Berger ou Voleur ?
30 Avril 2023.
Dimanche, 4ème
Semaine du Temps Pascal — Année A.
Lectures : Ac 2,14a.36-41 ; Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6 ; 1 P 2, 20b-25 ; Jn 10,1-10.
« Le voleur ne
vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les
brebis aient la vie, la vie en abondance. » Jn 10,10
Un proverbe Roumain
dit : « Un bon berger doit tondre ses brebis, non pas les écorcher. »
Et un proverbe Allemand ajoute : « Berger égaré, brebis égarée ».
« Il était
une fois un jeune berger qui gardait ses moutons au pied d'une montagne près
d'une forêt sombre. C'était plutôt solitaire pour lui toute la journée, alors
il a pensé à un plan par lequel il pourrait obtenir un peu de compagnie et un
peu d'excitation. Il s'est précipité vers le village en criant "Loup,
Loup", et les villageois sont sortis à sa rencontre, et certains d'entre
eux se sont restés avec lui pendant un temps considérable.
Cela a tellement
plu au garçon que quelques jours après, il a essayé le même tour, et encore une
fois, les villageois sont venus à son aide. Mais peu de temps après, un loup
est sorti de la forêt et a commencé à apeurer les moutons, et le garçon, bien
sûr, a crié "Loup, loup", encore plus fort qu'avant.
Mais cette fois,
les villageois, qui avaient été dupés deux fois auparavant, pensèrent que le
garçon les trompait à nouveau, et personne ne bougea pour lui venir en aide.
Alors le loup fit un bon repas du troupeau du garçon, et quand le garçon se
plaignit, le sage du village dit : "Un menteur ne sera pas cru, même s'il
dit la vérité." »
Avec cette
histoire, ouvrons notre méditation d'aujourd'hui sur la Parole de Dieu, le 4e Dimanche
de Pâques, connu aussi comme le Dimanche du Bon Pasteur, ou Dimanche des Vocations.
Le titre de notre méditation est lui-même une question : berger ou voleur ?
Nous, en tant que
communauté chrétienne, sommes un troupeau conduit par le Christ notre bon et
divin Pasteur. À ce titre, il a également confié des responsabilités à des
personnes avec lesquelles il a choisi de travailler, de marcher et de veiller
sur ses brebis. Les pasteurs de l'Église ont la responsabilité de conduire le
troupeau au nom de son Berger et vers Lui. Sont-ils aussi bons que le Berger,
ou sont-ils simplement des voleurs, c'est-à-dire des personnes ayant des objectifs
personnels et travaillant pour leurs intérêts ?
Bergers ou
voleurs ? Nous aimerons que notre méditation d'aujourd'hui soit une satire de
nous, vos pasteurs. Sommes-nous pour vous des bergers ou des voleurs ? Mais du
fait que tous les chrétiens partagent le sacerdoce commun et universel du
Christ, cette satire s'applique aussi à chacun de vous, pères, mères, enfants,
membres des familles, éducateurs, serviteurs sociaux et politiques,
dirigeants... êtes-vous, bergers ou voleurs ?
« L’Église, en
effet, est le bercail dont le Christ est l’entrée unique et nécessaire (cf. Jn
10, 1-10). Elle est aussi le troupeau dont Dieu a proclamé lui-même à l’avance
qu’il serait le pasteur (cf. Is 40, 11 ; Ez 34, 11-31), et dont les brebis,
quoiqu’elles aient à leur tête des pasteurs humains, sont cependant
continuellement conduites et nourries par le Christ même, Bon Pasteur et Prince
des pasteurs (cf. Jn 10, 11 ; 1 P 5, 4), qui a donné sa vie pour ses brebis
(cf. LG 6 ; Jn 10, 11-15) » CEC 754.
Dans l'extrait
d'aujourd'hui de l'Evangile selon St. Jean, le Seigneur Jésus fait une
distinction claire entre être un berger et être un voleur. Il dit : « celui
qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade
par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. »
Poursuivant sa
comparaison et sa diatribe entre le voleur et le berger, le Seigneur ajoute : «
Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr... » Et à cause de ce
qu'il fait et de qui il est, le voleur n'a aucune notoriété auprès des brebis.
Elles ne reconnaissent pas sa voix. Elles ne le suivent pas. Et plutôt, Elles
le fuient. Au contraire, à propos du berger, le Seigneur dit : « Le portier lui
ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune
par son nom, et il les fait sortir… il marche à leur tête, et les brebis le
suivent, car elles connaissent sa voix. » La différence devient plus nette
car, contrairement au voleur qui détruit et tue, le berger donne la vie. Non
seulement il donne sa propre vie aux brebis, mais il leur donne aussi une vie
en abondance.
Où en sommes-nous
alors ? Sommes-nous des bergers ou des voleurs ?
J'ai entendu un compagnon
prêtre se plaindre une fois de ses paroissiens, qu'ils ne l'écoutent pas ni ne
lui obéissent, que chacun dans la Paroisse fait ce qu'il veut ou ce qu'il lui
plaît, sans le consulter. Au fond de moi, j'ai répondu sans un mot que si les
paroissiens se comportent ainsi, c'est parce qu'ils ne voient pas en lui un
berger, et ils ne se reconnaissent pas en lui. Car, les gens, surtout nos
paroissiens, se comportent avec nous de la manière nous nous montrons à eux. Si
tout pour nous se limite aux intérêts matériels, personnels et à l'argent, et
que nous ne nous soucions pas de leur croissance spirituelle et de leurs
relations avec le Seigneur, ils ne nous verront que comme des hommes d'affaires
et des gestionnaires, pas comme des pasteurs. Malheureusement, beaucoup d'entre
nous, prêtres et dirigeants de l'Église, sommes devenus des gestionnaires. Nous
consacrons plus de temps dans notre réunion du dimanche à parler d'argent que
de la Parole de Dieu. Certaines églises sont réputées pour le nombre de quêtes
: première quête, deuxième, troisième, quête extraordinaire, quête exceptionnelle,
ou collecte volontaire... Les prêtres vivent comme des barons et des seigneurs,
entourés de serviteurs et d'esclaves, tandis que le peuple meurt de faim.
Si nous voulons
que les gens nous voient et nous traitent comme des bergers, nous devons aussi
nous comporter ainsi, ne recherchant pas nos intérêts personnels mais leur
bien, jusqu'à incarner le Christ pour eux, étant prêts à donner notre vie pour
eux.
Dans nos familles
aussi, nous devons incarner le berger, avec un grand sens du sacrifice pour
chaque membre, une sollicitude mutuelle, de l'amour et un esprit de service.
Nous sommes invités à bannir ou à tuer de l'intérieur toute soif d'intérêts et
d'égoïsme et à mettre le bien-être et le bien des autres au-dessus de tout.
Comme le berger, nous devons promouvoir la vie et la vie dans sa plénitude. Si
vous êtes des serviteurs et des dirigeants publics et politiques, soyez des
bergers, soyez des dirigeants serviteurs et nourrissez un sens profond du
sacrifice et du service pour les autres. N'oubliez pas que vous n'êtes pas dans
ces positions pour être servi mais pour servir. Nous avons tous une vocation
unique et commune, devenir serviteurs. Et ce n'est qu'à ce prix que nous
réaliserons notre vocation universelle à la sainteté.
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