Étroitement Unis au Christ.

16 MAI 2021
 7ème Dimanche de Pâques — Année B.

LECTUREs: Ac 1, 15-17.20a.20c-26; Ps 102 (103), 1-2, 11-12, 19-20ab; 1 Jn 4, 11-16; Jn 17, 11b-19.

Un proverbe Albanais dit : « Dans une famille unie, le bonheur naît de lui-même. » Et un proverbe Latin ajoute : « Toute grande chose ne se compose que de nombreuses petites particules unies. »

La vie chrétienne est une vie en Christ. Et celui qui vit dans le Seigneur ne vit pas pour lui seul, ni pour lui-même, mais aussi pour les autres. Le Christ en ce sens devient la source de toute unité ; unité avec lui, unité avec soi et unité avec les autres, et la raison de notre être.

L'unité, en effet, n'est pas seulement une vocation pour nous chrétiens, c'est l'essence même de notre être et l'un des points du testament de Jésus avant sa mort. Dans ce qu'il est convenu d’appeler la prière sacerdotale du Seigneur, dans l'Évangile de Jean, l'unité tient une place très importante. Ainsi, le Catéchisme de l'Église Catholique peut souligner : « Les croyants qui répondent à la Parole de Dieu et deviennent membres du Corps du Christ, deviennent étroitement unis au Christ : "Dans ce corps la vie du Christ se répand à travers les croyants que les sacrements, d’une manière mystérieuse et réelle, unissent au Christ souffrant et glorifié" (LG 7). Ceci est particulièrement vrai du Baptême par lequel nous sommes unis à la mort et à la Résurrection du Christ (cf. Rm 6, 4-5 ; 1 Co 12, 13), et de l’Eucharistie, par laquelle, "participant réellement au corps du Christ", "nous sommes élevés à la communion avec Lui et entre nous" (LG 7). » CEC. 790.

La liturgie d'aujourd'hui, dimanche après l'Ascension du Seigneur et une semaine avant la Pentecôte, met l'accent sur cet appel à l'unité et donne son essence même qui se fonde sur l'amour. En première lecture, à travers l'élection de Matthias comme celui qui prendra la place de Judas dans le collège apostolique, nous flairons déjà cette unité entre les croyants et les disciples du Seigneur. Les conditions posées par Pierre pour le choix du successeur de Judas sont très intéressantes : « il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean, jusqu’au jour où il fut enlevé d’auprès de nous. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection. » Il ne suffit pas d'avoir été disciple ou d'avoir été baptisé. Celui qui doit être membre du groupe apostolique doit avoir partagé la vie du Seigneur et le connaître véritablement, être uni à lui dès le début : un véritable témoin de l’amour de Dieu et de sa vie avec les hommes.

La deuxième lecture nous enseigne la racine de cette unité parfaite, l'amour. L'amour est ce qui rend les croyants unis. L'amour est le plus grand des attributs divins. Et saint Jean dit : « puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. » Car c'est l'amour qui nous fait connaître Dieu. Nous ne pouvons pas atteindre la perfection et la maturité chrétienne ou humaine sans l’amour. Dieu est amour. Et ce n'est que par l’amour que nous pouvons dire que nous le connaissons et que nous demeurons en lui et lui en nous. Jean ajoute : « Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection. » Ce n'est que dans l'amour que la perfection est atteinte.

L'unité ne peut être réalisée sans amour, et même les événements quotidiens le prouvent. Là où il n'y a pas d'amour sincère, les gens vivent une vie individualiste, enfermés dans l'égoïsme, le nombrilisme, l'indifférence, le narcissisme ... Seul l'amour peut conduire à briser ces prisons et barrières et nous libérer afin d’aller vers les autres et voir en eux nos frères et sœurs dignes d'être aimées et de vivre.

Jésus, avant d'être enlevé à ses disciples, en fit une prière fervente à son Père. Il a plaidé pour l'unité de ses disciples, et il a vu son unité avec le Père comme ce qui doit être le modèle de toute unité parfaite. Alors, il a prié en disant : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. »

La prière sacerdotale du Seigneur va au-delà du concept d'unité. En tant que testament parfait, après avoir demandé au Père d'unifier ses disciples, il prie également le Père de leur donner la joie, de les protéger et de les sanctifier. En écoutant cette prière, nous pouvons voir ce dont nous avons le plus besoin aujourd'hui : la perfection de la joie, la protection et la sainteté de la vie. C'est ce à quoi un chrétien est appelé. La joie de la vie chrétienne découle de notre unité avec Dieu et les uns avec les autres. Du fait que nous connaissons le Seigneur et que nous nous savons protégés par lui, notre joie conduit à notre sanctification. La sainteté chrétienne est un voyage dans la joie et l’unité avec le Christ.

Alors que nous nous préparons à accueillir le Saint-Esprit à sa venue, nous sommes exhortés à valoriser dans notre existence quotidienne l'unité, l'amour, la joie et la sainteté. Ces vertus sont interconnectées et interactives. L'unité comme nous le disions, se nourrit d'amour. L'amour ouvre à la joie parfaite. Et seule la joie sincère peut nous conduire à la sainteté, notre vocation finale. Par conséquent, les chrétiens qui ne sont pas unis les uns aux autres, ni qui n'aiment jamais les autres et sont toujours tristes ne peuvent jamais devenir saints. Nous sommes intimement unis au Christ pour devenir parfait comme il est parfait. Et de là, nous puisons notre force.

Et terminons notre méditation avec cette belle citation de Mandela : « Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, ils peuvent apprendre à aimer car l’amour jaillit plus naturellement du cœur humain que son opposé. » Amour et unité sont notre vocation.