L’Universalité du Salut et de l'Amour.

9 MAI 2021
6ème Dimanche de Pâques — Année B.

LECTUREs: Ac 10, 25-26.34-35.44-48; Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4; 1 Jn 4, 7-10; Jn 15, 9-17.

Un proverbe Nigérian dit : « C'est l'amour-propre du perroquet du roi qui l'a rendu bavard. » Et un proverbe Namibien ajoute : « L’amour est un despote qui n’épargne personne. »

Le Seigneur est mort et il est ressuscité en rançon au péché humain. Le Salut qu'il a apporté n'est pas réservé à un groupe ou à des croyants en particulier, ni régionaliste ou ethnocentrique. Il est ouvert à tous, juifs et païens, croyants et non-croyants. Personne n'est exclu de l'œuvre rédemptrice du Christ.

Nombreux sont ceux qui pensent que seuls ceux qui viennent à l'église tous les dimanches, ceux qui sont baptisés, confirmés, mariés ou ordonnés, et qui reçoivent chaque jour la Sainte Communion seront sauvés. Si c'était vrai, qu'en est-il de tous ceux qui n'ont jamais entendu parler de Jésus ?

Le monde, selon les enquêtes, compte 7,8 milliards d'habitants. Dans ces 7,8, seuls 2,382 milliards sont chrétiens. Et sur ces 2,382 milliards, seuls environ 1,329 milliard sont catholiques. Alors, si le salut est seulement pour les chrétiens ou peut-être seulement pour les catholiques, qu'en est-il des 5 milliards ? Dieu les enverra-t-il tous périr en enfer ?

A cette question, le grand théologien Karl Rahner a une réponse. Il parle de "Chrétiens anonymes". Cette théorie déclare que les gens qui n'ont jamais entendu l'Évangile chrétien pourraient être sauvés par le Christ. Les non-chrétiens auraient pu « dans [leur] orientation de base et leur décision fondamentale », écrit Rahner, « accepter la grâce salvifique de Dieu, à travers le Christ, même si [ils] n'ont peut-être jamais entendu parler de la révélation chrétienne. » Le salut du Christ n'est pas limité ou confiné uniquement dans les quatre murs d'une Église, ni dans une dénomination spécifique. Le salut est une question de principe de vie : c'est l'amour.

Dans la liturgie d'aujourd'hui, nous apprenons que Dieu se révèle à ses amis comme amour. Cette révélation, cependant, n'est pas exclusiviste mais universelle. L’amitié de Dieu est universelle, ouverte à tous. Dieu n'a pas de favoris. Tous sont favorisés et aimés par lui. En première lecture, à travers sa visite à la maison de Corneille et l'œuvre de l'Esprit de Dieu, Pierre peut affirmer que les païens ont reçu le Saint-Esprit autant que nous. Le Seigneur Ressuscité, par l’œuvre de son Esprit, devança Pierre et ses compagnons pour faire de nouveaux croyants parmi les païens. Et donc, même avant d'être baptisés, ceux-ci ont reçu le don du Saint-Esprit.

En tant que chrétiens, nous ne devons pas tant nous vanter de notre appartenance au Christ et donc de notre salut. Car le salut est un don gratuit de Dieu. Il ouvre qui il veut à cette grâce sans regarder son origine, sa langue, sa couleur, sa région ou sa religion. Dieu veut sauver toutes ses créatures sans aucune exclusion.

La seule chose qui pourrait faciliter notre accès au salut, dit saint Jean en deuxième lecture, c'est l'amour. Puisque l'amour vient de Dieu, seul l'amour peut nous sauver. Et Don Orione pourrait dire : « La charité et seule la charité sauvera le monde ». Le Saint Homme de Tortona, tel un prophète voyant en avance sur son temps, a écrit ces lignes qui s'appliquent parfaitement à notre époque : « Nous vivons dans un siècle plein de froideur et de mort dans la vie de l'esprit. Tout est fermé sur le soi, seuls le plaisir, la vanité, les passions et la vie de ce monde sont à voir, et rien d'autre. Qui donnera vie à cette génération morte à la vie de Dieu, sinon le souffle de charité de Jésus-Christ ? La face de la terre sera renouvelée avec la chaleur du printemps, mais le monde moral n'aura une nouvelle vie qu'avec la chaleur de l'amour. » (Cf. Don Orione, une lettre du 2-Mai-1920, Lettres, Livre I, 180-184).

Car, l'amour ouvre notre horizon à l'horizon de Dieu et nous dispose à voir en nos frères et sœurs un autre moi à aimer comme nous nous aimons nous-mêmes. C'est par amour que nous pouvons connaître Dieu. Et la connaissance de Dieu signifie le salut. Ainsi, saint Jean ajoute : « Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. »

Ce que nous célébrons à Pâques, le grand mystère de notre foi et de notre salut n’est rien d’autre que l’effusion du plus grand amour de Dieu. C'est par amour qu'il a envoyé son Fils dans le monde et l'a sacrifié en rançon pour le péché humain.

Jésus, dans l'Évangile de Jean, dit à ses disciples qu'ils ne sont plus des esclaves ou des serviteurs, mais ses amis. Et cela à une condition, en obéissant à ses commandements. Ce que le Seigneur, avant sa passion, a commandé à ses disciples, c'est de s'aimer les uns les autres comme il les a aimés.

L'amour sincère n'a pas de couleur et n'est pas exclusionniste. L'amour ouvre notre monde aux autres et fait de nous des frères les uns des autres. Là où il y a de l'amour, il n'y a pas de discrimination, de racisme, de ségrégation ou de division.

Notre monde est ce qu'il est aujourd'hui, pour une simple raison : il n'y a pas d'amour sincère sur terre. Notre amour, s'il en est, est égocentrique et tourné vers le soi. Nous aimons les autres pour ce qu'ils sont pour nous. En ce sens, nous choisissons qui nous voulons aimer et haïssons les autres et leur faisons toutes sortes de mal.

A Pâques, le Seigneur nous dit que l'amour véritable, comme son salut, est universel et ouvert à tous. Par conséquent, soit nous aimons tous et chacun comme nous sommes aimés par lui, soit nous n'aimons personne d'autre que nous-mêmes et mourons ainsi dans notre indifférence et notre égoïsme.