Passion du Seigneur ou le "Consummatum est" de l’Amour.
2 AVRIL 2021
Vendredi Saint — B.
LECTUREs: Is 52, 13 – 53, 12; Ps 30 (31), 2ab.6, 12, 13-14ad, 15-16, 17.25; He 4, 14-16 ; 5, 7-9; Jn 18, 1 – 19, 42.
Un proverbe Français
dit : « C'est trop aimer que de mourir d'amour. » Et un proverbe Congolais
ajoute : « Les amoureux ne se cachent pas leur nudité. »
Pour notre
Seigneur Jésus, la vraie Pâque n'a pas lieu à table avec un agneau sacrificiel,
le pain et le vin mais à la Croix, dans la Passion. Sa Pâque que nous avons
célébrée hier soir se perpétue dans sa passion que nous vivons aujourd'hui.
En ce jour où Christ
« agneau pascal a été immolé » (1 Co 5, 7), ce qui avait été longtemps
promis en signes et de manières figuratives a été enfin révélé et toutes les
anciennes prophéties ont été réalisées. Dans le Seigneur Jésus mourant sur le Bois
de la Croix, le véritable agneau remplace l'agneau symbolique, et les
nombreuses offrandes de l'Ancien Israël cèdent la place au sacrifice unique qui
plaît vraiment à Dieu, le sacrifice de l'amour.
Le Catéchisme de
l'Église Catholique dit : « C’est "l’amour jusqu’à la fin" (Jn 13, 1)
qui confère sa valeur de rédemption et de réparation, d’expiation et de
satisfaction au sacrifice du Christ. Il nous a tous connus et aimés dans
l’offrande de sa vie (cf. Ga 2, 20 ; Ep 5, 2. 25). "L’amour du Christ nous
presse, à la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts"
(2 Co 5, 14). Aucun homme, fût-il le plus saint, n’était en mesure de prendre
sur lui les péchés de tous les hommes et de s’offrir en sacrifice pour tous.
L’existence dans le Christ de la Personne divine du Fils, qui dépasse et, en
même temps, embrasse toutes les personnes humaines, et qui le constitue Tête de
toute l’humanité, rend possible son sacrifice rédempteur pour tous. » CEC.
616.
La liturgie
d'aujourd'hui a quelque chose d'unique : pas d'antienne ou de chant d'entrée,
pas de fleurs, pas de revêtement sur l'autel. C'est la célébration la plus
silencieuse de l'année liturgique, et pour mieux dire, la plus douloureuse.
Nous pleurons non pas tant la mort du Seigneur mais nos péchés, la cause de
cette mort. Nous avons fait un procès au Fils de Dieu pour ce que nous avons
nous-mêmes volontairement commis. Dieu est amené à payer le prix des échecs
humains.
En méditant sur
la parole de Dieu qui nous a été donnée aujourd'hui, et en les replaçant dans
notre contexte, nous nous rendons compte que ce qui s'est passé il y a deux
mille ans se reproduit encore aujourd'hui. Les innocents sont obligés de payer
pour les fautes des autres. Et la Passion du Christ continue.
Jésus souffre
aujourd'hui dans l'enfant qui est victime de prédateurs sexuels et d'abuseurs.
Jésus souffre en ceux que nos systèmes réduisent à la pauvreté et à la misère
perpétuelles. Jésus souffre dans ces innocents accusés alors que de véritables
honteux coupables se déplacent librement. Jésus souffre de l'injustice, des
rejets, de l'indifférence, du manque d'amour et des tant de fléaux de notre
monde. Jésus souffre silencieusement de tout ce qui se passe dans le monde
d'aujourd'hui, et en tant que cavalier solitaire, il subit ses passions
continues. Tout cela, pour une unique raison, son amour, l’amour passionné de
Dieu pour l’humanité.
Ce que nous
célébrons aujourd'hui, c'est le plus grand amour de Dieu. Puisse-t-elle nous
ouvrir à être nous-mêmes passionnés pour Dieu et pour nos prochains. Avec
Jésus, prenons notre part des croix quotidiennes de nos frères et sœurs, et
répandons l'amour partout où le monde sert la haine et l'égoïsme, l'injustice
et le narcissisme, l'indifférence et la cupidité. Car le seul remède à nos
souffrances d’aujourd’hui n’est rien d’autre qu’un amour authentique qui peut
faire passer les intérêts des autres avant nos propres intérêts égoïstes.
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