La Pâque du Seigneur, ce que le Seigneur a Transmis.
1 AVRIL 2021
Jeudi Saint — B.
LECTUREs: Ex 12, 1-8.11-14; Ps 115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18; 1 Co 11, 23-26; Jn 13, 1-15.
Un proverbe Congolais
dit : « Un leader est celui qui dit à son peuple ce qu'il doit entendre, et non
pas ce qu'il veut entendre. » Et un proverbe Latin ajoute : « Le leadership est
par l'exemple. »
Nous ouvrons
aujourd'hui un moment très spécial, trois jours de grand impact sur notre vie
de foi. Nous devons nous occuper de notre vie, de notre véritable et unique affaire
avec Dieu. Des distractions et des tentations peuvent venir sur notre chemin,
nous devons nous concentrer sur le Seigneur qui offre aujourd'hui sa Pâque. Et
en plus, le but de la vie chrétienne est de trouver notre gloire dans la
Passion, la Mort et la Résurrection du Christ. Ce n'est pas seulement le
mystère central de notre foi mais aussi la raison de notre être. Ce soir, à
travers la célébration de la Cène du Seigneur, nous ouvrons le livre mystérieux
de l'amour de Dieu. En fait, ce livre a été ouvert depuis la célébration de
dimanche dernier, mais il atteint son épopée à partir de ce soir.
La messe
d'aujourd'hui est avant tout un mémorial. C'est le mémorial de l'institution de
la Sainte Eucharistie, c'est-à-dire du mémorial de la Pâque du Seigneur, par
lequel, sous les signes sacramentels du pain et du vin, il a perpétué parmi
nous le sacrifice de la Loi Nouvelle. C'est un commandement de toujours
renouveler la sainte célébration de l'Eucharistie comme sacrement de service et
d'amour. Car, c'est le sacrement qui ouvre à la Passion.
Saint Paul dans
son discours aux Galates d'où est tirée notre antienne d'ouverture le dit
clairement. En tant que chrétiens, « Que notre seule fierté soit la croix de
notre Seigneur Jésus Christ. En lui, nous avons le salut, la vie et la
résurrection ; par lui, nous sommes sauvés et délivrés. » Cf. Ga 6, 14. Nous
célébrons donc en cette nuit la raison de toute gloire, la « Pâque du Seigneur ».
Cela devient un appel pour notre propre Pâque. Car, nous sommes exhortés, à la
sortie de cette célébration, à marcher sur les traces du Seigneur, exprimé dans
cette phrase : « faites cela en mémoire de moi. »
Alors que la
première et la deuxième lecture présentent toutes deux des spécificités
différentes de la Sainte Eucharistie, comme pain pour la route, le sacrifice du
pèlerinage, et comme une institution divine à transmettre de génération en
génération et renouvellement continu du sacrifice du Christ, l'Évangile met
fortement l'accent sur la dimension du service comme acte d'amour. La Sainte
Eucharistie est un sacrifice sacramentel d'amour. La Cène du Seigneur est un
banquet de lui-même offert par amour pour ses disciples. Et c'est l'une des
plus grandes leçons que nous puissions tirer de cette nuit, ce que le Seigneur
a transmis à ses disciples : le leadership en tant que service.
Quelque chose qui
attire le plus mon attention le Jeudi Saint est l'acte d'humilité et de service
que Jésus a donné comme exemple à ses disciples, le lavement des pieds. Il dit :
« Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi,
vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je
vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »
Avant de nous inviter à perpétuer le pain institué comme sacrement de sa
présence continuelle, le Seigneur nous exhorte à perpétuer le service. Nous
sommes invités à servir. Et cela ne rompt pas avec l'Eucharistie qui, par
elle-même, est aussi par excellence, sacrement du service et de l'humilité, car
l'amour authentique conduit au service. Dans la Sainte Eucharistie, Jésus
s'humilie par amour pour nous nourrir et nous rendre assez forts afin de
nourrir les autres dans leurs besoins.
L'image du
lavement des pieds doit aujourd'hui attirer toute notre attention et nous
enseigner le leadership. Le chef, dans le vocabulaire de Jésus, n'est pas celui
qui doit être servi mais celui qui est prêt et désireux de servir. Le
leadership c’est par l’exemple : s'abaisser jusqu'aux pieds des autres, prendre
sur soi leur saleté et les nettoyer.
J'aime voir
l'image des prêtres et des évêques qui mimétiquement, ce soir, prennent dans
leurs mains les pieds de personnes sélectionnées et les lavent et certains les
embrassent même. Mais, pourrions-nous aller plus loin que les mimétiques.
Serions-nous toujours prêts à nous agenouiller, en tant que leaders devant nos brebis,
à prendre soin de leurs besoins et à les nettoyer ?
À moins que nous
n'atteignions la compréhension de l'autorité comme service et du leadership
comme grande responsabilité envers les autres, nos gestes de lavement des pieds
ne sont que des cinémas d'une nuit. Malheureusement, le vrai leadership est
solitaire aujourd'hui. De nombreuses personnes, des politiciens ainsi que des
dirigeants de communautés et d'églises, une fois en position d'autorité tombent
dans le piège de l'autoritarisme. Ils deviennent des leaders qui pensent que
tous doivent passer à travers eux, les autres doivent se plier à leur pouvoir
et les adorer. Jésus a enseigné à ses disciples à donner l'exemple, en servant.
C'est ce qu'il leur a transmis et leur a recommandé de perpétuer. Il ne les
institua pas pour dominer et soumettre par le pouvoir de la coercition mais par
le pouvoir de l'amour. La position d'autorité, une fois qu'elle conduit à
l'oppression et soumet perd son humanité. Le Pape parlerait du cléricalisme
sans cœur, des gens qui se vantent de leur position. N'oublions jamais que nous
sommes en position d'autorité à cause des autres et que sans eux, notre
autorité ou notre pouvoir ne sert à rien.
Comments
Post a Comment