La Très Sacrée Cène et Sacrement de l'Amour Suprême.
6 Avril 2023.
Jeudi Saint -
Cena Domini.
« Je vous
donne un commandement nouveau, dit le Seigneur : « Aimez-vous les uns les
autres comme je vous ai aimés. » » Jn 13,34
Un proverbe Swahili
dit : « La charité est une affaire de cœur et non de poche. » Et un
proverbe Juif ajoute : « Si la charité ne coûtait rien et que la bienveillance
ne causait pas de chagrin, le monde serait plein de philanthropes. »
Dans la Sainte
Eucharistie, nous sommes rendus participants d'un mystère. Nous partageons le
repas le plus sacré du Seigneur afin d’avoir part à sa passion, sa mort et sa
résurrection. Nous puisons dans ce sacrement le vrai sens de l'amour et de la
vie. Nous y puisons la plénitude de la charité et de la vie. Car c'est le
mystère du plus grand amour de Dieu.
Dans Sacramentum
Caritatis, le Pape Benoît dit : « Sacrement de l'amour, la sainte Eucharistie
est le don que Jésus Christ fait de lui-même, nous révélant l'amour infini de
Dieu pour tout homme. Dans cet admirable Sacrement se manifeste l'amour « le
plus grand », celui qui pousse « à donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13).
En effet, Jésus « les aima jusqu'au bout » (Jn 13, 1). Par cette expression,
l'Évangéliste introduit le geste d'humilité infinie accompli par Jésus : avant
de mourir pour nous sur la croix, se nouant un linge à la ceinture, il lave les
pieds de ses disciples. De la même manière, dans le Sacrement de l'Eucharistie,
Jésus continue de nous aimer « jusqu'au bout », jusqu'au don de son corps et de
son sang. » SC 1.
Ce que nous
célébrons ce soir est le point culminant d'un mystère. Le Seigneur Jésus Christ
nous a tous rachetés et a rendu une gloire parfaite à Dieu principalement par
son mystère pascal. En offrant le Pain Eucharistique, il offre le sacrement de
son amour. C'est cet amour suprême annoncé dans l'Eucharistie qui atteindra sa
plénitude dans la Passion et la Mort sur la Croix au Calvaire du Vendredi
Saint. Et parce que l'amour ne peut atteindre sa perfection que dans la vie, le
Seigneur ressuscitera et sera notre espérance de Gloire le Dimanche de Pâques.
Au centre de
notre liturgie, ce soir, la Sainte Eucharistie est décrite dans tout son sens
et ses effets. Le Catéchisme dit : « En célébrant la dernière Cène avec ses
apôtres au cours du repas pascal, Jésus a donné son sens définitif à la pâque
juive. En effet, le passage de Jésus à son Père par sa mort et sa résurrection,
la Pâque nouvelle, est anticipée dans la Cène et célébrée dans l’Eucharistie
qui accomplit la pâque juive et anticipe la pâque finale de l’Église dans la
gloire du Royaume. » CEC 1340
La première
lecture donne donc l'origine de l'Eucharistie en tant que repas pascal. C'est
le pain du voyage, la nourriture de notre âme de pèlerin. En tant que tel, elle
obéit à la loi concernant le repas de la Pâque judaïque. C'est un repas à
prendre avec une grande révérence, comme des gens prêts à passer de ce monde à
l'autre : « la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous
mangerez en toute hâte… » Alors surgit une question pour vous et moi,
comment participons-nous ou recevons-nous le repas eucharistique ?
L'Eucharistie est
aussi un mémorial. C'est l'actualisation et la réviviscence de ce que Jésus a
fait avant sa Passion et sa Mort. En tant que telle, elle tient lieu de
commandement : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire
de moi. » « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que
vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » À travers les paroles de Paul,
il nous semble clair que le Seigneur a ordonné à ses disciples de revivre son
sacrifice. Ce que nous ravivons vraiment dans la célébration eucharistique, ce
n'est pas seulement le simple fait de manger du pain et de boire du vin
transformé en Corps et Sang du Christ, mais le sens profond de l'Eucharistie
comme sacrifice de soi par amour. Dans la célébration eucharistique, nous
réactualisons l'amour de Jésus. C'est ainsi, le Sacramentum Caritatis.
L'Évangile de
Jean, à travers le lavement des pieds, nous éclaire sur l'Eucharistie comme sacrement
d'amour et de service. Le Seigneur, avant de se mettre à table avec ses
disciples, ôte tous ses vêtements, signe d'une grande humilité et d'abnégation,
et se fait le serviteur, leur lavant les pieds. Et la question et la catéchèse
qui suivent cette action s'adressent à vous et à moi : « Comprenez-vous ce que
je viens de faire pour vous ? » Autre exhortation et commandement à se servir
les uns les autres comme disciples du Seigneur, comme il l'a fait pour nous : «
C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme
j’ai fait pour vous. »
Dans la Sainte
Eucharistie, Jésus se fait serviteur. Il vient nous servir dans nos besoins
afin que nous puissions nous aussi servir les autres dans leurs besoins. Il
vient nous montrer le vrai prix de l'amour pour que nous aussi aimions sans
compter le coût. L'amour véritable est un sacrement d'humilité, de service et
d'abnégation. La Sainte Eucharistie présente bien ces éléments. Par conséquent,
nous devons toujours la recevoir dans des cœurs humbles, prêts à servir et à
nous sacrifier par amour.
Partant de la
célébration d'aujourd'hui, nous devons réévaluer ou changer si nécessaire notre
façon d'approcher le sacrement de l'Eucharistie. Du fait qu'il s'agit d'un
Sacramentum Caritatis, c'est-à-dire d'un Sacrement de l'Amour, nous devons
toujours le recevoir avec un cœur pur, prêt à aimer et à nous sacrifier par
amour pour les autres.
Terminons notre
méditation par ces paroles de saint Pierre Julien Eymard sur l'Eucharistie. Il
dit : « L'Eucharistie est la preuve suprême de l'amour de Jésus. Après cela, il
n'y a plus que le ciel lui-même. » Et il va plus loin en ajoutant : «
L'Eucharistie est la vie du peuple. L'Eucharistie leur donne un centre de vie.
Tous peuvent se réunir sans barrières de race ou de langue pour célébrer les
fêtes de l'Église. Elle leur donne une loi de vie, celle de la charité, dont
elle est la source ; ainsi elle forge entre eux un lien commun, une parenté
chrétienne. »
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