Jésus le Nouveau Législateur, Jésus le Signe.
3 MARS 2024.
3ème Dimanche de Carême
— Année B.
Lectures : Ex20, 1-17 ; Ps 18b (19), 8, 9, 10, 11 ; 1 Co 1, 22-25 ; Jn 2,13-25.
Un proverbe Sicilien
dit : « Quand le chien de chasse aboie, c'est le signe que la proie est proche.
» Un proverbe Swahili ajoute : « Les nuages sont le signe de la pluie. »
Quelqu'un, un
jour, est venu vers moi avec cette question : « Père, combien coûte le mariage
dans vous paroisse ? Mon compagnon et moi aimerions que ce soit vous qui célébriez
notre mariage. » J'ai souri et répondu : « Combien coûte votre amour pour
votre partenaire ? Et c'est une triste réalité. Les sacrements et les services
liturgiques ne sont pas à vendre. Ils n’ont pas de prix. Mais la pratique et la
réalité font croire que nous les vendons. Pour un baptême, nous fixons les
tarifs. Pour confirmation, nous avons des frais. Pour les mariages, non
seulement la collecte des documents est coûteuse, mais il y a aussi des frais.
Les bénédictions et certains autres actes liturgiques sont également
accompagnés de dons… Alors les gens pensent qu'on les vend. Jésus, aujourd'hui,
vient nous donner un signe. Il purifie le Temple afin que nous purifiions nous
aussi nos pratiques dans l'Église.
« Quel signe
peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » (Jean 2, 18) Le Carême est un voyage à
la découverte de Jésus, qui, jour après jour, se révèle à nous de multiples
manières. Le premier dimanche de Carême, le Seigneur s'est montré comme le
véritable fidèle au Père qui, malgré toutes les tentations, n'a pas fui ni
perdu son obéissance et sa fidélité au Père. Le deuxième dimanche, avec l'épisode
de la Transfiguration, le Seigneur nous est révélé comme le Fils unique et
bien-aimé du Père. Nous avons été, par l'intermédiaire de Pierre, Jacques et
Jean, exhortés à l'écouter. Là aussi, dans la scène du Thabor, nous avons eu un
aperçu de la passion prochaine du Seigneur, un autre signe de la révélation de
Dieu pour nous.
Aujourd'hui, à
travers l'épisode de la purification du Temple et la discussion qui suit, un
autre grand signe nous est présenté, Jésus, comme moyen et protagoniste de la
vraie pureté. Il est venu chasser de l’homme tout ce qui nous éloigne de Dieu,
à commencer par les choses matérielles.
Il n'y a pas de
meilleur spectre pour voir la présence de Dieu parmi nous et ses mains à
l'œuvre en nous que l'obéissance à sa parole. La première lecture nous met au
défi de l'obéissance. En donnant les dix commandements à son peuple, le
Seigneur l’invite à devenir une nation ayant un objectif unique, fidèle à Dieu,
aimant et prenant soin de son prochain. Les Dix Commandements sont la lumière à
travers laquelle la vie quotidienne doit être évaluée. Ils soulignent notre
relation et notre responsabilité envers Dieu, envers nous-mêmes et envers notre
prochain.
Les Commandements
1 à 3 concernent nos responsabilités envers Dieu. Nous sommes invités à voir
que dans tous les aspects de notre vie, Dieu doit être premier. Dieu avant
tout, et Dieu au-dessus de tout. Et puis, une fois la primauté de Dieu affirmée
et que la priorité lui est donnée, nous pouvons nous tourner vers nous-mêmes.
Le 4ème
commandement, relation et responsabilités envers nos parents avec son
implication directe sur notre propre vie : « afin d’avoir longue vie... »
En honorant nos parents, la bénédiction nous tombe dessus, une vie longue et
paisible.
Vient ensuite la
troisième dimension des commandements divins, notre relation aux autres, 5-10.
Tout cela concerne la façon dont nous traitons les autres êtres humains. Ils
parlent du souci que nous devrions avoir pour notre prochain. En ce sens, les
Dix Commandements pourraient être vus et compris comme les lignes directrices
ou le Vade-mecum d’une relation saine avec Dieu, avec soi-même et avec les
autres. Le but de ces relations est la sainteté. Parce que Dieu veut que nous
soyons saints, il nous a donc donné ces dix règles. Ils ne visent pas seulement
à démontrer l’amour et le respect à Dieu et aux autres, mais à nous garder
saints et à nous conduire à la perfection. C'est aussi pour cette perfection
que Jésus est venu.
Dans la scène de
l'Évangile d'aujourd'hui, la purification du Temple, le Seigneur exprime son
souci pour la sainteté des hommes. Son zèle ardent pour la maison de Dieu, la
colère qui le consume est due au fait que les gens se sont détournés de la droiture
et ont transformé la maison de son Père en une place de marché, un repaire de
voleurs. Par un geste profondément significatif, il les appelle à accomplir les
trois premiers commandements de la loi mosaïque, à mettre Dieu au-dessus de
tout et à l'honorer sincèrement.
Souvent, nous
aussi transformons notre relation avec Dieu en des choses rituelles et
commerciales. De nombreuses personnes, à commencer par nous, pasteurs et
dirigeants d’Église, ont transformé nos églises et paroisses en marchés ou en
centres d’affaires. Le matériel est plus vénéré et recherché que Dieu. Dans
certaines paroisses, tout est possible à celui qui a de l’argent. Et la Parole
de Dieu est facilement remplacée par les paroles du monde : première quête,
deuxième quête, collecte de fonds, "Arancel" ou taxes (Tarifs)...
chaque chose à son prix. Malheureusement, les formations catéchétiques sont
souvent oubliées. Nous avons besoin d’une transformation et d’une purification profonde
dans nos communautés. Le Seigneur nous invite à être brûlants de zèle pour Dieu
et les choses spirituelles plutôt que pour les biens matériels. En renversant
l'argent des changeurs, en chassant les marchands du Temple et en renversant
les tables commerciales, il élève la sacralité de la Maison de Dieu. Ses
paroles sont même claires après son geste : « Enlevez cela d’ici. Cessez de
faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Pouvons-nous laisser
ces mots nous toucher ?
Ce temps de Carême vient nous rappeler la primauté de Dieu. De nombreux signes nous sont déjà donnés qui devraient nous amener à voir Jésus comme le Messie et à l’aimer par-dessus tout. Puissions-nous aussi être brûlants de zèle, comme Jésus, pour la Maison de Dieu. Et surtout, puissions-nous faire de nos églises, mais aussi de nos corps, une demeure digne du Seigneur.
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