but de la justice sociale n'est pas tant l'égalité ou l'équité que d'élever le statut des pauvres et de réduire au maximum l'abîme entre les classes sociales. En pratiquant la justice sociale, on se fait ami des pauvres et des plus démunis de ce monde et par conséquent, on devient ami de Dieu. Car, Dieu est l'ami des pauvres.
Pour un chrétien, la justice sociale ou la lutte pour les droits des pauvres est intrinsèquement liée à la foi. C'est un acte de foi d'être juste. Car, nous croyons et adorons un Seigneur qui s'est fait l'égal des faibles, des pauvres, des exclus. C'est pourquoi, en servant les pauvres dans leurs besoins, nous rendons un culte d'adoration au Seigneur.
Nous vivons dans un monde où ce qui semble le plus important, ce sont les intérêts personnels et les profits. Toutes les politiques et les règles sont orientées vers l'économie. Et dans cette course pour le gain et le gain et le gain, le pauvre est abusé et réduit à la misère. Notre monde est devenu une fabrique de riches sélectionnés et de plus de pauvreté. La corruption et les théories du mal sont plus probablement louées que tout ce qui pourrait aider à niveler les inégalités.
Le Catéchisme met en garde : « Une théorie qui fait du profit la règle exclusive et la fin ultime de l’activité économique est moralement inacceptable. L’appétit désordonné de l’argent ne manque pas de produire ses effets pervers. Il est une des causes des nombreux conflits qui perturbent l’ordre social (cf. GS 63, § 3 ; LE 7 ; CA 35). Un système qui "sacrifie les droits fondamentaux des personnes et des groupes à l’organisation collective de la production" est contraire à la dignité de l’homme (GS 65). Toute pratique qui réduit les personnes à n’être que de purs moyens en vue du profit, asservit l’homme, conduit à l’idolâtrie de l’argent et contribue à répandre l’athéisme. "Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et Mammon" (Mt 6, 24 ; Lc 16, 13). » CCC 2424.
Les lectures, en ce 25ème dimanche du Temps Ordinaire-C sont un appel et en même temps un avertissement sur la justice sociale et la pauvreté. On nous dit que la pauvreté est une création humaine due à la corruption. Lorsque les systèmes sont corrompus, ils ne peuvent que provoquer des inégalités et donc des niveaux élevés de pauvreté.
Amos, dans la première lecture pointe un doigt accusateur sur la corruption des riches et des puissants, ceux « qui écrasent le malheureux pour anéantir les humbles du pays. » Tout ce qu'ils pensent, dit-il, est : « Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée, pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini, pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix et fausser les balances. Nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! » Ce qui compte pour eux, c'est comment faire des intérêts ? Comment augmenter leurs profits et bénéfices, et cela se fait au détriment des pauvres. Dans une société où seuls les intérêts et les profits conditionnent la vie des gens, la corruption va croissante, l'intégrité se perd et la justice sociale est morte.
Les paroles du Prophète Amos pourraient bien s'adresser au monde d'aujourd'hui où l'intérêt personnel, le gain, l'accumulation sont des normes. Pour l'argent et le pouvoir, de nombreuses personnes ont perdu leur dignité. Nous faisons face à toutes sortes de guerres avec tous les types d'armes : biologiques, létales, atomiques, nucléaires... rien ne peut arrêter la guerre aujourd'hui. Le monde est redevenu sa réalité bipolaire qui a conduit à la 1ère et à la 2ème guerre mondiale. Et pire encore il semble avoir un 3ème pôle, les pays indifférents ou de 3ème classes.
Dans l'accroissement des inégalités et la 3e guerre mondiale quelque peu inévitable, la seule solution possible est ce que Paul suggère dans la deuxième lecture, la prière. L'Apôtre invite à prier pour les dirigeants. Ils sont les seuls responsables de la corruption ou de l'équité, de la guerre ou de la paix, de la pauvreté ou de la richesse, de la mort ou de la vie. Ce qu'ils décident en tant que politique, c'est ce qui peut déterminer le destin et l'avenir de nos vies et du monde. Ainsi, Paul dit: « j’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. » C'est un devoir chrétien et un acte d'obéissance à Dieu de prier pour les dirigeants. Il ne s'agit pas de les aimer ou de les soutenir, mais de savoir que nos vies en dépendent.
Dans l'Evangile, le Seigneur Jésus pointe vers le nerf de tous nos problèmes sociaux. Quand l'homme veut servir l'argent, non seulement sa vie devient désordonnée, mais le monde aussi. L'argent est un bon serviteur mais un mauvais maître, dit le dicton. Le Seigneur nous avertit : « Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et Mammon. » C'est un appel à être astucieux en faisant bon usage de nos biens matériels pour assurer notre avenir, la vie en Dieu. La parabole de l'intendant avisé ou astucieux nous enseigne à quoi servent réellement les possessions matérielles. Le Seigneur Jésus exhorte : « Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. »
Être rusé, dit le Seigneur, c'est savoir se servir de l'argent et même de notre position sociale ou politique pour nouer de véritables amitiés, c'est-à-dire aider les autres dans leurs besoins. Devenir amis avec les pauvres, c'est cultiver une amitié avec Dieu. Dans un monde aux prises avec l'individualisme, l'égoïsme et toutes sortes de soifs de se satisfaire, seule une vie spirituelle profonde peut aider à comprendre et à accepter cette vérité que votre argent ne vous sauvera pas mais seulement la main aimante et secourable que vous donnez aux pauvres . Comme le dit le saint de Tortona, "la charité, et seule la charité sauvera le monde". Car seule la charité peut combler l'abîme de l'injustice sociale et de la corruption et nous rapprocher toue ensemble de Dieu, riches et pauvres.
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