Le Ciel, Notre Plus Grande Espérance.

13 MAI 2021
 Ascension — Solennité

LECTUREs: Ac 1, 1-11; Ps 46 (47), 2-3, 6-7,8-9; Ep 4, 1-13; Mc 16, 15-20.

Un proverbe Espagnol dit : « Il vaut mieux voyager avec espoir que d'arriver désespéré. » Et un proverbe Afghan ajoute : « Vos aspirations sont au paradis, mais votre cerveau est entre vos pieds. »

La vie au paradis est la raison pour laquelle nous vivons sur terre. Notre vie ici sur cette terre est orientée vers le ciel. Nous sommes comme des pèlerins dans le monde actuel en voyage vers notre maison. La solennité de l'Ascension du Seigneur vient nous rappeler cette vérité. Jésus qui est mort pour nos péchés monte aujourd'hui dans la gloire de son Père. Une brèche est donc ouverte pour nous dans notre voyage vers le ciel. Jésus devient une échelle plantée sur terre et menant au ciel.

Outre l'aspect de pointer sur notre première vocation qu'est le ciel, l'Ascension soulève un deuxième appel pour tous les chrétiens. Plus qu'un simple appel, c'est une mission, une recommandation finale et on peut dire un testament. Jésus, montant au ciel, a ouvert son testament, sa dernière volonté à ses disciples : c'est-à-dire lui faire de nouveaux disciples.

Les lectures d'aujourd'hui mettent un accent particulier sur cette mission. La première lecture et l'Évangile se rencontrent sur un point. Les apôtres sont invités à prêcher l'évangile à toute la création. Dans l'extrait des Actes, aux Apôtres demandant si le moment était venu de restaurer le Royaume qu'il a annoncé depuis longtemps, Jésus a répondu : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Le plus important pour eux n'est pas de savoir quand le royaume viendra mais plutôt d'aller se faire des instruments de ce royaume, de prêcher la Bonne Nouvelle à toutes les nations. Après cette recommandation, nous lisons que Jésus a été élevé du milieu d'eux au ciel.

Quelque chose de très pertinent à l'Ascension est que nous nous trouvons, plus que souvent, comme les disciples regardant vers le ciel, regardant avec admiration et attente vers la gloire de Dieu à venir et aux miracles. Certes, les miracles viennent tous du ciel, mais ils n'arrivent que pour ceux qui agissent sur terre, pas pour les oisifs qui croisent les mains et attendent. Ainsi, les remarques des anges aux disciples : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » Par conséquent, allez et faites ce qu'il vous a dit.

Les paroles de Jésus sont rendues plus claires dans l'Évangile quand il dit aux disciples en quoi consiste leur mission : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. » La commission des Apôtres n'est pas une prérogative fermée et exclusive uniquement pour les Douze. Cette mission est aussi bien ouverte à vous et à moi, et plus encore aujourd'hui. Nous vivons dans des sociétés et dans un monde qui a un plus grand besoin de l'Évangile du Christ. Brisé et défiguré par tant de crimes, de guerres et de crises, notre monde a besoin de restauration, de justice, de réconciliation et de paix. Où trouverons-nous tout cela sinon du Christ Ressuscité et de sa Bonne Nouvelle ?

Après sa Résurrection, chaque fois qu'il apparaissait à ses disciples, le Seigneur leur souhaitait d'abord la paix. « La paix soit avec vous », disait-il. Il savait que c'était ce dont ils avaient le plus besoin ; paix du cœur, paix entre eux, et plus particulièrement paix dans leurs relations avec les dirigeants juifs. Il ne s'agissait pas de courir pour se venger ou de craindre de les approcher, mais d'être en paix les uns avec les autres.

Ce dont notre monde a le plus besoin aujourd'hui, c'est de la réconciliation et de la paix. Nombreux sont les cœurs brisés qui cherchent à se venger et à se réparer. Mais en vérité, seules la réconciliation et la paix peuvent nous restaurer. L'Évangile du Christ pour lequel il a mandaté ses disciples est tout au sujet de l'amour, de la justice, de la réconciliation, de la compassion et de la paix. Voici notre mission de chrétiens dans nos communautés et dans le monde ; prêcher l'amour, la justice, la réconciliation, la paix et faire preuve de compassion envers les nécessiteux.

En tant qu'individus, en tant que communautés, et aussi le monde entier, ne connaîtront pas l'unité et la vraie maturité ou l'harmonie sans cette culture d'amour, de justice, de réconciliation et de paix. Ainsi, cette autre recommandation de saint Paul en seconde lecture, « ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix… » Notre vocation, dit saint Paul, est l'unité. Et seule la paix peut aider à atteindre cette unité.

Le ciel, où Jésus monte aujourd'hui, est fait de paix et d'unité. Si notre désir est d'être là-bas un jour avec lui, nous devrions commencer à faire de notre terre l'avant-goût du ciel, c'est-à-dire planter les graines de la paix sur la terre et espérer récolter un jour des fruits de paix dans le ciel.

Terminons en disant que la véritable Ascension a eu lieu lorsque Jésus fut élevé en Croix. Il représentait cette échelle entre Terre et Ciel. De par ses souffrances et sa mort, il nous a obtenu le salut. Il nous revient donc de voir dans nos croix quotidiennes, un véritable moyen d’ascension puisqu’ils nous rendent plus proches de Dieu et accentuent notre dépendance de lui pour notre salut. Dans la vie, il n’y a pas d’élévation véritable sans tribulations. Mais les croix, une fois acceptées et affrontées avec foi et espérance ouvrent à la gloire.